Anne Genetet: “Vous êtes le meilleur atout de la France”

anne genetet hong kong — Anne Genetet, ce Lundi lors d'un échange direct avec les Français de Hong Kong au Consulat à Hong Kong et Macao

Publié le 2 décembre 2019, mis à jour le 6 décembre 2019

Venue à l’invitation de plusieurs associations de Français de Hong Kong, la députée de la 11eme circonscription des Français de l’étranger Anne Genetet était à Hong Kong pour rencontrer la communauté et prendre le pouls de la situation. Lepetitjournal.com l’a rencontrée à cette occasion.

Propos recueillis par Didier Pujol

Vous êtes venue à Hong Kong pour trois jours, comment avez-vous organisé votre temps?

J’ai rencontré les associations, le Lycée Français International, les conseillers consulaires et le consul Giorgini, participé à une marche en faveur du Téléthon, occasion supplémentaire d’échanges avec des familles de Français de Hong Kong. En marge de ces rencontres utiles pour alimenter le lien entre les expatriés français et les institutions françaises, j’ai souhaité mieux comprendre la situation politique en échangeant avec des personnalités hongkongaises impliquées. En effet, la vision de France se limite aux seules images de violences livrées par les media ou les réseaux sociaux. Il m’a paru nécessaire d’aller au delà de ces informations pour décrypter la situation.

Précisément, quelle est votre analyse des événements en cours et de la manière dont notre communauté est touchée?

La crise que traverse Hong Kong est beaucoup plus complexe que la lecture qui en est faite en France et à l'étranger en général. Il me semble que nous avons affaire à une impasse politique, les Hongkongais réclamant un changement de leur exécutif. On pense à tort en Europe que la Chine souhaite annihiler Hong Kong ou que les pro démocratie, comme on les appelle, cherchent l’indépendance. C’est faux, la Chine cherchant au contraire à mieux intégrer Hong Kong dans son économie et les anti gouvernement voulant être respectés dans leur différence culturelle et historique. Nous avons trop tendance en France à vouloir appliquer notre modèle lié à l’histoire de la Révolution Française et ses idées à d’autres pays. Il faut dépasser ces idées toutes faites et respecter les autres modèles et cultures. Seul le dialogue permet de dépasser les différents quant à l’avenir de ce territoire chinois. Or actuellement, le dialogue a échoué, les deux côtés campant sur leurs positions initiales ou presque. Il faudrait pouvoir amener la discussion sur un autre terrain pour décrisper la situation.

Pour parler des Français de Hong Kong, c’est évidemment l’inquiétude qui domine, dans bien des cas teintée d’émotion à des degrés divers. Les familles se font du soucis pour leurs enfants et ont parfois décidé de les désinscrire des écoles de Hong Kong pour déménager. Ce mouvement est indéniable. Néanmoins, j’ai trouvé la grande majorité de nos compatriotes dans un bien meilleur état moral que ce que j’aurais pu imaginer à la lecture des journaux ou réseaux sociaux dont les partis pris sont souvent anxiogènes. Beaucoup de nos compatriotes sont concentrés et loin de céder à une panique irrationnelle. Les Français d’ici sont à l’image de la ville, combatifs, résiliants et pragmatiques. Une grande partie de l’émotionnel est le fait des Français vivant en dehors de Hong Kong car les Gaulois et Gauloises du Port des Parfums tiennent bon pour l’essentiel, et ce malgré les difficultés économiques et sociales actuelles.

Quel message aimeriez-vous donner aux Français de Hong Kong?

Tout simplement celui que la France leur accorde une grande attention et se tient prête à leur apporter le soutien dont ils pourraient avoir besoin. Au travers de mes permanences et déplacements ou des échanges que j’ai avec les Français dans les 49 pays dont je m’occupe depuis maintenant deux ans, je m’efforce de prendre en compte les situations dont j'ai connaissance et de remonter des rapports auprès des parlementaires qui ont le pouvoir de faire avancer les choses. C’est le cas sur les problématiques fiscales qui constituent une grande partie des demandes habituelles (le taux d’imposition des résidences en France pour les expatriés ou de l’assiette d’imposition entre autres) ou encore de l’accès au CPF pour pouvoir se former à l’étranger. Sur ce point, la situation vient d'évoluer en permettant un accès au CPF par le numéro de sécurité sociale. En plus de cela, mon rôle est aussi de conseiller le quai d’Orsay quant à la réalité de la situation sur le terrain.

Or, il ne faut pas croire que la modération diplomatique dont fait preuve notre pays sur les problèmes politiques de pays tiers signifie que nous n’agissons pas. Au contraire. La France a pris l’habitude d’intervenir régulièrement, y compris en Chine, mais de façon discrète, afin d’être plus efficace. La taille de notre pays ne permet certainement pas de jouer les donneurs de leçons ni non plus d’affronter des dirigeants dans des joutes publiques stériles. Par contre, le rôle de médiateur ou de pays ressource pour débloquer des situations ou aider à rétablir le dialogue fait partie de notre arsenal. C’est dans ce sens que les remontées de la situation à l’étranger sont primordiales. Je me bat pour que les Français de l’Etranger soient encore plus pris en compte dans le rôle qui leur échoit: le fer de lance de la France dans le monde!