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Marion Demeneix: "Je fais monter les gens sur scène à Hong Kong"

marion domeneixmarion domeneix
Écrit par Chloé Salmon
Publié le 20 mars 2023, mis à jour le 21 mars 2023

Dans le cadre du mois de la francophonie, la compagnie Chorus joue ce mercredi une pièce intitulée Intra-muros dont Marion Demeneix est la metteuse en scène. Nous l'avons rencontrée.

La journée j’enseigne à des élèves et le soir j’anime des ateliers de théâtre

Pouvez-vous nous parler de votre parcours, qui êtes-vous ?

Depuis 2008, je suis enseignante de primaire dans la section Internationale du lycée Français de Hong Kong. C’est dans cette section que j’ai crée une option théâtre, qui a eu beaucoup de succès auprès des enfants. Parallèlement, mon mari était en train de créer sa propre compagnie, Chorus. Je lui ai donc émit l’idée d’animer le même type d’ateliers que je proposais déjà aux élèves de ma section, mais pour les adolescents et enfants de Chorus cette fois. Quelques années plus tard, j’ai également commencé à animer les ateliers théâtre pour adultes. Ces ateliers, ils se divisent en deux catégories. En effet, je propose des cours, qui sont destinés à des élèves, mais également des projets, tels que Intra-muros, qui sont eux destinés à des troupes composées d’anciens élèves. Donc pour résumer, la journée, j’enseigne à des élèves, et le soir, j’anime des ateliers de théâtre.

Notre idée c’est de faire monter les gens sur scène

Pouvez-vous nous présenter la compagnie Chorus ?

Récemment, Chorus, la compagnie créée par mon mari, a fêté ses dix ans. Il a tout plaqué pour se lancer dans la direction d’une plateforme, à l’origine, basée sur l’enseignement de la musique et encourager les jeunes, et moins jeunes, à se réunir pour former des « bands ». Par la suite seulement, on a commencé à proposer des cours de théâtre, danse, escrime, avant de se développer pour offrir d’autres cours, tels que l’enseignement des mathématiques, physique, français et la philosophie.

L’idée principale de Chorus, c’est de mettre les gens sur scène. Les élèves qui prennent part aux cours de musique sont par exemple encouragés, à la hauteur d’une fois par mois, à monter sur scène, que ce soit à l’Aftermath ou ailleurs. Pour les élèves en théâtre, c’est un peu plus compliqué, ils montent sur scène devant un public environ une ou deux fois par an.

Le thème de la pièce Intra-muros n'est pas très courant mais pourtant on rigole

Parlez-nous de la pièce Intra-Muros

Intra-muros, c’est une pièce, de 5 comédiens amateurs, avec 16 personnages, d’Alexis Michalik, un dramaturge qui est connu pour sa « déstructuration » du théâtre, en jouant beaucoup avec l’utilisation de flash-backs, notamment, ce qui est une entreprise très facile dans le monde du cinéma, mais qui l’est beaucoup moins en ce qui concerne le théâtre. Il offre une écriture très rythmée, avec des fondus, des changements de costumes et d’environnement à vue. Je n’ai jamais fait d’études de théâtre, mais en réalisant Intra-muros, je crois que je me suis donnée moi-même mon diplôme !

Quant à l’histoire en elle-même, elle se passe dans un milieu carcéral, d’où « Intra-muros » : « entre les murs ». Ce n’est certes pas un thème très courant, mais pourtant, on rigole.

 

intra muros affiche

J'ai eu un coup de foudre pour cette pièce

Pourquoi avoir choisi de monter cette pièce ?

C’est l’écriture d’Alexis Michalik, la manière dont il narre, le rythme, l’intrigue, qui m’ont encouragée dans ce projet. Tous les éléments sont réunis pour une bonne pièce de théâtre. Pour moi, c’est une pièce intelligente.

Il faut savoir que je ne fais jamais une pièce pour le public. Je sais que j’ai plus de chances de réussir dans les choses que j’aime, et avec Intra-muros, ça a été un coup de foudre.

Quel message avez-vous essayé de faire passer à travers votre mise en scène ?

Ma première mission avec la mise en scène, ça a été de faire en sorte que l’histoire soit compréhensible pour le public. Le message qu’il y a derrière cette mise en scène, pour moi, c’est que le théâtre peut changer la vie. L’art peut changer la vie, même quand elle est la plus terrible.

J'aime donner au public à réfléchir

Est-ce que vous avez des inspirations ou influences précises ?

Par exemple, j’ai demandé à un de mes comédiens de regarder le film « Le Prophète », qui est un film très dur, très touchant, sur le milieu carcéral. En tant que professeur de théâtre, je suis passionnée par Mikhaïl Tchekhov, qui était un grand acteur et metteur en scène Russe, qui a théorisé sa manière de jouer. 

Je me suis également inspirée de la technique d’Emmanuelle Chaullet, le « Voice dialogue acting », qui se concentre sur guider les acteurs en s’appuyant sur l’énergie, et les voix de notre personnalité.

J’aime également énormément les contes pour enfants, et monter mon théâtre en travaillant avec des tableaux. Ce que j’aime, ce sont les pièces sur des sujets difficiles, qui font réfléchir les gens.

Hong Kong est un endroit formidable pour entreprendre

Quel est votre rapport à Hong Kong ?

J’ai quitté la France il y a trente ans, lorsque j’avais vingt-cinq ans, pour vivre ma première expatriation, ici à Hong Kong. J’habitais dans un tout petit appartement, un salaire assez maigre en poche à la fin du mois. Je n’avais jamais voyagé, jamais pris l’avion auparavant. C’était terrifiant, j’étais seule, mais j’ai adoré. 

Mon mari m’a rejoint, et nous avons quitté Hong Kong, avant de revenir 10 ans plus tard. Pendant cet interlude, nous avons beaucoup voyagé, et cela m’a permis de me rendre compte que l’Europe est très dure en matière de condition des femmes. Nous sommes alors rentrés à Hong Kong, et heureusement, parce qu’aujourd’hui, je suis très contente d’être ici.

Hong Kong est un endroit formidable, si on a l’envie, l’énergie, et qu’on le souhaite, Hong Kong nous laisse tout faire, ce qui n’est pas forcément le cas pour la France. Hong Kong nous gâte.

J’ai trois autres pièces en préparation

Quels sont vos projets à venir ?

J’ai actuellement trois autres pièces en préparation.

Les deux premières seront terminées d’ici fin mai : « Cri d’amour », écrite par Josiane Balasko, et le spectacle de fin d’année d’un des groupes d’élèves, « Chambre 206 ».

En juin, « Cri d’amour » sera re-joué, en parallèle à des spectacles des ateliers de primaire du lycée Français.

J’ai d’autres petites idées pour l’année prochaine, mais cela reste à voir !

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