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Jason et Hwi-Hyun, quand l’amour franco-coréen cartonne sur TikTok

Jason est de Rouen, Hwi-Hyun de Séoul. Ensemble depuis plus de six ans, ce célèbre couple de tiktokeurs vit aujourd’hui à Paris, après trois ans de relation à distance. Comment ont-ils réussi à entretenir leur flamme, malgré l’éloignement et les divergences culturelles ? Lepetitjournal.com a obtenu une interview exclusive avec les deux influenceurs.

Jason et Hwi-Hyun à Séoul Jason et Hwi-Hyun à Séoul
Écrit par Elena Rouet-Sanchez
Publié le 17 janvier 2024, mis à jour le 22 juillet 2024

Près de 9 000 km ont séparé Jason et Hwi-Hyun, âgés respectivement de 29 et 32 ans. Aujourd’hui réunis à Paris, avec leurs deux chats et leurs 2 millions d’abonnés, le couple s’est fait connaître en pleine explosion de l’application, durant le confinement. Avec leurs multiples vidéos placées sous le ton de l’humour, ils partagent un quotidien touchant, teinté par une diversité culturelle. Aujourd’hui ensemble depuis plus de six ans, ils nous révèlent les secrets d’une relation multiculturelle à distance.

 

Différence culturelle franco-vietnamienne, obstacle pour vivre une histoire d’amour ?

 

Jason, Hwi-Hyun et leurs chats
Jason, Hwi-Hyun et leurs deux chats, Tann et Romie

Nous avons passé dix jours ensemble à Séoul [...]. Ce fut le coup de foudre immédiat.

 

Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Jason : Notre rencontre s’est déroulée pendant mon voyage en Corée du Sud, en 2018. Je ne voulais pas voyager seul, car la solitude est quelque chose que je trouve difficile à supporter, j’essaie encore aujourd’hui de travailler dessus. Afin de créer un lien directement sur place, j’ai cherché des contacts locaux sur les réseaux sociaux. C’est ainsi que je suis tombé sur le compte Instagram de Hwi-Hyun. Nous avons passé dix jours ensemble à Séoul, et pour ma part, ce fut un coup de foudre immédiat.

 

Hwi-Hyun : Pas vraiment pour moi (rires) ! Il m’a fallu un peu plus de temps. Je suis plutôt réservé en ce qui concerne mes sentiments et j’ai tendance à être plus solitaire. Au départ, je ne souhaitais pas entamer cette relation, étant donné que Jason vit en France et moi à Séoul. De plus, en Corée du Sud, nous disposons seulement de dix jours de congé par an, ce qui compliquait les choses de mon côté pour le voir régulièrement. 

 

 

Séoul est ma ville de coeur.

 

Comment avez-vous réussi à concilier cette relation à distance ?

Jason : Aujourd’hui, nous sommes ensemble depuis six ans et demi, après avoir vécu une relation à distance pendant trois ans. Les débuts de notre relation étaient évidemment compliqués. Au départ, c’était plutôt moi qui me rendais à Séoul pour le rejoindre, principalement parce qu’il avait peu de temps de vacances. Séoul est alors devenue ma ville de cœur. Enfin en 2020, nous avons franchi une étape importante lorsque Hwi-Hyun est venu s’installer avec moi à Paris.

 

Jason et Hwi-Hyun

 

Aujourd'hui, je vis le parfait amour avec Hwi-Hyun. La confiance et la communication sont les clefs d'une relation amoureuse heureuse.

Des études démontrent que les relations à distance sont les plus heureuses, qu’en pensez-vous ?

Jason : Si on remontait dix ans en arrière, le Jason de l’époque n’aurait jamais envisagé une relation à distance ! Je suis quelqu’un qui a un grand besoin d’attention. Quand on est jeune, on nous inculque une image du couple bien particulière. Des couples (très souvent) hétérosexuels, qui se rencontrent au lycée ou au travail, avec une proximité directe. L’image du couple multiculturel est également peu présente. La proximité entre deux personnes paraît essentielle, et l’investissement dans une relation à distance trop complexe. J’étais donc très réticent à cette idée au début.

 

Les défis et les joies des couples binationaux vivant à distance

 

Aujourd’hui, je vis le parfait amour avec Hwi-Hyun. Il a su poser les bases dès le début en compensant sa présence physique par d’autres formes d’attention. Entre nous, il n’y a aucun sujet tabou, beaucoup de confiance et une excellente communication. C’est quelque chose qui se construit avec le temps, mais c’est vraiment la clef d’une relation amoureuse heureuse. 

 

 

Je ne pense pas que le coming-out soit quelque chose de nécessaire.

 

En Corée du Sud, les droits LGBTQIA+ ne sont pas reconnus. Hwi-Hyun, comment vivez-vous cela, vis-à-vis de votre famille et de votre culture notamment ?

Hwi-Hyun : La première année, il m’était impossible de faire mon Coming-out. À l’époque, je travaillais au sein d’une entreprise, et en Corée du Sud, révéler son orientation sexuelle comporte le risque d’être rejeté ou jugé négativement par tes collègues de bureau. J’avais peur que cela compromette ma progression professionnelle, voire même d’être licencié, tout simplement. 

