Ce vendredi 23 février, les compagnies de bus KMB et Citybus & NWFB ont révisé leurs directives pour réduire les heures de travail des conducteurs.
Triste est de constater que seule une tragédie peut faire changer les choses. L’accident de car à Tai Po, qui a fait 19 morts et 60 blessés le 10 février dernier, a été l’événement déclencheur d’une nouvelle politique des transports routiers. Mettant en cause la conduite imprudente du chauffeur pour rattraper son retard, les survivants ont soulevé un problème épineux: les dangereuses conditions de travail des conducteurs de bus.
Le Département des Transports a donc sommé les compagnies de bus, parmi lesquelles Kowloon Motor Bus et Citybus & NWFB, à réviser leurs directives. Le but était de trouver un équilibre entre la demande des passagers, les temps de repos et heures de travail des conducteurs d'autobus et les besoins opérationnels des compagnies. Après un échange avec les syndicaux, les patrons ont mis à jour les conditions de travail pour leurs chauffeurs, ce 23 février.
Les heures de service maximales de 14 heures sont revues à la baisse et passent à 12 heures. De même, le nombre maximum d’heures de conduite par poste, initialement fixé à 11 heures, est désormais de 10 heures. Le temps récupéré permet aux salariés de voir leurs pauses allongées de 30 à 40 minutes, après 6 heures de travail consécutives.
Toutefois, les compagnies prévoient des exceptions durant les périodes de pointe. Des plages horaires plus longues, mais n’excédant pas les 14 heures, peuvent être mises en place afin de répondre à la forte demande. Le temps de conduite en lui-même ne pourra cependant pas dépasser les 10 heures règlementaires.
Revenus à la baisse et contestations salariales
Qui dit travailler moins, dit gagner moins. C’est sur ce postulat que les salariés des compagnies ce sont insurgés dès l’annonce des nouvelles mesures. Une grève a été entamée à la gare routière de Tsim Sha Tsui Mody, vers 20h le samedi, contre les probables baisses de salaires. Elle a été annulée environ trois heures plus tard. Après que KMB ait promis une réunion ce lundi 26 février.
"Nous comprenons les préoccupations des salariés, a fait savoir par un communiqué le Département des Transports. En outre, la rémunération des chauffeurs d'autobus doit être négociée entre les syndicats du personnel et les compagnies. Toutes les compagnies d'autobus se sont engagées à élaborer différentes propositions de façon proactive pour maintenir et améliorer le revenu réel des salariés".
Même brève, cette manifestation a suscité des tensions. Yin Wai-lam, la conductrice qui avait pris la tête des contestations en bloquant le terminal, a été suspendue de ses fonctions. Interrogée par The Standard, elle a tempéré: "Ce n'est pas une action disciplinaire. La direction ne souhaitait probablement pas que le traffic de ma ligne et mon travail soit perturbé par des journalistes en quête d’interview". Mais la perspective d’une mesure disciplinaire ne l’effraie pas pour autant. "Si cela ne vient pas bientôt, il viendra certainement un jour", a-t-elle conclut.