A l’heure où les emplois sont malmenés par les réductions de transports et la pandémie en Asie, beaucoup se posent la question de leur prochaine destination. Nous avons interrogé Juliette, Mikael et Caroline qui ont déménagé entre ces trois villes et parlent de ce qu’ils ont lâché et trouvé dans ces 3 destinations d’accueil asiatiques.
Juliette vient de Singapour et s’est installée à Hong Kong. Elle est mariée avec un enfant en cours et travaille pour Lepetitjournal.com. Mikael est marié, père de deux enfants dont un vit en France et travaille dans un grand groupe français à Shanghai après avoir passé plusieurs années à Hong Kong. Quant à Caroline, elle est mariée, a 3 enfants de 18, 16 et 10 ans, tous scolarisés au Lycée Français de Singapour où elle est arrivée en décembre 2019 après avoir passé 3 ans à Hong Kong.
"Lost in translation" à Shanghai
Comment avez-vous vécu le changement ? Qu’est ce qui a changé pour vous ?
Juliette : Le changement a été un peu difficile car nous avons commencé cette expatriation par 3 semaines de quarantaine. La sortie de quarantaine a aussi été compliquée avec énormément de mesures de lutte contre le Covid pour la 5ème vague dont la menace d’être envoyés en centre d’isolement, tous les loisirs fermés et une courte rupture de stock des produits de première nécessité…Enfin la météo est moins clémente qu’à Singapour, froide et pluvieuse. Sur la vie quotidienne, beaucoup de changements. Singapour et Hong Kong sont vraiment différentes … Il est, pour notre part, difficile de comparer ces deux endroits
Mikael : Le départ pour Shanghai était excitant au départ. Vivre en Chine continentale, c’est découvrir vraiment la Chine, se sentir dépaysé. Chose que l’on ressent moins dans l’ancienne colonie britannique. Maintenant, avec la situation sanitaire, l’arrivée prend du temps. Il a fallu attendre de longs mois avant de recevoir les visas. Les premiers jours en hôtel de quarantaine sont un très mauvais moment à passer. Sans téléphone chinois, sans carte bancaire locale, on se sent complètement démuni. Il faut aussi switcher en permanence avec le VPN et constamment traduire chaque lettre, app, WeChat. Une énorme différence avec Hong Kong ! On est vraiment « lost in translation » à Shanghai.
Caroline : Le changement de Hong kong à Singapour a été difficile. Tout d’abord la chaleur et l’humidité et ensuite il a fallu quitter un environnement social épanouissant et un endroit que je trouve magnifique tant visuellement que par son histoire culturelle et politique. Le paysage de Singapour est plat sans perspective.
On garde des liens avec sa ville d'origine
Gardez-vous un lien avec votre ville précédente et comment ?
Juliette : Oui bien sûr, grâce à nos amis, nos anciens collègues et via les réseaux sociaux.
Mikael : On garde toujours un lien avec les amis restés à Hong Kong. On tisse de forts liens et les hongkongais comprennent mieux ce que l’on vit ici que les Français de métropole.
Caroline : Oui bien sûr ! Avec toutes mes amis encore là-bas ….easy même décalage horaire !
"Hong Kong est très vivante"
Quels sont les avantages et inconvénients de chaque endroit selon vous ?
Juliette : Il est difficile de juger Hong Kong pour le moment car nous n’avons pas beaucoup visité pour le moment, étant enceinte et au vu de la topologie accidentée de Hong Kong. Parmi les avantages cependant, il y a beaucoup d’art et de culture et de festivals, de street art et de musées. Nous pouvons trouver beaucoup de produits français, ce qui réconforte quelques fois. Hong Kong est entourée de nature, de jolies plages avec une belle mer et beaucoup de randonnées à faire. Côté climat, même si en février et mars, nous avions très froid, cela fait du bien d’avoir des saisons, de sentir du vent, de la fraîcheur. La ville est très vivante avec beaucoup de restaurants, bars, pubs dans les rues. Cela donne un côté festif. En tant qu’étranger, il est aussi beaucoup plus simple de trouver un travail qu’à Singapour et les locaux et des expats sont polis et aidants. Nous pouvons constater une sécurité au sein de la ville.
Les inconvénients de Hong Kong: la quarantaine est toujours en vigueur … il est difficile de voyager librement ou pour nos proches de venir nous voir. Le cantonnais est prédominant et ne parlant cette langue, parfois il est difficile de se faire comprendre. Les congés annuels et les congés paternités sont courts : peu de jours sont donnés. Heureusement qu’il y a pas mal de jours fériés, plus qu’à Singapour et qu’en France.
