Alors qu'il se rendait à l’école mercredi 18 septembre, un enfant de 10 ans d’origine sino-japonaise a été poignardé à mort. L’assaillant, un homme de 44 ans, a été arrêté par les autorités chinoises et mis en garde à vue, sans que l'on connaisse à ce stade ses motivations. Ce terrible fait divers réveille le ressentiment historique qui existe entre la Chine et le Japon. Explications
Le gouvernement japonais réagit
Le Premier ministre japonais, Fumio Kishida a qualifié ce crime “d’ignoble et grave” soulignant l'actuelle insécurité des Japonais en Chine. Il a indiqué lors de sa prise de parole que “ceci ne devrait jamais arriver dans aucun pays” ajoutant qu'il regrette qu'une telle attaque ait été commise envers un enfant qui allait à l'école. Il demande également aux autorités chinoises de faire avancer les investigations sur les motivations de l’assaillant.
La Chine a répondu par l’intermédiaire du porte-parole des Affaires étrangères, Lin Jian, lors d’un briefing tenu dans la même journée. Ce dernier a déclaré que “la Chine regrette cet accident, en précisant que c'est un cas isolé.” Il a ajouté que la Chine et le Japon sont “en communication par rapport à cette affaire”.
Ce lundi, le ministre des affaires étrangères japonais s’est rendu sur place pour rencontrer son homologue chinois Sun Weidong afin de discuter de la sécurité des Japonais vivant en Chine, et particulièrement dans les écoles. Ce dernier a demandé de mettre en place des mesures face à la haine récurrente envers ses citoyens, particulièrement sur les réseaux sociaux.
Les Japonais cibles d'attaques en Chine
Les attaques contre les Japonais vivant en Chine ne sont pas des nouveautés. En juin dernier, un bus utilisé par l’école japonaise de Suzhou a été attaqué par un homme, entraînant la mort d’un homme chinois. Ce dernier avait tenté de s’interposer pour protéger une mère japonaise et son enfant.
L’ambassade du Japon en Chine a prévenu ses ressortissants d’être vigilant, et de ne pas parler en japonais trop fort dans les lieux communs. Le consulat japonais de Guangzhou, responsable de Shenzhen, a demandé la mise en place de nouvelles mesures pour protéger leurs citoyens vivant à Shenzhen. Les entreprises, telles que Toyota ou Nissan, ont également averti leurs employés de rester vigilants à la suite de ses attaques aux couteaux. L’entreprise Panasonic, groupe japonais spécialisé dans l’électronique invité ses employés japonais expatriés à retourner au Japon si ceux-ci venaient à se sentir en insécurité.
Les réseaux sociaux s'enflamment
Malgré une forte diaspora japonaise en Chine, avec plus de 100 000 ressortissants dispersés en Chine, la cohabitation semble parfois difficile. Une rancœur s’est installée depuis la Seconde Guerre mondiale et circule particulièrement sur les réseaux sociaux. En effet, le Japon ne s'est jamais excusé officiellement pour les crimes de guerres et massacres commis lors de l'invasion de la Chine entre 1932 et 1945.
Chaque année, certains membres du gouvernement continuent de rentre hommage au cimetière militaire de Tokyo à des criminels de guerre avérés, entrainant des protestations des Chinois via les media et les réseaux sociaux. A l'occasion de ce fait divers, les réseaux WeChat, Weibo et Douyin ont condamné les discours de haine envers les Japonais et indiqué avoir supprimé du contenu à caractères haineux.
Les tensions sino japonaises au maximum
Cet événement s'inscrit dans un contexte de tensions géopolitiques en Mer de Chine, Taiwan et le Japon jouant un rôle décisif pour le maintien de l'influence américaine dans cette partie du monde. Ayant récemment procédé à son réarmement au titre de sa défense, le Japon est sans doute le meilleur allié des Etats Unis dans cette zone et conteste à la Chine la souveraineté sur plusieurs îles.
Quant à Taiwan, Pékin considère que ce territoire fait partie intégrante de la Grande Chine et ne cesse de procéder à des exercices militaires à proximité afin d'en tester le dispositif de défense. A l'approche des élections américaines dont l'issue pourrait changer radicalement les équilibres dans la région, il ne serait donc pas étonnant que le sentiment de méfiance réciproque ne se trouve plus ou moins artificiellement exacerbé à l'occasion de ce fait divers tragique.
A suivre