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Andrea Richey à Hong Kong : "Protéger les requins nous concerne tous"

A l’occasion de la cinquième édition de la Fête de la Science, organisée par le Consulat général de France à Hong Kong et en partenariat avec le Musée de la Science de Hong Kong, Le Petit Journal a pu s’entretenir avec la directrice exécutive de la Hong Kong Shark Foundation, Andrea Richey, qui donnera le 10 octobre une conférence intitulée « Global Shark Crisis: Why We Need Sharks! ».

andrea richeyandrea richey
Écrit par Léane Gendraud
Publié le 8 octobre 2024, mis à jour le 7 octobre 2024

Planter les graines du changement

Fondée en 2008, Hong Kong Shark Foundation a pour mission de sensibiliser le grand public à la protection des requins. Cette mission d’ordre mondial est nécessaire, puisqu’elle est associée à l’objectif 14 "Vie sous l'eau" des Objectifs de Développement Durable de l’ONU (les UNSDG). En d’autres termes, il s’agit de conserver et d’exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable.

Aussi, au sein de la même journée, Andrea Richey, directrice exécutive de la fondation depuis 2019 et bénévole depuis 2015, enfile une multitude de casquettes. Mais la plus importante, c’est celle d’éducatrice. Selon elle, « lorsqu’on éduque la jeunesse, on plante les graines du changement ». Ainsi, chaque année à Hong Kong, la fondation rencontre 10 000 élèves pour les informer sur la disparition des requins, la nécessité de les protéger, mais également « leur donner des solutions ». Au-delà de la jeunesse, la fondation a pour objectif d’informer l’intégralité du grand public sur la crise mondiale des requins.

Avoir une fondation de protection des requins à Hong Kong est tout à fait sensé, puisque 50% des ailerons de requins du monde entier sont commercialisés via Hong Kong seulement. De plus, Andrea Richey nous informe qu’Hong Kong est le deuxième consommateur de produits de la mer d’Asie, et le huitième au monde. Chaque résident de Hong Kong consomme en moyenne 72 kilos de requin chaque année. Ainsi, sensibiliser la population hongkongaise pourrait grandement contribuer à la cause des requins au niveau mondial.

Andrea Richey shark
Andrea Richey lors d'une intervention dans une école @Green Queen

70 % des requins ont disparu depuis 50 ans

Plus de cent millions de requins sont tués chaque année. Résultat : « 70% des requins ont disparu au cours des 50 dernières années », d’après Andrea Richey. Ces chiffres ne sont pas seulement impressionnants mais surtout alarmants. En effet, les requins sont essentiels, pour plusieurs raisons-clés.

Premièrement, les requins jouent un rôle de prédateurs supérieurs dans la chaîne alimentaire marine. En régulant les populations d'autres espèces, ils contribuent à maintenir l'équilibre des écosystèmes. Leur disparition peut entraîner des déséquilibres, comme la surpopulation de certaines espèces, qui peuvent à leur tour nuire à la santé des coraux et des habitats marins.

Deuxièmement, les requins sont des indicateurs de la santé des océans. Une population de requins en bonne santé est souvent le signe d'un écosystème marin équilibré et diversifié. La protection des requins contribue donc à préserver la biodiversité, qui est essentielle pour la résilience des écosystèmes face aux changements environnementaux.

Troisièmement, les requins jouent un rôle important dans le changement climatique. En protégeant les requins, nous protégeons également la santé des océans dans leur ensemble. Les océans régulent le climat, produisent une grande partie de l'oxygène que nous respirons et absorbent le dioxyde de carbone. Des océans sains sont donc cruciaux pour lutter contre le changement climatique.

 

Andrea richey
Andrea Richey (à gauche), directrice exécutive de la Hong Kong Shark Foundation, et Christile Drulhe (à droite), Consule générale de France à Hong Kong et Macao, lors du lancement de la cinquième édition de la Fête de la Science, le 3 octobre 2024

Soyez des consommateurs informés

À Hong Kong, seulement 12 des plus de 500 espèces de requins sont protégées par la loi. Cela s’explique par le fait que la R.A.S. est signataire de la Convention on International Trade in Endangered Species of Wild Fauna and Flora (la CITES). Son objectif est de garantir que le commerce international des spécimens d'animaux et de plantes sauvages ne menace pas la survie des espèces. Cependant, Andrea Richey estime que ces mesures « ne sont pas suffisantes » pour réellement avoir un impact sur la protection des requins. Ainsi, chaque individu doit agir de son côté, en devenant un « citoyen guerrier ». Mais comment ?

D’abord, il est utile de stopper toute consommation de requin. « Soyez un consommateur informé avant d'acheter quelque chose », conseille Andrea Richey. De nombreux produits que nous consommons contiennent du requin, souvent même sans que nous le sachions. Parmi les produits alimentaires, on trouve la soupe d’aileron de requin, mais également le ceviche, l’incontournable fish & chips, ou encore les croquettes et pâtées pour animaux de compagnie. Mais cela ne s’arrête pas là : les cosmétiques sont également touchés. De nombreux produits de beauté comme les crèmes hydratantes ou les rouges à lèvres, contiennent du squalène, qui est de l’huile de foie de requin. Cette substance est largement plébiscitée par la K-beauty, l’industrie cosmétique la plus populaire du moment. Ainsi, il peut être judicieux de privilégier les produits étiquetés « vegan » ou « cruelty-free », mais également de boycotter tout établissement ou événement proposant du requin.

De plus, vous pouvez agir en apportant de l’aide à la Hong Kong Shark Foundation. La fondation est « totalement indépendante », assure Andrea Richey. Aussi, vous pouvez contribuer financièrement à la vie de la fondation par le biais de dons. Vous pouvez aussi apporter de votre temps en devenant membre de l’association, en prenant part à des nettoyages de plage (comme celui organisé le 8 octobre dans le cadre de la fête de la science en partenariat avec l’ONG Plastic Free Seas), ou en signant des pétitions.

Enfin, il est important de s’informer sur cette crise, par tous les moyens possibles. Andrea Richey recommande le visionnage de « Sharkwater Extinction » (2018) réalisé par Rob Stewart, dans lequel ce dernier expose le commerce illégal des ailerons de requin. Vous pouvez également assister à des conférences ou à des visites écotouristiques. Par exemple, la Hong Kong Shark Foundation propose une visite du marché des produits de la mer de Hong Kong, situé à Sai Ying Pun, à Sai Wan. Vous pouvez également venir à Hong Kong University en salle MB217 le 10 octobre de 17h à 18h, pour assister à la conférence d’Andrea Richey « Global Shark Crisis: Why We Need Sharks! ».

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