Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 1
  • 0

3 logements sociaux emblématiques de Hong Kong

La crise du logement à Hong Kong est l’un des plus grands défis auxquels la ville est confrontée. Loin d’être la solution idéale, les logements sociaux sont apparus dans les années 1950 pour remédier à ce problème et aujourd’hui près de 50 % de la population vit dedans. Voici l’histoire de trois immeubles emblématiques de Hong Kong.

logements sociaux Hong Konglogements sociaux Hong Kong
Choi Hung Estate
Écrit par Laureen Duchesne
Publié le 29 mai 2024, mis à jour le 30 mai 2024

Shek Kip Mei Estate : la naissance des logements sociaux à Hong Kong

En 1945, à la fin des quatre années d’occupation japonaise de Hong Kong, la population de la ville était de 600 000 personnes. En 1951, elle est de plus de 2 millions d’habitants. Cette augmentation drastique est principalement due à l’afflux de migrants chinois qui ont fui la guerre civile puis en 1949 quand le parti communiste chinois est arrivé au pouvoir.

Dans les années 1950, toutes les habitations existantes à Hong Kong étaient occupées donc les immigrés vivaient majoritairement dans des huttes en taule et des bidonvilles dispersés dans la nature hongkongaise.

En 1953, un évènement majeur pousse les autorités à prendre au sérieux cette crise du logement. Cette année-là, la nuit de Noël, un gigantesque incendie ravage le quartier-bidonville de Shek Kip Mei, laissant en l'espace de quelques heures, 53 000 personnes sans-abris. Le gouvernement crée alors la Housing Authority et un an plus tard huit immeubles de six étages étaient construits sur le site de Shek Kip Mei pour reloger les habitants.

Shek Kip Mei logement social Hong Kong

Ces bâtiments résidentiels et standardisés ont été conçus pour résister aux incendies et aux intempéries, ce qui a considérablement amélioré les conditions de vie des personnes qui vivaient auparavant dans de simples cabanes. C’est le début des logements sociaux à Hong Kong et de la crise sans fin qui les accompagne puisque, entre autres problèmes, la demande est chaque année plus élevée que l’offre. Encore aujourd'hui, les demandeurs peuvent rester 6 ans sur liste d'attente avant d'obtenir un logement.

Depuis, le complexe de Shek Kip Mei a été entièrement rénové mais un bloc, a été conservé en tant que patrimoine architectural. La Mei Ho House abrite aujourd’hui un musée dans lequel des appartements de l'époque ont été reconstitués à l'identique. 

Choi Hung Estate : le complexe arc-en-ciel à Hong Kong

Achevé en 1963, Choi Hung Estate est l'un des plus anciens complexes de logements sociaux de Hong Kong et le plus grand à son époque. À l’origine, les onze blocs accueillaient plus de 40 000 personnes réparties dans 7 400 appartements. Son nom, qui signifie « arc-en-ciel » en cantonais, a été choisi en raison de la construction du lotissement sur un domaine agricole réputé pour les arcs-en-ciel qui s’y formaient durant la saison des pluies.

Véritable ville dans la ville, tout a été conçu pour que les habitants puissent vivre en vase clos : commerces, restaurants, marchés, écoles, poste, banque, aires de jeux et deux accès directs à la station de métro de Choi Hung.

Depuis quelques années, le lotissement et surtout son esplanade principale sur le toit du parking, où les habitants ont l’habitude de se retrouver pour une partie d’échec, de basketball ou pour faire sécher leur linge, est envahi de hordes de touristes et d’Instagrammeurs qui viennent poser devant les façades aux couleurs de l’arc-en-ciel. Si l’origine de cette mode est incertaine, le fait que deux groupes de k-pop, Seventeen et Loona, aient choisi ce lieu pour tourner l’un de leur clip a assurément augmenté l’affluence touristique.

Aujourd’hui, quelque 20 000 personnes vivent encore ici, avec un revenu médian par foyer de 15 000 HKD. Le gouvernement a annoncé fin 2023, un plan de réaménagement qui va s’étendre en trois phases sur quinze ans, avec 2 500 foyers relogés à chaque phase dans d’autres immeubles, avant de reconstruire sur le site un complexe de logements sociaux plus imposant encore.

Lai Tak Tsuen : un design innovant à Hong Kong  

Le Lai Tak Tsuen Estate a été construit en 1975 à Tai Hang dans les hauteurs de Causeway Bay. Il a été nommé en hommage à Michael Wright, architecte et directeur des travaux publics à Hong Kong dans les années 1960. Lai Tak est la version cantonaise de son nom.  Michael Wright a révolutionné les logements sociaux à Hong Kong en préconisant l’ajout d’une salle de bains et d’une cuisine privatives à chaque logement pour améliorer la qualité de vie des résidents. C’est ce qu’on a appelé le « principe Wright ».

Lai Tak Tsuen logement social Hong Kong

Le lotissement est constitué de huit blocs et 2 600 appartements, quelque 11 000 personnes y vivent. Il est particulièrement célèbre pour ses immeubles au design cylindrique unique et qui offrent une vue superbe sur le port Victoria. À l’époque de sa mise sur le marché, Lai Tak Tsuen était réputé pour être luxueux pour un logement social (une vue imprenable, une baignoire et un balcon dans chaque unité), ainsi plus de 60 000 candidatures furent reçues, ce qui obligea le gouvernement a augmenté le prix des loyers et a tiré au sort les 3 % qui allaient pouvoir y emménager. Malheureusement, avec le temps, ce design cylindrique remarquable s’est avéré ne pas être des plus fonctionnels et les résidents ont rencontré des problèmes, notamment pour meubler leur intérieur et optimiser l’espace.

Flash infos

    Pensez aussi à découvrir nos autres éditions