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Sammo Hung: "Un jour, je partirai d'ici"

Sammo Hung parrain kungfu Hong KongSammo Hung parrain kungfu Hong Kong
Sammo Hung en 1987 dans Eastern Condors
Écrit par Arnaud Lanuque
Publié le 25 février 2020

Il a combattu Bruce Lee, il a fait jeu égal avec Chuck Norris. Celui qu’on surnomme dans l’industrie le "gros grand frère" Sammo Hung, est une légende vivante du cinéma d’action de Hong Kong. Il revient avec nous sur sa carrière.

Vous citez parfois Charles Chaplin comme influence?

Oui sur le versant action. Ses cascades avaient un incroyable degré de difficulté! Encore aujourd’hui, un cascadeur moyen ne pourrait pas répéter ça.  C’est également le cas de Buster Keaton. Ces deux acteurs étaient incroyables! On ne peut pas refaire ce qu’ils ont fait mais j’ai beaucoup appris en regardant leurs films.

 

Dans vos films la relation maître/élève balance entre respect et méfiance, le maître se révélant souvent hypocrite. Est-ce basé sur votre expérience à la China Drama Academy?

En partie, oui. Quand j’étais à l’école, nous étions constamment battus. Nous n’étions que des enfants à l’époque, nous ne pensions même pas qu’il était possible de répliquer. Tout ce qu’on pouvait faire, c’était se dire: "un jour, je partirai d’ici et quand je reviendrai, ce sera mon tour de te battre!". J’ai injecté un peu de cet esprit dans mes films de kungfu.

 

 

Vos films sont plus noirs et violents que ceux d’autres réalisateurs de kungfu, pourquoi?

Je crois que les gens aiment l’excitation que leur procure la vision de scènes d’action violentes. Et puis, il y a un certain degré de violence dans notre société. En réalité, je n’aime pas particulièrement la violence. Dans certains de mes films, j’ai justement voulu montrer que c’était malsain dans la réalité. 

On a critiqué la manière dont vous traitez les femmes dans vos films. Vous êtes pourtant initiateur de la vague du Girls with Guns avec Yes Madam!, pourquoi?

Franchement, je ne les ai jamais comprises. Je n’ai jamais traité les femmes comme des pots de fleur dans mes films.  Après, il y a un certain contexte général à respecter. Par exemple, si vous faites un film situé dans le temple de Shaolin, ça ne fait pas sens d’avoir des personnages féminins. Au contraire, si je fais un film qui se déroule dans une maison de passe, ça n’aurait aucun sens d’y mettre des moines. Yes Madam! était un film centrée sur ses héroïnes, c’était donc cohérent de les mettre en avant.  

 

 

A partir de quand avez-vous pensé avoir défini votre style en matière d’action?

Beaucoup de ce que je fais vient de ma formation à l’opéra de Pékin, modifié pour le cinéma. Faire de l’action, c’est simple. Vous utilisez vos poings ou vos pieds. La clé, c’est de trouver le bon angle de caméra pour générer la sensation voulue chez le public. Quand j’ai commencé ma carrière il y a 50 ans, les gens disaient toujours: "les films américains sont les meilleurs parce que ce sont les plus avancés technologiquement". Mais le facteur technologique n’est pas le plus important. Ce qui compte c’est comment vous faites naître les sentiments désirés dans le cœur du public. Bien sûr que nos équipements étaient moins bons que ceux d’Hollywood. Mais notre mise en scène permettait d’atteindre des résultats similaires.

 

 

Durant les années 80/90, vous adoptiez systématiquement la même structure dramatique. Comment cela?

Les films étaient divisés en 9 bobines de 10 minutes. Nous calculions les scènes, bobine par bobine: combien de temps dévolu à la comédie, combien de temps pour l’action? A partir du moment où nous avions la bonne répartition dans chaque bobine, nous nous mettions à tourner. Si nous avions papoté pendant 30 minutes, le public serait sorti de la salle! Et s’il y avait eu 30 minutes d’action, le public se serait lassé. C’est comme ça que nous travaillions le rythme de mes films.

 

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