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Devenez incollable sur le drapeau de Hong Kong et sa Bauhinia

Drapeau de Hong Kong et Bauhinia blakeanaDrapeau de Hong Kong et Bauhinia blakeana
Apprenez à dessiner le drapeau de Hong Kong
Écrit par Patricia Herau-Yang
Publié le 24 mars 2020, mis à jour le 22 mars 2024

Vous reconnaissez la Bauhinia blakeana, l’emblème du drapeau hongkongais, dont les fleurs à la couleur prononcée embaument déjà les chemins de randonnée. Mais connaissez-vous l’histoire de son choix, lors de la rétrocession de Hong Kong à la Chine?

Une plante francophile

Identifiée par le père Delavay des Missions Etrangères de Paris au cours d’une promenade au mont David, les boutures du Bauhinia blakeana sont récupérées et offertes au jardin botanique de Hong Kong. C’est là que la plante recevra son nom, en hommage à deux botanistes: le Suisse d’origine française Jean Bauhin, inventeur de la classification préfiguratrice du système binomial (deux mots adjacents), et Henry Blake, botaniste devenu gouverneur de Hong Kong. Les Missions Etrangères en feront pousser quantité à Béthanie (Pokfulam).

 

Drapeau de Hong Kong et Bauhinia blakeana
Omniprésent Bauhinia...mais ça n'a pas toujours été le cas!

 

Une plante hybride stérile et venue d’ailleurs

Richard Saunders, auteur de Portraits of Trees of Hong Kong and Southern China raconte comment la Bauhinia blakeana est le résultat de l’hybridation entre la Bauhinia purpurea et la Bauhinia variegata. Aucune de ces deux espèces exotiques n’est endémique à Hong Kong. Bauhinia purpurea, aux pétales rose clair et aux trois étamines, vient d’Asie du sud-est et est commune dans l’Himalaya. Bauhinia variegata, aux pétales blancs tachetés et aux cinq étamines, vient d’Inde et de Chine. Le résultat de ce croisement ne peut porter de fruit, il est stérile.  Les plants que l’on voit aujourd’hui sont des clones de leurs ancêtres hongkongais, bouturés de la main de l’homme il y a un siècle.

 

Drapeau de Hong Kong et Bauhinia blakeana
Anciennement fleur symbole du Urban Council

 

Une plante choisie comme symbole de la ville

La plante est alors rare à Hong Kong. En 1906, les plants au jardin botanique survivent à un méchant typhon. C’est un tournant: la plante symbolisera désormais la résilience hongkongaise. Dès 1914, la Bauhinia blakeana est planté de manière extensive à travers le territoire. Tant et si bien qu’en 1965, elle devient le symbole de la ville.

Au centre du drapeau

Dans les années 1980, la rétrocession de Hong Kong devenant inéluctable, un appel d’offres est lancé pour définir un drapeau. Selon les sources, on évoque entre 4000 et 7000 propositions de Hongkongais ou de Hongkongais de la diaspora. Le cahier des charges était: représenter le concept abstrait de “Un pays Deux Systèmes”.

D'après les souvenirs de candidats et de jurés, il fallait:“éviter certaines formes telles le croissant, connoté religieusement”, être dynamique (“un triangle entourant un cercle symbolisant Lion Rock ne convenait pas”), représenter la communauté (“un bateau de pêcheur ne représentait pas l’ensemble de la communauté”), s'affirmer sans heurter (“le dauphin était décidément trop mignon”, “le dragon trop contrasté en fonction des cultures”).

 

Drapeau de Hong Kong et Bauhinia blakeana
L'ancien drapeau de Hong Kong, au temps du Commonwealth

 

Il fallait aussi se soucier des autres drapeaux existant: éviter d’être accusé de copie, et surtout de verser dans l’adoration d’autres pays, pour une ancienne colonie, ça ne se fait pas! Très rapidement, l’idée d’une plante s’impose: une plante, c'est neutre. La Bauhinia était déjà symbole de la ville et son choix semblait logique. Pourtant, c’était déjà le logo du Urban council, une instance coloniale sur le point de disparaître! Il fallait donc modifier en profondeur le design, tout en prenant en compte le drapeau chinois...

RAS, nouveau drapeau à signaler

Hong Kong avait en fait déjà un drapeau, ou plutôt une succession de drapeaux sur fond de Blue Ensign (comme tout membre du Commonwealth), le dernier en date portant lion et dragon. Le nouveau drapeau hongkongais devait emporter l’adhésion de Pékin. Hong Kong a alors retrouvé ses origines culturelles et s’est inspiré de l’esthétique du papier découpé: les cinq pétales forment un moulin à vent et expriment l’énergie de la ville, qui va toujours de l’avant.

 

Drapeau de Hong Kong et Bauhinia blakeana
Les deux drapeaux mis côte à côte, un air de famille

 

Le chiffre cinq fait aussi référence aux cinq étoiles du drapeau chinois, lesquelles représentent les quatre classes sociales du Marxisme sous la loi du Parti Communiste Chinois: une manière d’embrasser son nouveau destin, celui du retour à la mère patrie. Le fond du drapeau est du même rouge. Le blanc de la fleur représente la paix et l’harmonie. Si l’on regarde bien, chaque pétale se termine par une petite étoile, les mêmes que celles du drapeau chinois.

Le drapeau a été accepté le 4 avril 1990 à la 3ème session du 7ème congrès du peuple et hissé pour la première fois le 1er juillet 1997. Pièces de monnaie et timbres ont suivi.

On peut s’étonner qu’une fleur stérile ait été choisie comme symbole d’une cité héritière d’un métissage chinois et britannique. Mais au-delà de la fleur en son centre, le drapeau hongkongais est le résultat d’un processus si plein d’embûches qu’il ne faut pas s’étonner qu’il soit encore, parfois, pris à partie.  

 

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