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La vie à petite échelle au Vietnam

Au Vietnam, la petitesse s’impose comme un trait marquant du quotidien. Les habitants figurent parmi les plus petits d’Asie du Sud-Est, les vêtements disponibles en magasin sont souvent coupés pour des morphologies menues, et les célèbres chaises en plastique des restaurants de rue ne dépassent guère la hauteur d’un tabouret d’enfant. Derrière ces “petites choses” se dessinent des réalités historiques, culturelles et sociales.

La vie à petite échelle au VietnamLa vie à petite échelle au Vietnam

Une “petite” population 

Avec une taille moyenne d’environ 168 cm pour les hommes et 156 cm pour les femmes, les vietnamiens figurent parmi les populations les plus petites d’Asie du Sud-Est. Ce constat s’explique en partie par l’histoire du pays : guerres, pauvreté chronique, carences alimentaires ont longtemps limité la croissance physique. Aujourd’hui encore, selon les autorités sanitaires, près d’un enfant sur cinq souffre de retard de croissance. 

Mais la tendance s’inverse. Des programmes nationaux comme le National Health Program 2018-2030 investissent dans la nutrition scolaire et la prévention sanitaire. Résultat : la taille moyenne des jeunes générations augmente régulièrement, ce qui est un signe d’amélioration rapide des conditions de vie. 

 

Des chaises minuscules, symbole d’une culture de rue

Si la stature des Vietnamiens est en train de changer, une chose demeure : la petitesse du mobilier urbain. Les chaises en plastique, souvent colorées, sont devenues un véritable emblème du street food vietnamien. Ces assises basses et fragiles intriguent les voyageurs : pourquoi manger accroupi, alors qu’il serait possible de s’installer à table ? 

La réponse tient à la fois à la praticité et à la culture. Ces chaises sont peu coûteuses et peu encombrantes permettant aux restaurants d’occuper discrètement un trottoir puis de ranger leur matériel à la moindre averse. Elles rapprochent également les convives, elles créent une atmosphère conviviale, décontractée et égalitaire. C’est également une habitude corporelle. S’asseoir bas, parfois presque accroupi, correspond à une posture naturelle pour de nombreux Vietnamiens, même si elle est jugée inconfortable pour de nombreux visiteurs étrangers. 

 

Des portions modestes

La petitesse s’observe aussi dans l’assiette. La cuisine vietnamienne privilégie souvent des bols ou assiettes de petite taille, servis en portions modérées. Plutôt qu’un plat unique et copieux, on enchaîne plusieurs mets légers : une soupe, quelques rouleaux de printemps, un bol de nouilles. Cette logique favorise la variété et le partage, tout en correspondant à un mode de vie rapide et urbain. 

 

Des vêtements et des espaces à taille réduite

La petitesse se retrouve aussi dans la mode et l’urbanisme. Les étrangers ont souvent du mal à trouver leur taille dans les boutiques locales, où les standards sont pensés pour une morphologie menue. 

Dans les villes, les ruelles étroites constituent un autre marqueur de cette échelle réduite. Ces passages parfois si fins que deux scooters peinent à s’y croiser,  concentrent pourtant une intense vie sociale : commerces, voisinage, repas partagés. Autour d’elles se dressent les célèbres maisons tubulaires, hautes mais très étroites, souvent limitées à deux ou trois mètres de façade. Elles incarnent l’art vietnamien de “faire beaucoup avec peu d’espace”. 

Paradoxalement, cette petitesse n’a rien d’une limite. Elle illustre au contraire la capacité vietnamienne à faire beaucoup avec peu : occuper un trottoir pour créer un restaurant, optimiser un espace exigu, se satisfaire de chaises minuscules pour partager un repas.

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