Ce dimanche voyait la convocation anticipée de 47 personnes sur les 55 arrêtées en janvier au titre de leur participation aux primaires démocrates. Accusés de “subversion” au titre des lois de sécurité nationale, les militants pro-démocratie ont été mis en détention en vue d’une comparution dès le lundi au tribunal de West Kowloon. Une foule constituée de personnes habillées de noir, couleur de l’opposition durant 2019, et de plusieurs diplomates étrangers était venue manifester son soutien et son inquiétude.
Le projet 35 plus
Selon le ministère public, les personnes ayant organisé les primaires démocrates de juillet 2020, censées désigner les meilleurs candidats pour les élections législatives ajournées depuis, ne visaient en définitive qu’à paralyser le fonctionnement de Hong Kong. Selon le plan dit « 35 plus », du nom du nombre de sièges nécessaires pour prendre la majorité au LegCo, l’opposition aux propositions budgétaires majeures du gouvernement aurait obligé dans un premier temps à dissoudre l’assemblée, la nouvelle assemblée à nouveau majoritairement démocrate ayant pour mission de refuser à nouveau le budget pour obliger la Chief Executive à démissionner. C’est sur ce chef que les 47 personnes en jugement lundi risquent des peines pouvant aller jusqu’à la perpétuité selon les lois de sécurités imposées par Pékin.
Soutien international
Présents sur place, plusieurs diplomates dont des représentants des consulats des Etats- Unis, Canada, de l’Allemagne, de la Grande Bretagne, des Pays-Bas et de l’Union Européenne. De même, une foule de 200 personnes avait très tôt fait la queue dans l’espoir d’assister aux délibérations, affichant des bannières de soutien demandant la « libération de tous les prisonniers politiques ». Dimanche, le ministre des affaires étrangères britannique Dominic Raab avait twitté: "La décision d'accuser de subversion 47 politiciens et activistes de Hong Kong au titre le la loi de sécurité nationale est profondément troublante. Cela démontre de façon évidente que la loi de sécurité utilisée pour éliminer la contestation politique et non rétablir l'ordre, en désaccord avec les promesses faites par le gouvernement chinois"
The decision to charge 47 Hong Kong politicians & activists for subversion under the NSL is deeply disturbing. It shows in the starkest terms the NSL being used to eliminate political dissent rather than restore order - contrary to what the Chinese Government promised
— Dominic Raab (@DominicRaab) February 28, 2021
Le nouveau secrétaire d’état américain, Antony Blinken, a quant à lui de son côté indiqué lundi: "Nous condamnons la détention et les accusations envers les candidats pro-démocratie des élections à Hong Kong et demandons leur libération immédiate. L'engagement politique et la liberté d'expression ne doivent pas être considérés comme des crimes. Les Etats Unis sont aux côtés du peuple hongkongais"
We condemn the detention of and charges filed against pan-democratic candidates in Hong Kong's elections and call for their immediate release. Political participation and freedom of expression should not be crimes. The U.S. stands with the people of Hong Kong.
— Secretary Antony Blinken (@SecBlinken) March 1, 2021
Rassemblement interdit
Alors qu’une centaine de personnes restait sur place dans l’après-midi, bien que n’ayant pu obtenir de siège, des slogans, pour certains interdits tels « libérez Hong Kong » ou « révolution de notre temps » ont été entendus. On voyait également se lever les mains ouvertes réclamant les « cinq demandes » des manifestations de 2019. La police a procédé à un enregistrement vidéo et fait savoir via des drapeaux de couleurs bleu et violets que l’assemblée était illégale et que les lois de sécurité nationales étaient enfreintes. Un cordon a ensuite bloqué plusieurs rues d’accès autour du tribunal, avant que la foule ne se disperse. Il ne fait aucun doute que les personnes présentes devront répondre d’une ou plusieurs infractions, s’ajoutant à la longue liste des victimes de la reprise en main de Hong Kong.
Instruction partielle
A l’issue de la première journée de procès, le maintien en détention des 47 prévenus a été décidé par la cour jusqu’au 31 mai, « le temps de mener complètement l’enquête » et sans qu’un versement de caution ne soit possible s'agissant de la loi de sécurité nationale. Cette mise en détention sur la base d’une instruction à peine commencée a été dénoncée par la partie civile, décrivant une façon d’agir contraire au droit élémentaire et craignant que « les prévenus ne passent des années derrière les barreaux avant même qu’un procès ne prenne place ».
A suivre.
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