"Je ne savais pas où, ni quand, ni quoi, mais je savais qu’un jour je créerais ma boite". Determiné et après trois ans de travail en parallèle d'un emploi à plein temps, François lance Néoma. C'est une plateforme de gestion de clients VIP, connectée et personnalisée. Parti de rien, comme lorsqu'il débarque à Hong Kong, François Chabaudie, finaliste des Trophées des Français d'Asie de l'Est, revient aujourd'hui sur son parcours et sur son entreprise.
"En venant en Asie, j'ai sauté dans l'inconnu"
Qu'as tu fait avant Hong Kong et qu’es tu venu chercher ici ?
Je suis diplômé de l’école de management de Grenoble, avec un master en entreprenariat. Pendant mes études je me suis dit que j'aimerais bien commencer ma carrière dans une ville étrangère, plutôt en Asie, un continent que je ne connaissais qu’en tant que touriste. J'avais cette image de l'Asie comme mélange entre exotisme et dynamique économique.
Naïvement je pensais chercher depuis la France et me rendre dans le pays qui a le plus de répondant. Je suis arrivé finalement sans offre d’emploi ni logement, une connaissance m’a hébergé au début.
Je voulais me frotter à un manque de confort qui me plaisait, j'adorais me projeter vers l'inconnu.
J'avais très peu d'expérience, à part 6 mois en stratégie-audit chez PWC (PricewaterhouseCoopers) et un an dans un fond d'investissement français.
J'ai choisi Hong Kong parce que je me suis dit « sans parler la langue, c'est quand même une ville qui offre beaucoup d'opportunités ».
"Une seule obsession : créer mon entreprise"
En parlant de partir de zéro, c’est ce qu’il s’est passé pour Néoma, c’est ça ?
Je ne savais pas où, ni quand, ni quoi, mais je savais qu’un jour je créerais ma boite.
Au bout de 2 mois à Hong Kong, j'ai trouvé un emploi, à la Chambre de Commerce Française. J’y ai passé quasiment trois ans, et j’ai créée Néoma en parallèle. J'avais mon travail à temps plein jusqu'à 20h et de 20h30 à minuit je restais au bureau et je travaillais sur Néoma. Si c'était à refaire je ne suis pas sûr que je le referais, car c'était fatiguant d'avoir deux emplois !
J'avais mon travail à temps plein jusqu'à 20h et de 20h30 à minuit je restais au bureau et je travaillais sur Néoma.
Est-ce que Hong Kong est le bon endroit pour lancer sa boite à partir de rien ?
Je l'ai vu par mon travail à la Chambre de Commerce où j'aidais les entreprises à se développer à Hong Kong : c'est une ville qui est extrêmement chère donc c'est très difficile pour se lancer avec rien ; les salaires sont chers les logements sont chers même si la ville offre des opportunités.
C’était la barrière que je m’étais fixée : je crée Néoma qui est un projet semi construit en parallèle de mon travail mais je ne franchirai pas le temps plein tant que je n'ai pas levé des fonds et tant que je n'ai pas un premier client qui me permet de survivre 6 mois avec 3 ou 4 personnes.
"Nos principaux clients sont dans l'hôtellerie"
Cette étape est arrivée au bout de combien de temps ?
Elle est arrivée début 2016 au moment où je suis parti de la Chambre. Avant il n'y avait pas de produit ni de revenus. L'accélération s'est faite à ce moment-là, j'étais à temps plein comme ma cofondatrice à Hong Kong qui est toujours CTO et une personne en Inde.
C’est quoi le cœur d’activité aujourd’hui ?
Aujourd'hui on est spécialisé sur le guest management.
Nos clients sont des hôtels, des salons et partout où il y a un service dans lequel les clients doivent passer par un staff. Quand un client s’approche physiquement d’un membre du personnel, ce dernier reçoit son profil, en fonction des informations que le client a rentré.
On a travaillé avec l'hôtellerie, et on a gagné un grand contrat dans une compétition internationale sportive il y a quelques mois. On a déployé le dispositif à grande échelle sur un parcours qui couvrait les clients VIP et VVIP de l'aéroport à l'hôtel en passant par le stade.
"Le but est d'améliorer l'expérience client"
Ça marche comment techniquement ?
La plateforme a 3 composantes.
Une connexion entre tag, c'est à dire un point physique effectif dans un rayon de 20 mètres, sur une carte de réservation d'hôtel ou un badge et notre application, Gaïa, sur les tablettes ou téléphone du staff.
On a une autre couverture, plus large que 20 M, avec des points GPS que l'on crée autour des hôtels, des aéroports ou des événements. À ce moment-là le staff sais que tel ou tel guest est à 1 km par exemple, qui l’accompagne.
L'idée est que le staff ne recherche plus manuellement une information sur un client, mais que les données utiles soient concentrées dans l'application.
Donc le but est d’améliorer la qualité du service et l’expérience client ?
Le problème est double entre la gestion opérationnelle des guests et l'expérience qui leur est offerte. Avant l'utilisation de notre plateforme, les organisations n'avaient aucune visibilité sur le moment où les VIP allaient arriver, ce qu'il devait savoir sur eux, et il était impossible de communiquer efficacement entre les membres du staff sur les services effectués, sur des incidents ou des demandes des clients.
Notre plateforme a l'avantage d'automatiser et digitaliser la gestion des guests afin que ce soit beaucoup plus efficace, plus fluide et personnalisé.
On permet donc à un staff de savoir quand arrive un client important et/ou gérer des retards et des choses inattendues. Cela maximise la connaissance sur le statut d'un client pour le staff
Un point que je tiens à souligner : on ne localise pas les clients. Ce n'est que quand un client approche physiquement un membre du personnel que nous prenons le relais.
Notre slogan est delight full spaces and human centric experiences, c'est à dire qu'il y a aujourd'hui beaucoup de données que les gens partagent lors d’une réservation d’hôtel, présence à une évènement, mais qu’elles ne sont pas bien utilisé par le personnel. Nous on les utilise beaucoup mieux via la technologie auprès des staffs, on leur apporte les données qu'ils doivent savoir pour que eux se concentrent sur l'expérience humaine.
"La technologie reste au service de l'humain"
Par rapport à la signification de l'entreprise : Néoma ça veut dire « nouveau management », donc on comprend l'idée de la boîte, mais les produits s'appellent Gaïa, qui est le nom de la déesse grecque de la terre. Pourquoi ?
Notre positionnement est d'offrir au client une expérience plus humaine plus chaleureuse plus fluide. Il fallait qu'on personnalise notre produit donc on a choisi cet avatar personnifié. Gaïa c'est aussi la vie, donc le message est d'améliorer la vie des clients finaux. Sur le plan marketing la technologie ne devait pas prendre le dessus sur l'humain.
Vers quel futur orientes-tu Néoma ?
On a beaucoup de demandes de clients qui cherchent à savoir des choses sur le parcours de leurs clients, dans de grandes zones, avec un gros volume de personnes à gérer. C'est cette notion de parcours sur laquelle on travaille.
Pour nous, cela veut dire implémenter la plateforme a de grands buildings où des grands parcours s'effectuent dans des lieux physiques, comme des bâteaux de croisières ou des casinos. Un bateau de croisière est forcément plus grand qu'un hôtel et la période d'utilisation de notre plateforme aussi, souvent plusieurs semaines. De plus pour simplifier la vie des staffs on essaie d'implémenter ça dans des événements long ou récurrents comme des championnats sportifs.