En déplacement à Hong Kong et Macao pour jouer Hugo au Bistrot et présenter son livre Vivre en bourgeois, penser en demi-dieu, l’artiste a séduit le public lors de la première.
Sa voix, sa prestance et son amour des textes de Victor Hugo ont été d’une redoutable efficacité. Il renouvelle l’exercice samedi soir à Macao et dimanche à Hong Kong… les guichets sont ouverts!
Jacques Weber est un artiste aux talents multiples: homme de théâtre, de cinéma, acteur, réalisateur, scénariste et écrivain.
Hier au soir, il endossait son rôle plus traditionnel de comédien à l’hôtel Park Lane avec la pièce Hugo au Bistrot. Peu avant, c’était celui d’écrivain qu’il partageait lors d’une rencontre-signature dans une ambiance intime à la Libraire Parenthèses.
À la sortie de la pièce, aucun doute, le public semblait comblé par les textes de l’immense écrivain français et la prestation du grand comédien. Au détour des tables, vous entendiez parler de la voix de Jacques Weber, de sa prestance, de ses déplacements dans la salle… et de la beauté des textes choisis. Et c’est vrai que la pièce donne férocement envie de se replonger dans les classiques de Victor Hugo.
La rédaction du petitjournal a eu la chance de recueillir quelques mots de Jacques Weber après la représentation.
Lepetitjournal.com (Marc Schildt): Pouvez-vous nous expliquer comment s’est montée cette pièce et le choix des textes de Victor Hugo ?
Jacques Weber: Le choix des textes a été fait par ma femme, on fait tout ensemble. C’est un choix qui correspond à des coups de foudre. Nous avons lu beaucoup de textes et nous sommes arrêtés sur quelques-uns. Après, il a fallu jouer entre les coups de foudre et la nécessité d’un équilibre à trouver pour un spectacle. Mais, ce n’était pas des choix thématiques, pédagogiques, je n’aime pas ces choix. Je préfère les choix de désir, les choix sensuels. C’est comme ça qu’un spectacle peut marcher et se partager avec les gens.
Jouer cette pièce à Hong Kong, était-ce un pari ? Comment fait-on pour aborder un spectacle aussi loin?
Quand on ne connait pas le lieu, et qui plus est, pas du tout le public, c’est très différent des représentations habituelles. Il ne faut pas s’attendre à quoi que ce soit, pour se concentrer uniquement sur le texte, le texte, et le texte! Ce que le texte vous inspire ici et maintenant. Et puis, il faut faire en sorte très concrètement que tout le monde vous entende et vous voit bien. Après les choses s’échappent de vous-même, elles se construisent sur le plaisir de part et d’autre, sur un partage en somme.
Pour que « les choses s’échappent », pouvez-vous nous expliquer votre relation avec le texte, le jeu d’acteur à vos yeux?
Plus ça va, plus je me rends compte que tout joue sur tout: un regard croisé, une émotion particulière dans la rue, un évènement historique, un évènement particulier dans notre vie, un fait divers…. Tout joue sur nos émotions et imprime soit des petits coups de poings soit des ricochets sur les textes que vous avez décidé d’interpréter.
C’est cela qui fait toute la vitalité du théâtre, ce qui fait que c’est un art on ne peut plus au présent. Humblement ma mission, c’est de mettre au présent, de faire revivre un texte en direct … de le faire vivre donc.
Dans ce rôle d’acteur, vous disiez (ndlr. lors d’une rencontre-signature à la Librairie Parenthèses de Hong Kong) qu’on ne peut pas s’oublier complétement, pouvez-vous nous expliquer?
Les acteurs qui disent être habités par un personnage, qui disent s’oublier, je pense que c’est une erreur, un fourvoiement. Ce n’est pas aller assez loin dans ce problème de la relation entre le personnage et soi-même. Ici, l’intermédiaire c’est moi, donc si c’est moi, le texte prend une couleur et une perception qui est un peu unique. Si c’était un autre, cela sera unique aussi. On ne peut jamais prétendre être autre chose que soi. On peut s’oublier partiellement, mais jamais totalement… et d’ailleurs au contraire quand on s’oublie vraiment, c’est peut-être là qu’on est le plus soi.
Victor Hugo, Gustave Flaubert pour votre livre, y-a-t-il d’autres projets et auteurs à venir?
Il y a d’autres auteurs sur lesquels j’ai envie de travailler : Marguerite Duras, Malcolm Lowry notamment. Mais, pour l’instant j’avais le nez dans le 19ème Siècle donc je continue un peu… Mais très bientôt, je vais faire un petit break et ce spectacle Hugo au Bistrot reprendra en février 2019. D’ici là, je vais jouer Tartuffe de Molière, mis en scène par Peter Stein, qui est un très très grand metteur en scène contemporain, avec Pierre Arditi dans le rôle de Tartuffe et moi dans le rôle d'Orgon.
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La rencontre à Parenthèses s’est faite autour de son ouvrage « Vivre en bourgeois, penser en demi-dieu » paru en janvier 2018 et rendant hommage à Gustave Flaubert. Ni roman ni biographie, le comédien mélange, dans cet ouvrage, sa vie à celle de son écrivain favori et dévoile comment il est devenu homme de théâtre.
Informations pratiques:
Des places sont encore disponibles pour les spectacles de Macao samedi soir 17 mars, et pour la représentation à Hong Kong, dimanche 18 mars à 11h30. Liens Facebook avec les détails pour les réservations : Macao et Hong Kong