De plus en plus de sociétés étrangères sont tentées par une introduction à la bourse de Hong Kong plutôt que dans leur pays d'origine. Services aux standards internationaux et proximité avec la Chine en font une place boursière de premier choix. Explication
L'émergence du marché chinois a motivé la décision du géant russe de la métallurgie, UC Rusal, de lever des capitaux à Hong Kong parallèlement à Paris. Depuis janvier 2010, Rusal est ainsi devenu le premier groupe russe à être coté à la bourse de Hong Kong.
L'Asie devrait représenter cette année 30% des ventes d'aluminium de Rusal. Ces dernières devraient progresser de 20%, avec la Chine comme premier marché en taille et en croissance. Le directeur général Vladislav Soloviev affirme que Rusal va bénéficier du rôle de passerelle de Hong Kong, "la place financière la plus adéquate pour entrer en bourse du fait de l'énorme potentiel de la Chine".
Photo : M.M-H. Le groupe français de cosmétiques, L'Occitane, n'est pas le seul à avoir préféré s'introduire à la bourse de Hong Kong plutôt que dans son pays d'origine
Ruée sur les valeurs minières
Cette année, SouthGobi Energy Resources est devenue la première société minière cotée à la fois aux bourses de Hong Kong et de Toronto. SouthGobi est la filiale mongolienne dédiée au charbon du groupe Ivanhoe Mines.
Lors de la Mines and Money Conference tenue à Hong Kong en mars dernier, le PDG de Ivanhoe Mines, Robert Friedland, a déclaré que la ville "deviendra le plus grand marché mondial pour les valeurs minières". Devant une assemblée de 700 délégués, il a assuré qu'il prévoyait une plus grande concentration de valeurs minières à Hong Kong qu'à Londres, Toronto et en Australie.
D'autres délégués participant à la conférence ont ajouté qu'en dépit de sa relative inexpérience dans le domaine, Hong Kong présentait l'avantage, par rapport à d'autres capitales financières, d'offrir des services aux standards internationaux, un accès direct aux capitaux et une proximité avec la Chine.
Levées de fonds record en 2009
Ce succès s'étend bien au-delà des valeurs minières. En 2009, Hong Kong est arrivée en tête des places financières mondiales en termes de fonds levés. Les 73 introductions en bourse ont permis de lever 243,7 milliards de HK$ l'an dernier, le triple du total de 2008.
Et l'Asie ayant le vent en poupe dans ces temps d'incertitudes économiques mondiales, PricewaterhouseCoopers (PwC) prévoit une poursuite de la tendance haussière. "Nous observons que les investisseurs continuent d'affluer sur le marché financier de Hong Kong, attirés par les taux d'intérêt peu élevés, dans un contexte de manque d'alternatives d'investissement", précise Benson Wong, associé de PwC Assurance.
La forte liquidité du marché alimentant les levées de fonds, PwC attend 60 nouvelles introductions à la bourse de Hong Kong en 2010. Pour Edmond Chan, associé chez PwC Capital Markets Services Group, le potentiel de croissance de la Chine est également un facteur incitant davantage de groupes internationaux à faire leur entrée à la bourse de Hong Kong.
HKEx vise loin
Ces bons résultats s'expliquent aussi par le dynamisme de la société gestionnaire de la place financière, Hong Kong Exchanges and Clearing Ltd (HKEx), qui cible spécifiquement les groupes étrangers. "Cela fait partie de notre plan stratégique de trois ans visant à ce que plus de groupes internationaux soient cotés ici et à établir Hong Kong en tant que place financière internationale", précise Ronald Arculli, président de HKEx.
En particulier, précise-t-il, les sociétés d'exploitation minière d'Amérique du sud et d'Afrique peuvent bénéficier des améliorations des règles en vigueur, destinées à faciliter les introductions.
"Hong Kong est une place financière intéressante tant pour les sociétés cotées que pour les investisseurs, parce qu'il n'y existe aucune restriction des mouvements de capitaux, les taxes y sont simplifiées ?par exemple, il n'y a pas de taxes sur les dividendes, ni sur les gains financiers, ni d'impôt sur les successions? la devise est aisément convertible, et les titres peuvent circuler librement, détaille Ronald Arculli. Et dans le même temps, elle intervient dans un cadre législatif bien défini et un secteur bancaire et boursier stable s'appuyant sur un système fiable d'échanges, d'assurance et de paiement"
Avec le Hong Kong Trade Development Council (HKTDC): www.hktdc.com/francais
(www.lepetitjournal.com/hongkong.html), mardi 6 juillet 2010