La réalisatrice Tang Yi vient de remporter avec son film de 14 minutes “All the Crows in the World” la palme du meilleur court-métrage ce week-end au Festival de Cannes
All the Crows in the World, un film inspiré d’une expérience personnelle
Le film suit une étudiante de 18 ans, interprétée par Chen Xuanyu, qui est invitée à une étrange fête pour adultes, par son cousin. Ce film se déroule en Chine continentale et est inspiré de l’expérience personnelle de la réalisatrice, accidentellement emmenée dans une maison close à l’âge de 18 ans alors qu'elle pensait se trouver dans un bar karaoké.
Diplômée de la Chinese University of Hong Kong et d’un Master de l’Université de New York, Tang Yi est à la fois chanteuse et réalisatrice, ayant abandonné des études de comptabilité et de diplomatie pour se consacrer au 7e art et la musique. Elle signe avec ce court-métrage son deuxième film, après « Black Goat » en 2016. « All the Crows in the World » a été sélectionné par le jury de Cannes parmi un panel de 10 candidats. S’adressant au public du festival, la réalisatrice a indiqué: "J'espère que ce n'est pas le sommet de ma carrière de cinéaste et j'espère que je reviendrai bientôt".
Le Festival de Cannes marqué par la situation à Hong Kong
La victoire de Tang Yi est survenue deux jours seulement après que le festival ait discrètement projeté un documentaire de 2 heures et demie sur les manifestations anti-gouvernementales à Hong Kong en 2019. Le réalisateur primé Kiwi Chow Kwun-wai a surpris l'industrie cinématographique locale en présentant « Revolution of Our Times ». S’exprimant au sujet de son documentaire, le réalisateur a indiqué avoir cédé les droits à un distributeur européen afin de "minimiser les risques". Depuis la mise en application des Lois de Sécurité Nationale à Hong Kong, la ligne rouge pour les réalisateurs en matière de médias est devenue en effet extrêmement fragile. Certains sont accusés « d’embellir les émeutes » ou de faire la promotion des comportements séparatistes, crime désormais puni de la prison à vie. Dans ce contexte, le Fresh Wave International Film Festival a dû annuler la projection de Far From Home, un autre court-métrage hongkongais se déroulant dans le contexte des manifestations de 2019.
Julia Ducournau remporte la Palme d’Or
Cette année, comment ne pas mentionner le premier prix, la Palme d'Or, qui est allé au film de type série noire « Titane », de la réalisatrice française Julia Ducournau, avec comme acteurs principaux Vincent Lindon et Agathe Rouselle. L’histoire met en scène un père, Vincent Lindon, qui retrouve son fils ramené par les inspecteurs de douane d’un aéroport dix ans après sa disparition. Avec ce film de genre , la réalisatrice de 37 ans, déjà auteure d’une dizaine de films, court-métrages pour le cinéma et la télévision, dont "Grave", présenté il y a 5 ans, devient la seconde femme à remporter la palme d’or à Cannes, 28 ans après Jane Campion pour « Le piano ». Le jury, emmené par Spike Lee, se distingue décidément par un parti pris en faveur d'un nouveau cinéma et de la génération montante.