Les compositions florales le long des grands axes de la capitale et une forte présence policière à chaque carrefour ne laissent que peu de place au doute : le XXème Congrès du Parti, grand-messe de la politique chinoise, a enfin débuté le 16 octobre à Pékin.
Continuité du leadership de Xi Jinping
Même si cet événement a lieu tous les cinq ans, cette XXème édition s’annonce unique sous plusieurs aspects. Ce Congrès sera à la fois celui de la rupture (des règles de succession) et de la continuité (du leadership de Xi Jinping et de ses politiques), et oscillera entre le prévisible (le statut de Xi en sortira renforcé) et l’imprévisible (la composition du nouveau leadership, qui sera dévoilée le lendemain de la clôture de l’évènement, le 22 octobre). Signe que le dirigeant a la situation bien en main, rien n’a filtré sur ces nominations et aucun leader ne s’est aventuré à un « chant du cygne » pour exprimer son éventuelle désapprobation.
Seul un quidam a osé accrocher, 48h avant l’ouverture du Congrès, des calicots rouges sur le pont Sitong (Haidian) à Pékin, réclamant notamment la destitution de Xi Jinping. « Pas de tests Covid, mais de la nourriture. Pas de Révolution culturelle, mais des réformes. Pas de confinement, mais de la liberté. Pas de dirigeants, mais le droit de vote. Pas de mensonge, mais de la dignité. Je ne veux pas être un esclave, mais un citoyen », pouvait-on lire sur l’une des banderoles, rapidement décrochées par les forces de l’ordre….
Ce geste de défiance isolé n’a naturellement pas suffi à venir troubler l’un des moments forts du Congrès du Parti, à savoir le discours d’ouverture de son Secrétaire général. C’est à cette occasion que le leader dévoile les grandes lignes de son programme politique pour les cinq prochaines années et « au-delà ».
Hong Kong passée "du chaos à la gouvernance"
Durant son intervention abrégée à 1h40 (deux fois moins longue qu’il y a cinq ans), Xi Jinping s’est livré à un autosatisfecit en passant en revue la lutte contre la corruption, l’éradication de la grande pauvreté ou encore la reprise en main de Hong Kong, passé « du chaos à la gouvernance »…
Le leader a également fermement défendu sa politique « zéro Covid » devant un parterre de 2 300 délégués rassemblés dans l’immense Palais du Peuple et tous masqués, à l’exception du premier rang réservé aux hauts dignitaires du Parti. « Nous avons protégé les vies et la santé du peuple chinois et avons atteint des résultats significatifs en matière de prévention épidémique », a jugé Xi Jinping. Ce n’est pas exactement une surprise : les jours précédents, la presse officielle avait affirmé à plusieurs reprises que la stratégie « zéro Covid » était la seule option possible pour le pays d’1,4 milliard d’habitants.
Au plan idéologique, aucun des concepts mis en avant par Xi Jinping durant ses deux quinquennats n’ont manqué à l’appel : les « nouvelles routes la soie » (BRI), la « sécurité nationale », la « civilisation écologique », la « communauté de destin partagée pour l’humanité », le principe « d’auto-suffisance », la « circulation duale », la « prospérité commune » … Tous ont eu droit de cité, énième signe s’il en fallait, que le « nouveau timonier » est fermement aux commandes du Parti.
Horizon 2049, réunification avec Taiwan
Alors que Xi Jinping a réitéré son objectif de faire de la Chine une grande nation « socialiste moderne » à horizon 2049, date du centenaire de la République Populaire de Chine, le leader a réaffirmé son désir de réunification avec Taïwan, si besoin par la force. « Nous œuvrerons avec la plus grande sincérité pour une réunification pacifique avec Taïwan, mais nous ne renoncerons jamais à avoir recours à la force », a-t-il déclaré. Mettant en garde contre « toute ingérence étrangère » (lire entre les lignes, « américaine »), le leader a précisé que « la résolution de la question de Taïwan est l’affaire seule du peuple chinois ». « La réunification de la patrie doit être et sera réalisée », a-t-il martelé sous une salve d’applaudissements savamment orchestrée. On est donc bien loin de la branche d’olivier tendue aux « compatriotes taïwanais » cinq ans plus tôt…
Enfin, s’adressant aux investisseurs étrangers, le leader s’est contenté de leur promettre « un haut niveau d’ouverture de la Chine sur le reste du monde ». Mais pour convaincre, il faudra joindre les actes à la parole.