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Lola : "Ma vie de costumière est un rêve!"

Lola clavel costumière couturièreLola clavel costumière couturière
Photo@Lola Clavel
Écrit par Karine Yoakim Pasquier
Publié le 1 février 2022, mis à jour le 2 février 2022

Du Sud-Ouest à Paris, en passant par Sydney et Hong Kong, Lola Clavel emmène avec elle son savoir-faire traditionnel de couturière et costumière. Lepetitjournal.com est allé à la rencontre de cette jeune femme au talent exceptionnel et à la créativité débridée.

Au cœur du quartier de San Po Kong, Lola s’affaire dans son studio. Sur une grande table se superposent machine à coudre, tissus de toutes les couleurs et modèles miniatures.

Originaire du Sud-Ouest, Lola est couturière et costumière. Après un riche début de carrière en France, un passage en Angleterre puis une expérience à Sydney, c’est à Hong Kong qu’elle dépose ses valises et ses aiguilles !

Portrait d’une artiste passionnée au parcours créatif et atypique.

« Je suis fascinée par la mode depuis toute petite. »

Lola se prend de passion pour la couture dans sa prime jeunesse. « Depuis toute petite, je suis fascinée par la mode. Pour mes dix ans, j’ai reçu un mannequin et une machine à coudre et des livres sur le sujet. » La fillette s’essaie alors à la création de vêtements et c’est le début d’une vocation qui ne la quittera plus.

 

Lola Clavel
Dreamingless Matador, l’une des nombreuses créations de Lola Clavel — Photo@Lola Clavel

 

Quelques années plus tard, lorsqu’elle commence le lycée, elle s’inscrit en section arts appliqués : « Ça m’a énormément plu. On y étudiait l’histoire de l’art, le design d’objet, l’architecture… et la mode. » Sur les bancs d’école, Lola fait la connaissance d’une amie dont la mère jouera un rôle important dans sa carrière : « La mère de mon amie était prof de couture. Quand j’allais chez elle, j’avais donc droit à des cours particuliers. Nous cousions ensemble, parfois jusqu’à deux ou trois heures du matin. Elle m’a aidé à monter un dossier pour entrer dans mes futures écoles, m’a montré comment faire une robe, des poches, etc. Ça a été mon mentor en quelque sorte. »

Après le lycée, Lola déménage à Paris pour commencer une formation de costumière-réalisatrice. Elle participe à la réalisation de costumes pour le spectacle vivant et le cinéma. Pendant deux ans, la jeune femme s’initie à l’art du costume historique. Une fois diplômée, elle ne s’arrête pas là et continue son apprentissage en tant que toiliste-patronnière, ce qui lui permet de maitriser l’art des patrons et des moulages.

Sa carrière peut enfin débuter.

« Je me levais chaque matin en me disant : ma vie est trop bien ! »

Lola décroche alors un apprentissage à l’Opéra de Paris, qu’elle fait en alternance avec une formation de tailleur. Elle se spécialise dans la fabrication de costumes, veston, pantalons, gilets, smokings, manteaux, etc.

Pendant trois ans, Lola enchaîne les projets. L’opéra de Paris, l’Opéra Bastille et Garnier font appel à elle pour participer à la réalisation des costumes de nombreux spectacles tels que Casse-Noisette, Gisèle, la Belle au Bois Dormant, Rigoletto ou encore Platée. « J’ai pu beaucoup travailler pour les ballets, ainsi que confectionner les costumes des chanteurs d’opéra hommes. C’était intéressant, car les artistes ont tous des gabarits très différents. »

 

Lola Clavel couturière
Photo@Lola Clavel

 

Mais Lola travaille également sur d’autres projets. Elle participe à la création du costume de la bête, incarné par Vincent Cassel dans le film La belle et la bête, de Christophe Gans. « C’était magnifique. Les costumiers étaient extrêmement talentueux. Nous étions cinq sur le costume de Vincent Cassel. Le costume était fait en cuir et en velours. Je me levais chaque matin en me disant : ma vie est trop bien ! J’ai participé à la création des pantalons, des coudières… On collabore sur des détails, mais on est tellement fiers à la fin. »

