Le Monster Building : ce nom ne vous dit peut-être rien, mais vous l’avez forcément déjà vu en photo : manuel scolaire de géographie, sur les réseaux sociaux, scène de film hollywoodien… Ce complexe immobilier de 19 étages est recensé comme un des plus denses au monde, avec environ 6 840 personnes entassées sur 11 000 mètres carrés. Ces logements publics font également partie des plus accessibles sur le marché immobilier hongkongais. C'est probablement également un des lieux les plus “instagrammables” de Hong Kong, au grand dam de ses habitants.
L’histoire du Monster Building, symbole de la densité à Hong Kong
Le Monster Building n'a pas toujours été une attraction touristique phare de la ville, mais était à l’origine conçu comme complexe de logements sociaux dans les années 1960.
Lors de cette décennie, Hong Kong a fait face à un boom démographique soudain, la Révolution Culturelle chinoise ayant provoqué une importante vague d’immigration vers la ville. Le marché du logement a rapidement saturé et la pénurie de logements à faible coût s'est fait ressentir. De nombreux logements informels (villages de squats dans la nature hongkongaise, immeubles en copropriété bondés, etc) ont fait leur apparition.
Un homme d'affaires hongkongais, Watt Mo-kei, y a vu une opportunité, pour loger cette nouvelle population à faible revenu. Il a financé la construction de ce complexe, optimisé pour intégrer autant d'appartements que possible, tout en respectant les codes de construction et les réglementations gouvernementales de l'époque.
Aujourd’hui, ce complexe est souvent comparé à celui de l'ancienne Kowloon Walled City, conduisant au surnom que nous connaissons aujourd'hui.
Un cliché de Hong Kong à l'international
À l’étranger, lorsque le mot “Hong Kong” est prononcé, les premières images qui viennent à l'esprit suggèrent la forte densité de population. Cela est en grande partie dû à la médiatisation du Monster Building, sur les réseaux sociaux et au cinéma.
Le hashtag “#monsterbuilding” sur Instagram atteint presque les 20 000 publications. De nombreux photographes et influenceurs mettent en avant le lieu, attirant touristes et fans désireux de prendre les mêmes photos que leur modèle. Le grand écran s’est aussi intéressé à l’endroit, pour des mises en scènes dramatiques dans un Hong Kong surpeuplé.
Comme la Tour Eiffel pour Paris, ce complexe immobilier est devenu une référence mondiale. Il apparaît dans “Transformers : Age of Extinction” de Michael Bay, ou le remake de l’animé “Ghost in the Shell”, qui a reconstitué l’endroit grâce à des images de synthèse.
Cette présence sur les films a accentué le nombre de visiteurs sur les lieux. De plus, cette médiatisation a conduit à son utilisation dans les manuels scolaires pour illustrer la densité et les inégalités de Hong Kong.
L'impact négatif de la médiatisation
Il arrive que la médiatisation de certains lieux dans la pop culture permette de valoriser des espaces auparavant négligés. Dans le cas du Monster Building, le flot de visiteurs conduit plutôt à des situations absurdes.
Ainsi chaque jour se presse une foule de photographes sur ce site. Une résidente ayant vécu toute sa vie dans le Monster Building déclarait récemment à l'un de nos confrères : "Les personnes âgées et les enfants sont souvent gênés par les visiteurs, dans la mesure où ils ne peuvent plus jouer au mahjong et au badminton pendant la journée”.
Comme l'accès n'est pas protégé, ils sont privilégiés par les photographes à la recherche de “la” photo qui fera la différence. Le bruit constant et le manque de respect de la part des visiteurs, qui laissent en outre de nombreux déchets sur les lieux, perturbe le quotidien des résidents.
Heureusement, récemment, des affiches ont été placées par certains résidents informant les touristes de passage et les Instagrameurs de respecter la vie privée des résidents et de s'abstenir de prendre des photos dans l'arrière-cour. Ces affiches ont été complétées par un grillage autour des monticules de béton sur lesquels grimpaient les touristes.
A suivre