Le congrès du Chinese People’s Political Consultative Conference (CPPCC) a débuté ce jeudi et celui du National People’s Congress (NPC) commence ce vendredi pour prendre fin le 11 mars prochain. Les sujets à l’ordre du jour de ces réunions qui reflètent chaque année les orientations de politique générale de la Chine font largement la place aux problématiques de Hong Kong.
Fonctionnement des « deux sessions »
Le premier meeting est celui CPPCC qui réunit 2200 représentants des différents corps et activités du pays et est chargé de discuter et de faire des propositions au gouvernement dans les domaines aussi variés que l’économie, la religion mais encore le sport, la santé et des affaires étrangères. Ils n’ont qu’un pouvoir de proposition et ne peuvent faire des lois.
C’est précisément le rôle du NPC, la plus haute instance légale du pays qui est constitué de 3000 délégués venus des provinces, régions autonomes ou villes chinoises. Le NPC, constitué de membres du parti pour l’essentiel et de personnalités choisies pour leur expertise, sert le plus souvent de caution officielle pour des décisions prises par d’autres instances. Il n’y a jamais eu de refus des plans et rapports décidés par le Parti Communiste Chinois, bien que les votes ne soient pas toujours unanimes. Du fait de la pandémie, les deux sessions se dérouleront cette année sur une semaine au lieu de deux.
Economie et politique
La première des missions du NPC cette année sera de valider la dernière version du 14ème plan quinquennal chinois. L’un des axes principaux du plan est la recherche de l’autonomie technologique avec comme priorité la production nationale, la sécurité et la limitation des importations de technologies. Cet objectif répond largement aux difficultés des relations entre la Chine et les Etats Unis au sujet desquelles le nouveau dirigeant Joe Biden a déjà fait savoir qu’il s’attendait à une « compétition extrême ». Le plan chinois s’appuiera sur la stimulation de la demande intérieure et la priorité aux productions nationales au titre de la stratégie dite de « circulation duale » (booster la consommation et les technologies locales grâce à des économies budgétaires). Autre objectif annoncé des deux cessions : la mise en place des moyens d’atteindre le niveau zéro d’émission carbone dans les quatre prochaines décennies pour répondre aux enjeux du réchauffement climatique. Sur le plan politique enfin, l’année 2021 voit le centenaire du Parti Communiste Chinois. Aussi toute contestation, y compris en ligne, doit-elle être considérée comme un « champs de bataille », selon Zhao Kezhi, ministre de la sécurité publique.
"Hong Kong aux patriotes"
Lors de son discours inaugural de jeudi, le président du CPPCC Wang Yang a précisément insisté sur l’importance de l’implémentation du principe de « la gouvernance de Hong Kong par les patriotes », reprenant l’expression de Xia Baolong, en charge du Bureau des Affaires de Hong Kong et Macao qui a récemment milité pour la réforme du système électoral à Hong Kong. La réforme électorale envisagée par Pékin pour Hong Kong répond aux difficultés rencontrées par l’exécutif dans les deux années écoulées pour maintenir une majorité favorable au Conseil Législatif de Hong Kong, mini-parlement hérité des accords de rétrocession par la Grande Bretagne à la Chine. Or d’une part les manifestations depuis juin 2019 ont ébranlé la relation entre le pouvoir, accusé de restreindre les libertés individuelles, et le peuple hongkongais et d’autre part, les élections de districts ont fait perdre au camp de l’establishment la quasi-totalité des élus locaux. Le Covid a permis de reculer des élections législatives qui risquaient de tourner au désastre pour Pékin qui en a profité pour disqualifier les démocrates et lancer une véritable chasse aux sorcières contre les opposants. Devant l’échéance des urnes prévues en septembre, le délégué local du Bureau des Affaires de Hong Kong et Macao Xia Baolong est intervenu publiquement pour demander une réforme du système électoral en écartant toute personne n’ayant pas prêté allégeance au pouvoir central ou manifesté un désaccord par le passé. On s’attend donc à un projet de refonte du système sous la houlette du NPC comme ce fut le cas pour les lois de Sécurité Nationale ainsi qu’à un nouveau report des élections à 2022 pour se donner le temps de mettre en place le nouveau système.
Loi de Sécurité Nationale
De même Wang Yang a encouragé les représentants venus de Hong Kong à « faire des suggestions quant à l’application à Hong Kong des lois de sécurité nationale ». Or on le sait, depuis dimanche dernier, 47 opposants démocrates ayant participé aux primaires législatives démocrates de Juillet 2020 sont accusés de « subversion », l’un des quatre crimes passibles de la prison à vie par les lois de sécurité nationales imposées par Pékin. Ce premier procès de masse, dénoncé par de nombreux pays dans le monde comme une atteinte directe à la liberté d’expression à Hong Kong, risque d’incapaciter durablement les adversaires potentiels de Pékin pour une hypothétique course aux sièges de députés. Ainsi, faute d’éléments suffisants, le ministère public demande le maintien en détention des prévenus, le temps de compléter l’enquête, un délai qui pourrait « prendre des années avant même qu’un procès ne s’engage », ont dénoncé les avocats de la défense. On le comprend donc, les prochains jours pourraient bien être décisifs pour l’avenir de Hong Kong.
A suivre
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