Entre 2015 et 2016, elle travaille pour la série Versailles. Pendant deux ans, elle participe à la réalisation des costumes des personnages masculins. Lola sort son téléphone, me montre quelques clichés, des étincelles dans les yeux : « J’ai pu contribuer à la confection des culottes et des pourpoints. Il y avait énormément de broderies à poser à la main. Ce qui est fantastique lorsque l’on participe à des projets historiques, c’est de pouvoir respecter toutes les techniques et les traditions. »

 

 

 

Pendant ce temps, Lola profite de ses weekends en se rendant souvent à Londres en bus. Elle y découvre une ville internationale et vibrante qui lui donne des envies d’ailleurs. Puis, dans les ruelles de Paris, Lola rencontre un étudiant hongkongais en train de finir sa thèse. Ils tombent amoureux. Tous deux rêvent de s’expatrier et ensemble, ils décident de partir en Australie.

« À Sydney, j’ai pu travailler pour l’Eurovision. »

En arrivant à Sydney, Lola n’a pas de plans précis, mais on lui donne quelques contacts et elle trouve rapidement du travail : « J’ai travaillé pendant un an pour Leah da Gloria, une designer qui réalisait des robes de mariée de luxe. J’y ai découvert tout un univers, notamment celui de la dentelle ! »

 

 

Mais le monde du spectacle lui manque. « Ce que j’aime dans le fait de coudre pour le spectacle, c’est le côté créatif et la possibilité de créer des costumes pour des personnages hors du commun ! » Elle rejoint dès lors un groupe de costumiers sur Facebook et décroche un contrat au sein de comédies musicales. « J’ai pu participer à diverses comédies musicales telles que Love never dies ou Frozen. Là, j’avais un poste de coupeuse. Je m’occupais donc des essayages, des patrons et j’avais une équipe à gérer. »

En parallèle, Lola monte son atelier. Le bouche-à-oreille se fait petit à petit et elle habille des clients divers et variés pour des projets parfois prestigieux. « Je me chargeais en général de commandes sur mesure. J’ai pu créer de la robe de Kate Miller Heidke pour sa prestation lors de l’Eurovision en 2019. J’ai aussi confectionné des costumes pour la chanteuse Ricki Lee ou pour des patineurs artistiques. »

 

 

En tant que freelance, Lola s’épanouit et sa créativité peut se développer à sa guise : « J’aime concevoir des vêtements qui sont très différents, qui répondent aux besoins des gens. Cela demande de l’écoute et j’adore cette partie du travail. »

À la conquête de Hong Kong

En mai 2021, Lola et son conjoint décident de se rapprocher de la famille de celui-ci. Ils referment leurs valises et déménagent à Hong Kong.

En septembre, grâce à ses contacts professionnels, Lola rejoint l’équipe du Hong Kong Ballet où elle s’engage immédiatement dans un projet permettant de créer les costumes du spectacle Nutcracker, imaginés par la créatrice Gabriella Tylesova. « C’était un challenge de travailler dans un univers majoritairement cantonais ! » Lola se met alors à l’apprentissage de cette langue complexe, toujours en quête de nouvelles compétences à acquérir. « Cela me sera utile puisque je débuterai ce printemps une formation sur la réalisation de cheongsam, ces robes traditionnelles chinoises. »

 

 

En parallèle, la jeune femme ouvre un studio, à San Po Kong. Elle sert à distance ses clients australiens et crée quelques vêtements pour des événements.

« Hong Kong, l’Australie et la France sont très différents en termes de pratique. Si Paris m’a amené le savoir-faire artisanal et les traditions, Sydney m’a apporté cet aspect comédie musicale que je n’avais pas. J’y ai découvert les différences culturelles liées au goût. À Hong Kong, à l’inverse de la France, les couturiers sont plus âgés, il y a moins de relève. À Sydney, beaucoup de jeunes veulent être designers, mais la partie technique est moins valorisée qu’à Paris. »

Lorsque je demande à Lola quels sont ses souhaits pour la suite, elle me sourit : « Dans le futur, j’aimerais développer mon studio, faire plus de sur mesure, réaliser mes propres créations et continuer ma carrière de costumière ! »

Pour en savoir plus : https://www.lolaclavel.com/

 

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