"La vie est simple à Singapour"
Du côté de Singapour, nous sommes restés 3 ans à Singapour et nous avions un quotidien très sympathique.
Les avantages : la vie est simple à Singapour. Une fois que nous avons compris le fonctionnement de la cité-état, la vie est facile. Les loyers sont moins chers qu’à Hong Kong et les résidences sont neuves, avec grande piscine, jacuzzi et salle de sport à disposition, ce qui est très avantageux. Nous sommes en sécurité partout sur l’île et cela fait un bien fou, surtout quand on vient de la région parisienne. La gentillesse des locaux est omniprésente. Les expats sont de manière générale, très solidaires entre eux et nos amis expats sont devenus comme notre seconde famille. Parmi les inconvénients, il est très difficile d’obtenir un visa de travail. Il est donc recommandé de trouver un travail avant de partir sur Singapour car les méthodes de recherches de travail sur place sont différentes. Singapour est petit donc tu as vite fait le tour. Il y a peu de nature à part quelques endroits et la mer n’est pas très agréable pour les baignades.
"L'offre culturelle de Shanghai est exceptionnelle"
Mikael : Hong Kong offre une qualité de vie exceptionnelle. La mer, les plages, la nature sont des incontournables. Shanghai est une vraie métropole internationale, le business se s’arrête jamais, la communauté internationale est aussi plus large. Flâner à vélo dans l’ancienne Concession Française, découvrir les nombreux restaurants, les cafés à chaque coin de rue, mais il est vrai que 2022 n’est pas forcément la bonne année pour y profiter à plein. Au niveau culturel, Shanghai offre évidemment plus de possibilités.
Caroline : Les points forts de Hong Kong sont le climat, l’étendue du territoire qui est vaste et authentique, comprenant les îles et les Nouveaux Territoires. De plus, l’assimilation des étrangers au niveau du droit du travail est aisée ainsi que pour obtenir la résidence car c’est l’intérêt business qui prime. Les points plus négatifs sont l’utilisation de la langue cantonaise et du mandarin, l’anglais n’étant utilisé que dans l’environnent business et le climat d’insécurité pendant les manifestations suivi du durcissement des libertés individuelles.
"Etre heureux à Singapour passe par le voyage"
Pour Singapour, j’apprécie l’adaptation rapide grâce à l’anglais, le côté Hub international et multiculturel présentant plus de choix qu’à Hong Kong au niveau F&B, retail et home furnishing. Les résidences et maisons sont d’architecture très moderne et de style occidental et les loyers bien plus abordables que ceux de Hong Kong permettant bien souvent de vivre dans des maisons. Enfin, la logistique et les moyens de transport sont aisés. Tout est rapide, numérisé et bien organisé pour faciliter la vie de tous. Les points qui me gênent plus sont la politique nationaliste exacerbée avec le Covid qui se traduit par une discrimination des droits du travail, sociaux pour les non Singapouriens ou les non-résidents permanents. On a plus le sentiment d’être « étranger » ici qu’à Hong Kong. Par ailleurs, c’est un tout petit pays, dont on a vite fait le tour contrairement à Hong Kong. Les parcs se ressemblent tous, le climat est dur à supporter et les plages quasi inexistantes et sales. Il faut donc pouvoir voyager pour être heureux à Singapour qui est moins authentique. Ici, tout est neuf, propre et organisé pour les touristes. Enfin, les règles très strictes de comportement, les dénonciations et amendes en cas de manquement sont un peu difficiles à supporter pour des Français.
"Il est difficile de prévoir les prochaines étapes"
Envisagez-vous de bouger à nouveau ? Vers quelles destinations et pourquoi ?
Juliette : Nous verrons en fonction de l’évolution des conditions de voyage et de l’ouverture des frontières.
Mikael : La question peut se poser. Venir ici, c’est découvrir ce qui fait la richesse de la Chine. On y vient pour rester quand même longtemps, mais la situation actuelle ne permet pas de faire des plans de longue durée en fait. La prochaine destination devra nous permettre de vivre plus librement, de re-voyager, de vivre en fait….
Caroline : Non pas dans l’immédiat. Il est cependant difficile de se projeter ici lorsqu’on a seulement un visa avec corporate sponsor, renouvelé tous les deux ans selon des critères de plus en plus restrictifs en faveur de l’emploi des locaux