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Différence culturelle franco-vietnamienne, obstacle pour vivre une histoire d’amour?

Les relations humaines resteront les plus grandes épreuves à vivre dans notre existence. A chaque étape de la vie, nous serons amenés à faire diverses rencontres apportant des expériences riches, intenses, pleines, mouvementées, surprenantes, inattendues…etc. Certaines rencontres seront écrites et d’autres faites de hasard. Dans le cas des rencontres faites à l’étranger avec une personne qui ne partage pas la même culture, cela apporte certains questionnements dont nous devons prendre en considération. « Sommes-nous capable de nous ouvrir à ceux ou celles qui ne partagent pas la même culture ? Pouvons-nous accepter les différences culturelles ? Réussirons-nous à trouver un terrain d’entente lorsque les difficultés se présentent à nous ? »

Différence culturelle franco-vietnamienne, obstacle pour vivre une histoire d’amour?Différence culturelle franco-vietnamienne, obstacle pour vivre une histoire d’amour?
Écrit par Hien Claire Munier
Publié le 11 janvier 2024, mis à jour le 8 février 2024

Passionnée par l’écriture et inspirée par les histoires humaines, émotionnelles, amoureuses et psychologiques, Hien Claire Munier part à la recherche de couples formés par un / une expatrié.e avec un / une local.e afin de les interviewer et de parler de leurs expériences amoureuses à l’international.

Les deux premiers couples mixtes composés par Jérémy FEVRIER, français expatrié avec Vi DONG puis Yvi KERVYN DE MEERENDRE, Franco-vietnamien d’un père belge et d’une mère vietnamienne et marié à Yến Linh QUACH. Une belle amitié naîtra de ces 2 relations internationales.

 

Hien Claire Munier : Comment vous vous êtes rencontrés ? / Quelles ont été les circonstances de votre rencontre ?

Yvi KERVYN : Mon premier contact avec ma femme actuelle s’est déroulé en 2018. Je sortais d’une rupture amoureuse, un ami m’a présenté Yến Linh puis j’ai pris contact avec elle via Zalo, une application vietnamienne semblable à Whatsapp. Mais elle ne voulait pas me rencontrer physiquement comme je traversais encore une période de rupture avec ma précédente relation, elle avait beaucoup d’hésitation concernant l’état de ma situation.
Un an plus tard, je lui ai écrit à nouveau sur Zalo puis nous avons échangé nos réseaux sociaux. A la suite de plusieurs conversations virtuelles qui se sont bien passées, nous avons décidé de nous rencontrer en personne pour notre premier rencart dans un restaurant où elle travaillait à l’époque. Nous avons diné ensemble au Pizza 4P’s mais il y avait également un autre couple d’amis qui a partagé ce moment avec nous. Cela ressemblait à un double rencart.

 

Y Vi et sa femme vietnamienne : relation de couple mixte
Yvi KERVYN et Yến Linh

 

Jérémy FEVRIER : J’ai rencontré ma partenaire actuelle durant l’année du COVID courant mars 2020. Avec l’ère des applications de rencontre telles que Tinder, Bumble…etc, nous avons tous les deux utilisé Tinder. Nos premiers échanges via les messages sur cette application ont duré pendant 2 semaines. Puis nous avons décidé de nous rencontrer en personne dans mon appartement en célébrant ce moment gaiement puis la relation a commencé tout naturellement.

Vi DONG : Jérémy avait déjà voyagé au Vietnam par le passé puis il y a eu le confinement dans le pays durant l’été 2021. Il a atterri à nouveau dans ce pays un peu avant le confinement accompagné de son ami. Nous nous sommes écrits beaucoup via Tinder pendant quelques temps et parlant de nos intérêts communs, de ce qu’on aime faire, voir (films) ou pas. Après quelques semaines d’échanges virtuels, nous avons décidé de nous rencontrer en personne. Durant cette période de rencontre, il y a eu d’abord une barrière de langage mais heureusement il était accompagné de son ami qui parlait bien anglais et qui fut notre traducteur pour nous aider à mieux communiquer entre nous.

 


H C M : Est-ce que la mixité franco-vietnamienne possède pour vous des avantages ou inconvénients ? Si oui, quels sont-ils ?