J’ai fait mon Coming-out une seule fois, lorsque j’étais au lycée, à quelques amis. Je n’ai pas eu de très bons retours, ce qui m’a dissuadé de le faire à nouveau. 

 

Vivre en tant que LGBTQ+ en Corée du Sud : le guide complet

 

En ce qui concerne ma famille, ils ne sont toujours pas au courant. Il s’agit d’une situation délicate pour moi : ils appartiennent à une génération et à une culture qui ne comprennent pas l’amour entre deux personnes du même sexe. Aujourd’hui, je pense que ce n’est donc pas nécessaire, et je préfère garder cet aspect de ma vie pour moi. 

 

@k.hwijae c’est un coréen normand maintenant😌😂 #couple #food #reaction ♬ son original - k.hwijae

Je suis très fier que Hwi-Hyun ai prit la décision de créer un compte Instagram, lui qui a eu tant de mal à s'affirmer chez lui.

D’où vous est venue l’idée de vous lancer sur les réseaux, notamment sur TikTok ?

Hwi-Hyun : Nous avons d’abord commencé par Instagram, en 2019. J’étais fatigué de vivre en Corée du Sud, un pays où les homosexuels sont souvent insultés et rejetés, un pays où je ne pouvais pas être moi-même. Alors, j’ai suggéré à Jason de créer un compte Instagram pour soutenir la communauté LGBTQIA+, les couples multiculturels, des personnes comme nous en fin de compte. L’objectif était de transmettre un message positif pour encourager les personnes qui se trouvaient dans la même situation que nous, qui ne bénéficient pas d’une protection adéquate vis-à-vis de leur orientation sexuelle. Nous avons alors commencé à publier fréquemment et avons gagné un bon nombre d’abonnés.

Ensuite, le confinement est arrivé en 2020. Je venais tout juste d’arriver en France, et Jason et moi nous ennuyions beaucoup. Le cousin de Jason, qui est également influenceur, nous a alors parlé de cette nouvelle plateforme qui connaissait un grand succès : TikTok. Il nous a encouragé à nous y inscrire, convaincu que notre histoire touchante pourrait redonner espoir à d’autres. 

 

Jason : Je suis personnellement très fier que cette décision vienne de Hwi-Hyun, lui qui a tant eu de mal à s’affirmer chez lui.  Même si des évolutions sont actuellement observées, telles que l’organisation récente de la Pride à Séoul, les questions sociales et religieuses continuent néanmoins de jouer un rôle important sur ce sujet. Je suis donc extrêmement fier que Hwi-Hyun ait pris l'initiative de créer ce compte.

 

jason et hwi-hyun

Ma relation avec Hwi-Hyun demeure celle qui m'a enseigné le plus de leçons.

Quels étaient vos objectifs en rendant public votre couple à travers vos réseaux sociaux ?

Jason : Les trois premières années, nous étions uniquement concentrés sur notre compte Instagram. Notre objectif principal était de démontrer que les relations homosexuelles sont tout à fait légitimes et que les relations à distance peuvent être heureuses et prometteuses. Aujourd’hui, même si cela peut sembler encore étrange à affirmer en 2024, il reste essentiel de rappeler l’existence des relations queer, leur droit au bonheur, et la nécessité de les respecter comme n’importe quel autre type de relation. 

Ensuite, mon engagement a pris une tournure plus personnelle en cherchant à démontrer à nos abonnés que les relations à distance peuvent fonctionner. Ma relation avec Hwi-Hyun demeure celle qui m’a enseigné le plus de leçons. Je n’ai jamais ressenti autant d’écoute et de bonheur dans une relation, malgré l’éloignement. 

 

@k.hwijae désolé baby c’est un secret🤫😌 #korean #reaction #couple ♬ son original - k.hwijae


Notre couple et nos différentes cultures nous inspirent dans la création de notre contenu.

Pensez-vous que votre couple binational et vos différentes cultures participent à l’enrichissement et l’influence de vos contenus ?

Hwi-Hyun : Bien évidemment. Nos abonnés sont principalement français et ne sont pas forcément familiers avec la culture et la mentalité coréennes. À travers notre relation multiculturelle et nos vidéos, nous partageons beaucoup sur les différences entre les cultures françaises et coréennes, par exemple, sous formes de sketchs ou de vidéos humoristiques. La dimension binationale de notre couple, ainsi que nos différentes expériences, nous inspirent dans la création de notre contenu. 


Les conseils de survie d'un couple en expatriation

 

Acheter une maison, se marier et fonder une famille sont des projets qui nous tiennent à coeur.

Avez-vous des projets pour plus tard, notamment liés à l’expatriation ?

Jason : Vivre à l’étranger nous tente. Pourrait-on envisager de s’installer à Séoul ? Séoul est ma ville de cœur, et c’est également la ville natale de Hwi-Hyun. Cependant, en tant que couple gay, le fait de vivre dans un pays où nos droits ne sont pas reconnus représente une considération importante. Ce n’est pas impossible, mais cela implique une prise de risque. Nous préférons attendre que la situation évolue sur ce plan. 

Du côté personnel, nos projets se concentrent davantage sur l’achat d’une maison, mais aussi le mariage. Fonder une famille nous tient également à cœur, mais reste toutefois complexe : cela implique des démarches longues, coûteuses et compliquées. Nous préférons attendre d’avoir une vie stable avant de nous engager dans cette voie.

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