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Freddie Wong: "J'aimerais tourner un film en France"

cinéma Hong Kongcinéma Hong Kong
Freddie Wong
Écrit par Claudia Delgado
Publié le 22 juillet 2021, mis à jour le 23 juillet 2021

À l’occasion de la Foire du livre de Hong Kong, Lepetitjournal.com a visité le pavillon français pour aller à la rencontre de Freddie Wong, réalisateur, producteur, critique et fervent promoteur du cinéma français à Hong Kong, pour qu’il nous parle du pont qu’il a su créer entre la France et Hong Kong par le biais de la langue et du cinéma français.

Les débuts d’une vocation 

D’où vient votre passion pour le cinéma ?

Enfant, je suis allé voir un film de Hitchcock, Fenêtre sur cour, qui m’a beaucoup intrigué, mais je suis devenu vraiment cinéphile après avoir fini le lycée. À cause de la situation économique de ma famille, je ne pouvais pas continuer mes études. Pendant un été, je cherchais du travail et ça me laissait beaucoup de temps pour aller voir des films. À cette époque, on n’avait pas de télé et aller au cinéma n’était pas cher du tout. Cette année-là, j’ai vu au moins une centaine de films. 

Qu’est-ce qui vous attirait particulièrement dans la langue française ?

Je me souviens avoir vu un jour un livre chez mon oncle, c’était un livre pour apprendre le français. À cette époque, je travaillais à la poste et avais remarqué que tous les formulaires étaient écrits en chinois, anglais et français. Cela m’a fait penser qu’apprendre cette langue pouvait être utile et en regardant le livre de mon oncle, je me suis dit que ça n’avait pas l’air si difficile ! Je me suis donc inscrit à l’Alliance Française. 

 

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affiche du film Fenêtre sur cour — Ciné club Phoenix (organisé par Freddie)

« J’ai travaillé avec Alain Corneau » 

Dans quelles circonstances êtes-vous parti en France ?  

Dans la vingtaine, je commençais à organiser à Hong Kong un ciné-club appelé Phoenix. A côté de ça, j’étais technicien en radiologie, apprenais le français, écrivais des critiques de films et m’essayais aux films expérimentaux. Des habitués du ciné-club qui travaillaient au Consulat français m’ont parlé d’une bourse en France. Même si les bourses étaient destinées aux étudiants universitaires, j’ai fait la demande et j'ai été accepté. Je suis parti étudier au Conservatoire libre du cinéma français. Pendant ces trois ans, j’ai pu travailler avec le réalisateur Alain Corneau, notamment pour le tournage du film Série noire.

Quelle est la différence la plus marquante entre le cinéma hongkongais et le français ?

Bien que dans le cinéma français il y ait des films commerciaux, ça reste quand même un cinéma plus intelligent et artistique, comme ceux de la Nouvelle Vague. La plupart des producteurs à Hong Kong sont plus tournés vers l’aspect commercial et divertissant, donc, même s’il y a des réalisateurs hongkongais avec une vision plus personnelle et artistique, ils n’ont pas de soutien. À Hong Kong, le studio des frères Shaw incarnait cela, on y cherchait des succès commerciaux en se souciant peu de la vision artistique des réalisateurs.

 

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Freddie Wong avec le cinéaste Pierre Etaix

 

Vous avez tourné votre film The Drunkard à Hong Kong. Avez-vous envisagé de retourner en France pour y tourner un autre film ?

J’ai toujours voulu faire un film en France, où l’on peut aisément tourner un film d’époque à l’extérieur. J’ai au moins trois histoires que j’aimerais tourner, mais j’ai besoin de temps pour écrire un scénario. C’est difficile de faire ça en parallèle du métier de producteur et de critique. Bien sûr, ce ne sont que des prétextes, peut-être que je suis trop lent. Ça fait déjà plus de 10 ans que j’ai tourné mon premier film et le deuxième est encore en préparation.

« La méthode de cinéma française est très professionnelle »

Vous avez travaillé avec des réalisateurs français, comment cela a-t-il influencé votre travail de réalisateur à Hong Kong ?

J’ai beaucoup appris en travaillant avec Alain Corneau, car la méthode de réalisation française est très professionnelle. On y prend très au sérieux l’étape de pré-production, tandis qu’à Hong Kong on commence à tourner sans avoir fini le scénario, ce qui revient à gaspiller de l’argent. 

 

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Freddie Wong et Mary Stephen (monteuse de son film) tous deux décorés Chevaliers des Arts et des Lettres

 

Y a-t-il eu un lien entre la nouvelle vague hongkongaise et la nouvelle vague française ?

La nouvelle vague hongkongaise (vers la fin des années 70) a eu lieu une vingtaine d’années après la nouvelle vague française et je pense que beaucoup de réalisateurs qui ont émergé pendant cette vague à Hong Kong ont grandi en regardant le cinéma français et ont eu, pour la plupart d’entre eux, des formations à l’international. Malgré un contexte culturel très différent, les réalisateurs hongkongais ont été influencés par une méthode où l’on privilégie la lumière naturelle et les tournages en extérieur, même si cela représente une difficulté supplémentaire dans les rues bondées de Hong Kong.

Le métier de critique au Festival de Cannes

Comment votre métier de critique influence-t-il celui de réalisateur ?

J’ai été d’abord critique de cinéma et plus tard réalisateur. Je me dois donc de faire de l’autocritique et je suis tout à fait capable de voir les faiblesses de mon film, car on ne s’améliore que lorsqu’on reconnait les défauts de son propre film… on ne peut pas tous être Hitchcock !

 

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Avez-vous une anecdote sur votre expérience à Cannes à partager avec les lecteurs ?

Sous l’aile du Pierre Rissient (personnage notable du Festival de Cannes), j’ai assisté pour la première fois à Cannes en tant que critique. C’était en 1978 et j’étais encore étudiant à Paris. Depuis, je suis allé au Festival de Cannes près d’une trentaine de fois. Il y a une grande différence entre la manière de travailler de maintenant et celle de l’époque, vous imaginez ? Il y a plus de 40 ans, on écrivait un article que l’on devait l’envoyer à Hong Kong par fax. Maintenant, quelques clics suffisent pour envoyer articles et photos. Ces dernières années, le festival attire tellement de foules qu’il est devenu impossible d’aller à plusieurs séances de manière consécutive. Mais assister à Cannes est toujours très sympa même si ça devient de plus en plus fatigant. Peut-être que je me fais vieux?

 

 

Pour finir, voici une citation du célèbre réalisateur François Truffaut qui met en lumière une double passion des Français : « Tous les Français ont deux métiers : le leur et critique de cinéma ».

 

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