L’introduction à la bourse de Hong Kong du champion chinois de l’électroménager Midea symbolise à la fois la réussite d’un groupe provincial et l’ambition d’un spécialiste de l’innovation.
Ruée vers les actions de Midéa
Mardi 17 septembre, il y avait des affaires à saisir à la bourse de Hong Kong. On y célébrait en effet le premier jour de cotation sur place du géant de l’électroménager chinois Midea, déjà coté à Shenzhen depuis 2013. Alors que la veille, la fourchette d’introduction avait estimé sa limite haute d’entrée à 54,80 HKD, le cours de l’action Midea réussissait à bondir en un seul jour à 59,10 HKD, soit presque 8% de gain en une seule journée.
Comme, de plus, le nombre de titres émis avait été augmenté d’environ 15% la semaine précédente pour atteindre 566 millions, le montant total levé par Midea a finalement atteint 3,6 milliards d’euros, soit la plus grande introduction à la bourse de Hong Kong depuis le réseau social vidéo Kuaishou en janvier 2021. Parmi les principaux acheteurs, on a pu relever des noms aussi prestigieux que Cosco Shipping Holdings ou UBS Asset Management Singapore.
Des bouchons en plastique au cloud
Il s’agit d’autant plus d’une consécration pour ce groupe d’électroménager qu’il résulte au départ d’une histoire qui aurait pu arriver à n’importe qui en Chine. A l’origine, en effet, c’est dans l’arrondissement Shunde à Foshan, à 100 km de Hong Kong, qu’une fabrication de bouchons en plastique voit le jour en 1968, sous la houlette de He Xiangjian, entrepreneur sans le sou. Son entreprise naissante est alors dotée d’un simple capital de 5000 yuans financé de façon collective par 23 habitants de la ville.
Mais, dès le début, la force de Midea est de pouvoir s’adapter sans cesse. Dans ce district de Shunde où 16% des marques connues en Chine ont vu le jour, Midea a d’abord senti le bon filon des ventilateurs électriques. Puis, ce marché étant arrivé à saturation, le groupe s’est mis à fabriquer des climatiseurs. Ont suivi des micro-ondes, des distributeurs d’eau, des rice-cookers et même des moteurs.
Dans cette soif de conquête, Midea n’hésite pas à acheter en 1998 l’usine de compresseurs créée en Chine par Toshiba. En 2016, elle franchit un nouveau cap dans les acquisitions en achetant l’entreprise allemande Kuka, spécialiste des robots. Deux ans plus tard, elle entre dans l’internet industriel, jusqu’à investir le cloud.
Un catalogue d’innovations
En 2023, le chiffre d’affaires de Midea a atteint 47,55 milliards d’euros. Au premier trimestre 2024, son bénéfice net a encore gagné 14% malgré une consommation chinoise en berne. Pour parvenir à de tels résultats, Midea compte désormais 43 sites de production et surtout 33 centres de recherche et développement, domaine dans lequel l’entreprise a investi plus de 5,4 milliards de dollars entre 2021 et 2023.
Parmi ses nombreuses innovations qui en font un Dyson chinois, certaines ont été présentées en ce mois de septembre à l’IFA 2024, comme la solution de gestion Ecomaster, basée sur l’intelligence artificielle, qui permet de réduire en moyenne de 30% la consommation d’énergie des appareils électroménagers sans nuire à leurs performances. On peut également citer le 4-in-1 Washbot qui combine une machine à laver et un aspirateur robot qui lave, sèche, balaie et passe la serpillière sans trop occuper l’espace. Bref, à la bourse de Hong Kong, Midea peut désormais être classée dans les valeurs technologiques à fort potentiel.