Evoqué depuis le mois de Juin par la Chief Executive Carrie Lam comme un moyen de faciliter les échanges avec Macao et le sud de la Chine, le Health Code System ne fait pas l’unanimité à Hong Kong et fait craindre une utilisation à des fins policières.
Comment marche le Health Code System?
Selon Carrie Lam et les supporters du gouvernement, le Health code System pourrait permettre aux citoyens qui se font tester pour le Covid de disposer d’un code couleur leur permettant de se déplacer sans contrainte. Les personnels des douanes disposant des résultats des test pourraient ainsi donner ou non l’accès aux postes frontière aux personnes ayant besoin de voyager. Ce système fonctionne déjà dans la région de Hangzhou depuis le mois de mars et a été étendu depuis à plusieurs grandes villes chinoises. L’application prend les coordonnées et adresse des citoyens, les dates de leurs déplacements et passages de frontières, leur attribuant un code vert, jaune ou rouge. Le vert permet de se déplacer à sa guise, le jaune impose de s’isoler 7 jours et le rouge 14. Le code doit être présenté à l’entrée de tous les lieux publics et dans les moyens de transports qui ont pour consigne de ne laisser l’accès qu’aux codes verts. Dans le cas de Hong Kong, les contraintes de distanciation sociale pourraient tomber pour les citoyens présentant un code vert, la condition étant la réactualisation du test tous les 14 jours.
Flicage grâce au Covid?
S’agissant d’une harmonisation avec le système chinois existant déjà en Chine continentale, plusieurs voix s’inquiètent de cette nouvelle incursion des moyens de contrôles chinois dans le quotidien hongkongais. C’est le cas de l’activiste Joshua Wong, récemment interdit de participation aux élections pour ses positions anti-gouvernementales lors des manifestations au titre des nouvelles lois de sécurité nationale, et qui assimile carrément ce projet au système de compteur social déjà mis en place en chine pour limiter les services pour les mauvais citoyens, grâce à de véritables "menottes électroniques". D’autres comme Arisma Ma président de la Hong Kong Doctors’ Association dénonce dans la quotidien Apple Daily l’utilisation de données médicales personnelles par le gouvernement comme liberticide et non-éthique. "Pourquoi devrions-nous être obligés d’indiquer notre état de santé pour continuer à survivre dans la société ? (…) C’est une infraction au droit des patients et à l’éthique médicale."
Les précédents en Chine et à Hong Kong
La crainte fait suite à des retours sur l’utilisation du système au delà de la période des 14 jours pour maintenir des citoyens à l’isolement, ceux-ci n’ayant pas de recours par rapport à un algorithme d’intelligence artificielle. C’est ce qui est arrivé à un journaliste du Financial Times le 7 mai, après un déplacement de Wuhan à Pékin, le code jaune ayant été maintenu bien au-delà de la période théorique. En réalité, il s’est avéré, suite à étude du code, que le Health Code System est connecté avec les banques de données de la police, jetant par du coup le doute sur l’utilisation qui en est faite pour contrôler les citoyens. L’argument sanitaire pour éviter la manifestation de l’opposition n’est pas non plus nouveau à Hong Kong. En effet, avant que n'intervienne les nouvelles lois de sécurité nationale, les arrestations les plus nombreuses lors des dernières manifestations, se sont faites au nom des règles de distanciation sanitaires, limitant par exemple les tentatives de rassemblement le 1er Juillet pour l’anniversaire du retour de Hong Kong à la Chine.
Testing Covid en masse
Sans qu’il soit pour le moment corrélé, le lancement à partir du 1er septembre d’une vaste campagne de testing portant sur 1 million de personnes, grâce à la mise à disposition entre autre d’un nouveau centre de test à l’AsiaWord Expo et l'annonce d'un second hôpital de campagne de 2000 lits construit et administré par des personnels chinois, augurent d'une politique énergique en matière de contrôle épidémique. Présentant Vendredi dernier ce programme comme gratuit et basé sur le volontariat, la Chief Executive Carrie Lam a pourtant du dissiper les doutes quant à l’utilisation des données individuelles, affirmant que celles-ci ne seraient pas transmises à la Chine continentale, Hong Kong ne faisant, dit-elle, qu’accepter une aide généreuse de trois laboratoires chinois sans lesquels cette campagne massive de dépistage ne serait pas possible.
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