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Ann Hui, un cinéma sensible et un top 5 à découvrir

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Image du film "Boat People"
Écrit par Arnaud Lanuque
Publié le 13 décembre 2018

La réalisatrice Ann Hui fait l'objet d'une rétrospective avec M+ Screenings. Concomitamment, deux de ses premiers films (Story of Woo Viet et Boat People) sortent en DVD Blu-ray en France. C’est donc l’occasion parfaite pour revenir sur une réalisatrice parmi les plus singulières, et aussi les plus essentielles, de l’industrie cinématographique hongkongaise. 

Qu’est ce qui fait la singularité d’Ann Hui? 

Déjà, il s’agit d’une femme dans un milieu très fortement masculin. Si elle a toujours refusé de jouer cette carte pour s’attirer la sympathie du public et de la critique, ses films ont régulièrement des femmes comme principales protagonistes et font preuve d’une extrême sensibilité. 

Ann Hui, c’est également une réalisatrice spécialisée dans les drames humains, souvent inscrits dans une réalité politique, historique et sociale spécifiquement locale. Une orientation qu’elle a conservée depuis le début de sa carrière. Ce qui, dans une industrie ultra-commerciale comme celle de Hong Kong plus portée sur des genres populaires comme la comédie ou l’action, tient du miracle!

Pour vous aider à découvrir la filmographie de cette réalisatrice, voici une petite sélection de ses meilleurs œuvres dont plusieurs sont projetés ce weekend pour la seconde partie de cette rétrospective M+ (voir infos en fin d'article).

Boat People (1982)

La crise des réfugiés vietnamiens après la victoire du nord communiste sur le sud en 1975 frappa de plein fouet Hong Kong et inspira grandement les réalisateurs hongkongais. Si beaucoup se contentèrent d'utiliser les réfugiés comme de simples méchants pour leurs films d’actions, certains essayèrent de comprendre davantage le phénomène. Ann Hui fut de ceux-là. 

Boat People est le dernier volet de ce que l’on appelle la trilogie vietnamienne de la réalisatrice, après l’épisode télévisé Boy From Vietnam et le long métrage Story of Woo Viet. On y suit un journaliste japonais (George Lam) qui revient dans le sud Vietnam après la victoire communiste. Il va réaliser que ce qu’on veut bien lui montrer ne reflète pas forcément la réalité. Produit par la Chine avec l’idée de critiquer le régime vietnamien, Boat People est en réalité une puissante métaphore des craintes que Hong Kong ressentait (et ressent encore ?) par rapport à son retour à la République Populaire de Chine.

Song of the Exile (1990)

Film semi auto-biographique pour la réalisatrice, Song of the Exile suit la jeune Hiuyan (Maggie Cheung), étudiante à Londres, qui revient à Hong Kong pour le mariage de sa sœur. Là, elle se confronte à sa mère japonaise (Lu Hsiao Fen) et apprend à la redécouvrir en l’accompagnant dans un pèlerinage que sa mère entreprend dans sa ville natale. Extrêmement touchant, Song of the Exile a comme thème central la question de l’identité et l’appréhension des différences culturelles, un sujet qui résonne toujours puissamment dans une ville à l’identité aussi multiple et brouillée que Hong Kong.

 

Summer Snow (1995)

Après une série d’échecs commerciaux, Ann Hui revient en force en 1995 avec Summer Snow qui s’intéresse à une catégorie rarement traité par le cinéma local : le troisième âge. May (Josephine Siao) est une femme au foyer hongkongaise typique qui voit son quotidien chambouler par la mort de sa belle-mère. Son beau-père emménage dans sa famille mais souffre d’Alzheimer, rendant la cohabitation à la fois difficile et riche en redécouvertes. Beau portrait de femme soutenue par l’interprétation brillante de Josephine Siao, Summer Snow traite d'un sujet grave avec suffisamment de légèreté pour ne pas sombrer dans le mélodrame. Elle émeut et nous donne à réfléchir sur les relations humaines. Du grand art.

July Rhapsody (2002)

Lam Yiu Kwok (Jacky Cheung) est un professeur de littérature chinoise dont le mariage bat sérieusement de l’aile. Il entame une relation adultère avec  Woo Choy Lam (Karena Lam), une de ses étudiantes. Derrière ce pitch à la Lolita se cache une œuvre d’une grande richesse, abordant des thèmes aussi variés que la crise de la quarantaine, le rapport au désir, les déficiences du système éducatif hongkongais ou encore l’incontournable question identitaire. On pourrait craindre un trop plein mais le traitement à la fois subtil et judicieux de la réalisatrice ne peut que fasciner le spectateur.

A Simple Life (2011)

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A Simple Life

Basé sur l’histoire vraie du producteur Roger Lee, Simple Life peut être vu comme le film compagnon de Summer Snow. Le long métrage se concentre sur Ah Tao (Deannie Yip), une domestique âgée vivant avec le seul membre de la famille dont elle s’est occupée toute sa vie toujours à Hong Kong, Roger (Andy Lau). Suite à une crise cardiaque, celle-ci doit intégrer une maison de retraite et s’adapter à ce nouveau style de vie. Ann Hui attire notre attention sur cette frange de la population, les domestic helpers et autres membres du troisième âge, souvent ignorés par la société moderne. Tout comme Summer Snow, l’éclairage se fait sans misérabilisme, à travers des personnages touchants envers lesquels l’empathie se ressent naturellement.  

 

Informations pratiques:

M+ Screenings - seconde partie du 14 au 16 décembre - voir détail sur le site de l'évènement

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