Revenus de voyages, plusieurs résidents francophones de Hong Kong ont expérimenté la quarantaine obligatoire. Comment l’ont-ils vécu? Comment se sont-ils organisés et qu’en ont-ils retiré. Sept ex-confinés témoignent.
Tests salivaires et bracelet électronique
En Nouvelle-Zélande pour une mission professionnelle, Christophe s’est retrouvé coincé sur place lorsque le pays a annoncé le lock down. Résident permanent à Hong Kong, le retour a été aisé, malgré plusieurs formulaires à remplir. "La Nouvelle-Zélande n’étant pas une région considérée comme à risque j’ai été autorisé à demeurer à mon domicile à Hong Kong avec ma famille", précise-t-il. Après avoir patienté longuement à l’aéroport et s’être soumis à un test salivaire, il a alors téléchargé une application sur son téléphone et s’est fait équiper du fameux bracelet électronique qu’il gardera pendant deux semaines.
La situation est relativement similaire pour Alix et Guillaume, deux Belges, Marie et James, deux Québécois et pour Masha et Valério, deux Français. Valério, étudiant universitaire, doit loger dans un hôtel à Tsim Sha Tsui, son établissement ne le laissant accéder à sa chambre qu’après les quinze jours de confinement. "Sur le chemin de l’aéroport à mon hôtel, tout le monde déviait sa trajectoire pour ne pas me croiser ! Une voiture s’est même arrêtée et le conducteur a crié quelque chose en cantonais en me pointant du doigt!"
"Des volontaires pour faire nos courses"
"Nous avions à la maison de quoi tenir quelques jours", précise Masha, confinée avec sa famille. "On a alors découvert tous les sites de livraison qu’on n’avait jamais utilisés auparavant: Mordicus, Hktvmall, South Stream market, Park N’Shop, etc. Pour le reste, une de nos amies nous a aidés en nous apportant ce qu’il nous manquait."
Alix et Guillaume, de leur côté, logeant à l’hôtel en attendant de pouvoir chercher un appartement, n’avaient pas de réserves préalables. "Nous avons passé une commande en ligne, mais nos courses ne pouvaient arriver que 4 jours plus tard. Nous avons donc posté des messages sur des groupes Facebook et plusieurs personnes se sont portées volontaires pour nous faire quelques courses. Une dame m’a appelé pour nous demander ce dont nous avions besoin et quelques heures plus tard, les achats étaient déposés devant notre porte! Nous n’en revenions pas de la gentillesse et du support que nous avons eu!"
Valério est également assisté par un très bon ami. "Avant d’arriver à Hong Kong, je lui ai demandé s’il pouvait me dépanner en venant deux fois par semaine avec de la nourriture et des boissons! Mais j’ai aussi commandé des plats sur Food panda ou Deliveroo, pour éviter de manger exclusivement de nouilles instantanées, ne pouvant pas cuisiner dans la chambre d’hôtel."
"Comme un élément radioactif"
Chaque matin et chaque soir, les confinés prenaient leur température. Toutes les huit heures, Masha envoyait sa localisation en live sur WhatsApp. "On a eu des contrôles par WhatsApp avec caméra à des moments aléatoires pour vérifier qu’on était bien tous à la maison et ils prenaient des Screenshots pour documenter."
Alix et Guillaume n’ont pas contre jamais reçu le SMS permettant d’activer le logiciel supposé les traquer. "Mon mari était en contact via WhatsApp avec des personnes du gouvernement qui nous ont simplement demandé de rester chez nous, en nous disant de ne pas nous tracasser pour l’activation du processus. Nous en sommes restés là et bien évidemment nous ne sommes pas sortis."
Valério, de son côté, a vécu la même situation: "Pendant mon confinement, j’ai dû changer de chambre, car trop de cas se déclaraient à mon étage. Un employé de l’hôtel est venu me chercher, vêtu d’une combinaison intégrale, comme si j’étais un élément radioactif. C’est aussi à ce moment-là que j’ai compris que le bracelet ne servait à rien, car je suis sorti de la "zone" et il n’y a pas eu de conséquence."
"J'ai utilisé la table de l'hôtel comme haltère"
La plupart des interviewés ont immédiatement mis en place une routine avec des horaires à tenir. Entre le travail à distance, les cours de sport via Internet, des heures de repas fixes et des moments de détente autorisés, tout le monde s’est organisé au mieux.
Pour rythmer les journées de ses enfants, Masha a créé un planning très précis. "On n'a jamais fait autant de gym de notre vie!", se confie-t-elle.
Avec le recul, Alix trouve que "… le plus compliqué c’était les weekends". Emménageant à Hong Kong, elle en a profité pour faire du shopping en ligne pour son futur appartement. "Les paquets arrivant au compte-goutte c’était un peu comme si le Père Noël passait tous les jours!"
Pour Valério, le confinement s'est bien passé. "Certains jours, j’étais productif, alors que d’autres, j’étais extrêmement détendu. Comme j’ai mes cours en ligne, je suivais encore les leçons et j’avais des travaux à réaliser. J’ai aussi passé beaucoup de temps en Facetime avec des amis et ma famille et j’ai pu renouer avec des gens avec qui je parlais moins. Mais, en parallèle, j’ai passé des journées entières à regarder Netflix! Quand j’ai commencé à utiliser la table basse de l’hôtel comme haltère, pour faire du sport, on m’a vite demandé d’arrêter parce que mon voisin du dessous s’est plaint du bruit..." Le seul désagrément rencontré était la configuration de sa chambre, ne lui permettant pas d’ouvrir les fenêtres: "Deux semaines sans air frais c’est dur!"
"Le dernier jour, nous sommes sortis en courant"
Marie a plutôt bien vécu cette expérience: "Personnellement, j’ai apprécié avoir mon copain avec moi, partager trois repas par jour, avoir quelqu’un à qui parler au cours de la journée. En fin de compte, les 14 jours sont passés très vite. Mais nous avons également beaucoup plus travaillé qu’habituellement, car nous n’avions ni déplacements ni distractions."
Si la situation s’est bien déroulée pour Alix et Guillaume, ce sont les circonstances de leur départ qui ont été difficiles: "De notre côté, le confinement s’est plutôt bien passé. Mais le plus compliqué a été de tout quitter en Belgique et de partir comme des voleurs, sans pouvoir dire au revoir à la famille et aux amis."
Christophe, quant à lui, a dû gérer le télétravail et la présence des enfants à la maison. "Un autre désavantage, c’est le manque de mouvements, dit-il. Le fait de rester inactif m’a fait prendre quelques kilos!"
Masha comptait les jours… puis les heures puis les minutes. "Le dernier jour, nous sommes sortis à minuit en courant. On s’est fait dévorer par les moustiques on est retournés se confiner!", dit-elle. "Le plus stressant pour moi, c’était de lire les conversations de mamans sur les réseaux sociaux qui n’étaient pas rentrées en France et qui passaient leur temps à faire des commentaires désagréables sur les pestiférés venus d’Europe que nous étions. Nous avons dû cacher qu’on était en quarantaine!"
Le jour où Christophe a coupé le bracelet du boîtier qu’il avait au poignet et remis ses chaussures après deux semaines pieds nus, il s’est senti "tout drôle".
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