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Hong Kong : attention aux deepfakes !

Un vaste réseau de deepfakes vient d’être démantelé à Hung Hom. Il ciblait principalement les hommes célibataires en Asie en leur promettant l’amour.

Deepfake police hong kongDeepfake police hong kong
Aujourd'hui, même la police peut être imitée par deepfake (photo Ministerie van Buitenland zaken sur Creative Commons).
Écrit par Guillaume Clément
Publié le 31 octobre 2024, mis à jour le 28 octobre 2024

Une arnaque sentimentale à Hong Kong

Le procédé était toujours le même. Des hommes célibataires de Taiwan, de Chine continentale, de Singapour ou d’Inde recevaient un message d’une jeune femme expliquant s’être trompée de numéro de téléphone. La demoiselle apparaissait ensuite à l’écran et s’arrangeait pour nouer une relation en ligne avec l’homme ainsi appâté.

Quand l’homme se mettait à envisager un futur avec son amour inespéré apparaissant à l’écran, il était alors facile de lui conseiller de faire des investissements pour sécuriser cet avenir radieux. Plus précisément, la jeune fille lui demandait de placer de l’argent dans une plateforme de cryptomonnaie également en ligne.

Les problèmes surgissaient alors pour l’amoureux ainsi pigeonné. Non seulement, la bien-aimée disparaissait, mais la somme placée itou. La première n’était que virtuelle, générée par une intelligence artificielle. La deuxième était en fait encaissée par une organisation qui avait monté cette fausse plateforme de toute pièce.

Une du deepfake à Hong Kong

Le montage était donc sophistiqué et il aura fallu environ un an avant que l’arnaque ne soit démantelée par la police de Hong Kong. En effet, le groupe était basé dans un immeuble de Hung Hom. 21 hommes et 6 femmes collaboraient à ce deepfake qui aurait permis d’extorquer 46,3 millions de dollars US à leurs victimes, soit 360 millions de HKD.

Agés de 21 à 34 ans, les suspects étaient pour la plupart bien éduqués. Beaucoup d’entre eux avaient été recrutés à la sortie de leurs universités de technologie ou de médias digitaux par le gang. Quant aux concepteurs de la fausse plateforme, il s’agissait plutôt de spécialistes des technologies de l’information recrutés à l’étranger.

Lors d’une opération menée le 9 octobre, la police a réussi à saisir plus de 100 téléphones mobiles appartenant aux membres du gang, des ordinateurs, des montres de luxe, l’équivalent de 26.000 USD en cash, ainsi qu’un « manuel de formation ». Ce dernier expliquait aux membres du groupe comment exploiter « la sincérité et l’émotion de la victime ». Il fallait notamment inventer des difficultés pour « approfondir la confiance de l’autre personne », et vendre une « vision » qui pouvait inclure des projets de voyage pour inciter la victime à investir sur les plateformes de cryptomonnaie.

Des précédents à Hong Kong

D’une manière générale, le mot « deepfake » désigne aujourd’hui tout contenu vidéo, audio ou autre réalisé à l’aide d’une intelligence artificielle qui donne l’illusion très crédible de la réalité. Le principe est toujours le même : des escrocs prennent des fausses identités en ligne afin de nouer des relations avec des victimes préalablement repérées, puis de les inciter à verser de l’argent sur de faux sites.

L’affaire la plus célèbre concernant Hong Kong date de janvier 2024. Un employé d’une firme multinationale britannique, dans le domaine de la finance, avait envoyé alors plus de 26 millions d’USD (environ 200 millions de HKD) sur des comptes appartenant à des escrocs, après avoir cru participer à une réunion en ligne avec ses supérieurs. En fait, dans ce meeting, tous les participants sauf lui était des « fakes ». Les arnaqueurs s’étaient servis d’une intelligence artificielle qui avait pris la voix et l’apparence de cadres de l’entreprise, en s’inspirant de vidéos YouTube accessibles au public.

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