Y.K : L’épreuve la plus difficile s’est déroulée durant notre première année spécialement quand nous avons emménagé ensemble dans un même espace. Les différences ont pu être constaté, elle est venue habiter chez moi, dans mon appartement. Dans la culture de ma femme, les gens ne ressentent pas le besoin de tous partager parfois. Je le conçois entièrement car je n’attendais pas qu’elle partage tous avec moi. La communication et la pensée vietnamienne ne sont pas claires. Certaines réponses aux questions n’apportent pas de clarté ni de précision. Le « oui » peut être interprété comme un « non » et inversement. Il arrivait que ma femme contourne ses réponses pour répondre à mes questions sur la vie quotidienne. Il m’était déjà arrivé d’être en colère contre elle pour l’utilisation d’une communication confuse au quotidien que ce soit à la maison ou par message. Etant élevé dans une culture étrangère : française, je suis assez direct dans mes réponses pour aller droit au but. Nous avons dû faire beaucoup de compromis, d’arrangement pour apporter un peu plus de douceur dans notre vie. Ce fut une première année un peu chaotique pour être honnête (rire). Les échanges verbaux étaient présentés comme un contrat dans lequel l’un / l’une impose à l’autre sa vision des choses (ex : « tu dois faire ça !» ; « pourquoi tu me demandes de faire ça ? » ; « tu devrais faire ça » ; « tu devrais dire ça au lieu de ceci » ; « tu ne devrais pas faire ça » …etc.). Il y a eu cette période durant laquelle chacun essayait de changer l’autre globalement. Mais après un certain temps, nous nous sommes mis d’accord sur un point majeur : éviter de changer l’un et l’autre. Ce qui nous importait le plus était la beauté de nos différences spécialement quand on sait qu’on se sent bien ensemble malgré ces issues verbales.   

Je pense que dans toutes les relations, la première année est la période dans laquelle chacun teste l’autre. Mais ce qui est important c’est que les deux partenaires se sentent à l’aise ensemble. Comme je parlais vietnamien aussi, cela a beaucoup aidé ma femme pour communiquer clairement et aller droit au but pour la suite de notre relation. Le seul point conflictuel que nous pouvons avoir ensemble concerne surtout la différence culturelle : la façon de dire et de penser quelque chose peuvent se diverger (ex : aller droit au but dans la culture française par opposition à emprunter plusieurs chemins pour arriver à la même destination dans la culture vietnamienne). Je me rappelle d’une question simple que je lui avais posé quand elle allait travailler.
« As-tu pris ton scooter pour aller au travail ? » Elle m’a répondu « non » dans un premier temps puis elle a changé de réponse pour un « oui ». Finalement, elle m’explique qu’elle a pris un Grab. Avec ma culture française, j’ai interprété ses réponses comme un mensonge car elle les changeait constamment. Mon but n’était pas de contrarier ma femme avec mes questions, j’attendais que ma femme me donne une réponse claire et directe.

V.D : La mixité franco-vietnamienne ne présente pas de nombreux inconvénients pour moi excepté le barrage de la langue depuis notre première rencontre. Jérémy est français et il ne parle pas vietnamien mais nous arrivons toujours à communiquer dans une autre langue comme l’anglais par exemple. Utiliser une langue étrangère autre que celle maternelle apporte parfois une certaine frustration quand on souhaite exprimer les sentiments et émotions. On se sent un peu privé de ne pas les exprimer tels qu’ils sont. Ce qui est intéressant dans un couple mixte, c’est l’opportunité de mieux apprendre sur le / la partenaire et sa culture. Cela nous pousse à ouvrir notre esprit, nos pensées sans jugement. A l’opposé, la culture vietnamienne continue encore à suivre une certaine tradition dont on ne peut pas aller au-delà de la pensée traditionnelle dans le but de ne pas contrarier la personne en exprimant sincèrement nos profondes pensées. La culture occidentale est plus libre surtout dans la manière de penser chaque chose telle qu’elle est réellement et créant une ouverture d’esprit pour accepter différents points de vue.
Au début de ma relation avec Jérémy, je ne me considérais pas comme une personne ouverte d’esprit. Lorsque j’ai commencé à le fréquenter quotidiennement, je partage plus de choses avec lui petit à petit.

 

Expatrié français Jérémy avec sa copine asiatique
Jérémy FEVRIER et Vi DONG

 

J.F : Pour moi, fréquenter une personne asiatique fut une expérience humainement riche. Je trouve que les femmes françaises sont devenues intouchables à cause de l’énergie masculine qu’elles font ressortir d’elles car elles recherchent l’égalité tout en diminuant la domination masculine (côté patriarcal qui va disparaître petit à petit) dans leurs vies. Tandis que les femmes asiatiques laissent cette culture patriarcale encore très présente dans leur pays et vies quotidiennes. Elles reconnaissent que chaque personne a un rôle à jouer dans la relation, chacun à sa place et leur vision est proche de la nature humaine. L’homme est le sexe dominant et fort mais la femme est douce et docile. Cela n’est pas à prendre dans le sens sexiste. La femme asiatique a une vision influencée de par sa culture mais également de l’image donnée par sa famille. Le seul inconvénient est le manque de précision dans la communication avec la femme asiatique. Si je lui pose une question ouverte, elle va me répondre avec une question fermée ou négative mais elle ne va pas me répondre directement. J’ai également remarqué qu’il y avait un manque de logique dans la culture vietnamienne. Quand je lui demande de faire quelque chose instantanément, elle laisse les choses passées puis oublier de les faire. Alors il faut répéter plusieurs fois en insistant lourdement pour que les choses soient réalisées.   

