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Journée des droits des femmes : des volontaires françaises témoignent

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Anais, l'une des trois volontaires ayant témoignée
Écrit par France Volontaires Vietnam
Publié le 8 mars 2021, mis à jour le 11 mars 2021

À l’occasion du 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, trois volontaires françaises ayant effectué ou effectuant une mission de Volontariat de solidarité internationale (VSI) au Vietnam, nous racontent leur expérience en tant que femme dans le pays.
 

« La vendeuse m’a regardée et m’a dit que j’étais trop grosse »

Au Vietnam, outre la gastronomie ou le flux continu des deux-roues motorisés dans les grandes villes, l’interculturalité se retrouve surtout dans les interactions sociales. Certaines volontaires ont été prises de court par le franc-parler des Vietnamiens, notamment par des remarques sur le physique. Morgane, Coordinatrice des programmes en VSI pour l’ONG Enfants d’Asie, raconte : « Un jour, j’ai voulu essayer un t-shirt au marché. La vendeuse m’a regardée et m’a dit que j’étais trop grosse pour rentrer dedans. » Arrivée il y a trois ans, elle analyse maintenant la situation avec du recul. « Les Vietnamiens disent ce qu’ils pensent sans vouloir vexer la personne en face. Ils sont juste dans la description. »
 

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Morgane avec une étudiante


« C’est vrai que tu as la peau mate, mais tu ne fais pas sale »

Franc-parler ou manque de tact, certains commentaires sur le physique peuvent gêner. Anaïs, VSI auprès du Centre Franco-Vietnamien de formation à la Gestion (CFVG), se souvient qu’une fois, son ancienne collègue vietnamienne lui avait glissé le temps d’un trajet en taxi : « C’est vrai que tu as la peau mate, mais tu ne fais pas sale, t’es jolie quand même ! » En effet, au Vietnam, aujourd’hui encore, la peau blanche fait partie des standards de beauté. « Les Vietnamiens assimilent le travail dans les champs et la couleur de la terre à la couleur de la peau. Il n’y a aucun rapport ! »
 

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Publicité dans les rues de Saïgon


« Merci pour votre beauté »

Ce biais culturel peut choquer voire déranger, surtout quand il s’agit de remarques et/ou de comportements sexistes. « En tant que femme, jeune et Française, on me ramenait toujours à mon physique » se rappelle Naïma, ancienne assistante de coordination en VSI auprès de l’ONG Agrisud sur un projet de diversification des revenus des minorités ethniques. « Quand on déjeunait avec des partenaires, au moment de porter un toast, nous étions dans une optique professionnelle : "Merci pour votre participation à ce projet." Tandis qu’eux disaient : "Vous êtes très belle, merci pour votre beauté et merci d’être venue ici." »
 

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Naïma, en mission chez Agrisud


« On m’a prise pour son assistante »

Ce genre de commentaire alimente les préjugés sexistes de la femme « potiche » au travail ou de l’assistante qui prend des notes. Évoluant toutes dans un milieu paritaire en termes de chiffres, elles soulignent néanmoins que les postes à responsabilité sont généralement occupés par des hommes. Anaïs, Représentante française au CFVG, se souvient : « Une fois, alors que j’étais en rendez-vous avec mon directeur, un homme français d’une cinquantaine d’années, on m’a prise pour son assistante. » Elle souligne l’importance d’avoir un allié au travail. « Après cette réunion, furieuse, j’ai demandé à mon directeur de changer la configuration afin que je puisse participer davantage. Il a tout de suite compris et cela n’est plus jamais arrivé. » Anaïs rappelle aussi l’importance en tant que femme « de ne pas rester en retrait : c’est à nous de forcer et de prendre la place. »
 

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Anaïs


« Je sens qu’on attend de moi que je serve les hommes »

Le sexisme s’exprime également dans les activités quotidiennes sous couvert de galanterie. Bien que cela ne parte pas d’une mauvaise intention, pour Morgane, « quand les hommes faisaient les choses pour moi alors que je ne leur avais rien demandé, ça me bloquait ». Naïma donne un autre exemple : « Notre travail nécessitait d’aller sur le terrain en scooter et donc cela arrivait très souvent que je ne conduise pas, car c’est à l’homme de conduire. » Une galanterie qui exacerbe en réalité les rôles de genre dont Anaïs a très vite voulu s’écarter. « Quand je dîne avec d'anciens collègues, je sens qu’on attend de moi que je serve les hommes, car ça serait mon rôle de femme. Mais moi, je ne rentre pas dedans. »
 

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Morgane entourée de l'équipe d'Enfants d'Asie Vietnam

 

« On te fait comprendre que tu es invitée et que tu ne peux pas refuser »

Pour avoir une meilleure compréhension des rôles de genre* et de ses injonctions au Vietnam, l’Institut d’Étude du Développement Social (ISDS, Institute for Social Development Studies) a publié l’année dernière une étude sur « Les masculinités au Vietnam ». On y découvre l’idée selon laquelle bien tenir l’alcool ferait d’un homme un « vrai homme ». Une théorie illustrée par Naïma qui raconte qu’ « à Sapa le repas tournait beaucoup autour de l’alcool de riz » et que bien qu’elle n’ait jamais été forcée physiquement à boire, elle a senti une pression morale de la part de ses collègues majoritairement masculins. « Il y a une forme de coercition, on te fait comprendre que tu es invitée et tu ne peux pas refuser. » C’est comme un rite d’intégration : « Si tu décides de mettre autre chose dans ton verre, on ne te sert pas la main. Si tu ne finis pas ton shot d’alcool, on ne te sert pas la main non plus. » Boire pour s’intégrer ? Anaïs a refusé d’aller à l’encontre de ses principes. « Quand on fait des repas, certains vont boire pour faire plaisir, mais pas moi. »
 

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Naïma


« Je me sens 100 % en sécurité au Vietnam »

Harcelées dans la rue une ou deux fois, elles relativisent par rapport à la France, s’accordant à dire que globalement, le sentiment de sécurité est dominant. Toutes les volontaires ont évoqué se sentir à « 100% en sécurité au Vietnam ». « De manière générale, le harcèlement est un problème qu’on retrouve partout dans le monde. Je n’ai pas senti qu’au Vietnam c’était problématique. J’ai même senti que c’était plus sûr qu’en France.» témoigne Naïma. « Je peux rentrer à 2-3h du matin en short et me sentir en sécurité. Je ne me sens pas du tout en danger comme en France », ajoute Morgane. Quant à Anaïs, qui prépare et appréhende son retour dans l’Hexagone : « Je vais souvent chez la couturière pour me faire des vêtements adaptés à la France, des vêtements qui ne sont pas trop courts. En France, le jugement est très oppressant. »
 


Auteur : David Luu


*Rôle de genre : « Ensemble des comportements, des attitudes, des occupations et des intérêts légitimes ou attendus, que les normes culturelles prévalant dans une société déterminent comme étant appropriés à un genre. »

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