 


H C M : Quelles ont été les difficultés que vous avez rencontré avec la différence de culture de vos partenaires ?

J.F : Je trouve que la femme vietnamienne est moins indépendante une fois rentrée dans la relation amoureuse. Lorsque Vy vivait seule chez elle, elle pouvait faire les activités et les tâches pour elle et son propre bonheur. Mais depuis qu’elle a emménagé chez moi, elle a besoin de moi pour faire ces mêmes activités et tâches quotidiennes avec elle. L’autre difficulté que j’ai rencontré dans ma relation est que parfois, ma partenaire cherchait à me changer alors que je souhaiterais être moi-même sans que Vy se plaigne pour qui je suis réellement. J’aimerais retrouver cette totale liberté de ma propre personne avec ma personnalité et être accepté par l’autre.

V.D : Pour être honnête avec ce que Jérémy a dit précédemment, tu peux faire plein de choses par toi-même, mais parfois tu as envie de faire ces choses-là avec la personne que tu aimes. De temps en temps, je lui fais part des demandes qui peuvent paraître idiotes telles que faire des activités ensemble mais cela ne signifie pas que je ne suis pas capable de les faire seule. J’ai aucun problème avec sa culture française, car j’ai conscience que la mienne est plutôt traditionnelle. Lorsqu’un couple emménage ensemble dans un même espace, cela n’est pas très populaire au Vietnam en général puisque je continue à vivre avec mes parents ou je reste seule. Avec la vie moderne que nous vivons actuellement, nous nous arrangeons toujours pour trouver une balance entre notre vie de couple et ma famille traditionnelle avec laquelle j’ai besoin d’expliquer les raisons à travers une communication claire et une ouverture d’esprit. Pour un couple occidental qui emménage ensemble, cela montre qu’il y aura un changement rapide dans leur relation puisque les deux partenaires se sont choisis mutuellement pour vivre ensemble leur vie commune sur le long terme. Dans la culture vietnamienne, si je ressens qu’une relation n’est pas bonne pour moi, il me faudra quelques temps de réflexion tandis que pour Jérémy, ce point de discorde n’est pas trop un problème. Il y a d’autres difficultés auxquelles je suis confrontée avec Jérémy est notre façon de penser avec notre différence de culture lorsque survient une dispute. Pour moi, il est fondamental que nous devons partager nos pensées car nous avons tendance à nous laisser influencer par notre culture et notre mode de vie. Nous devons nous écouter plus attentivement sur ce que pense l’autre personne sans juger.       

Y.K : La seule difficulté au niveau de nos différences culturelles s’opposera entre ma famille et celle de ma femme Yến Linh. J’ai grandi avec un père belge et une mère vietnamienne et nous avons vécu quelques temps en France. Ma famille est très ouverte d’esprit puisque nous pouvons parler 3 langues : français, anglais et vietnamien. Tandis que la famille de ma femme est beaucoup plus traditionnelle et ne parlant que vietnamien et vivant à la campagne. C’est une autre condition de vie dont j’ai pleinement conscience de la manière dont la famille de ma femme vive. Quand je suis arrivé dans sa famille, je me sentais déjà comme à la maison mais quand je discute avec sa famille je peux ressentir une différence que quand je discute avec mes parents. La conversation reste la plus grande épreuve car la famille de ma femme et elle-même ont quelques attentes provenant de leur culture traditionnelle. Ma femme et moi-même, nous avons une fermeture d’esprit concernant nos attentes en tant que couple mais ses parents ont toujours leurs opinions concernant la manière de vivre et parfois nous devons négocier et expliquer sagement avec les parents de Yến Linh. Notre unique attente dans la relation est le respect mutuel. Nos familles respectives ont une bonne entente l’un envers l’autre globalement et envers notre couple.

 

Notre rencontre avec Jérémy FEVRIER, Vi DONG, Yvi KERVYN DE MEERENDRE et Yến Linh QUACH a donné lieu à d'autres questions / réponses qui seront publiées dans un second article.

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