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La culture des ongles au Vietnam : entre tradition, entrepreneuriat et art de vivre

Au Vietnam, la manucure est bien plus qu’une simple coquetterie: elle incarne un véritable art populaire, ancré dans la vie quotidienne, le commerce local et la créativité féminine. Des salons de quartier d’Hanoï aux institutions modernes de Ho Chi Minh Ville, l’univers des ongles reflète l’évolution d’un pays en pleine mutation, entre traditions esthétiques et influences mondiales.

La culture des ongles au Vietnam : entre tradition, entrepreneuriat et art de vivreLa culture des ongles au Vietnam : entre tradition, entrepreneuriat et art de vivre

Une économie florissante portée par les femmes

Dans les grandes villes vietnamiennes, les salons d’ongles sont omniprésents. À Hanoï comme à Hô Chi Minh-Ville, on en trouve à chaque coin de rue, souvent installés dans de modestes locaux familiaux. Ces établissements, généralement dirigés par des femmes, témoignent d’un fort esprit entrepreneurial. La majorité d’entre eux fonctionnent sans rendez-vous, dans une logique de proximité et de service rapide. L’accès y est simple, les prix abordables, et la clientèle fidèle.

Ce modèle économique, fondé sur la flexibilité et l’indépendance, s’est exporté bien au-delà des frontières vietnamiennes. Dans la diaspora, notamment aux États-Unis, les immigrantes vietnamiennes ont bâti une véritable industrie des ongles à partir des années 1980. Leur succès a inspiré une nouvelle génération d’entrepreneuses au pays, faisant du salon d’ongles un symbole d’autonomie économique féminine.

Un savoir-faire artisanal au service de la modernité

Les techniciennes vietnamiennes sont réputées pour leur précision et leur sens du détail. Dans les salons, on maîtrise aussi bien la manucure classique que les techniques modernes: gel, acrylique, "nail art" en 3D, vernis semi-permanent ou pose d’extensions. L’adoption rapide de ces innovations témoigne d’un métier en constante évolution. Cette rigueur, combinée à un goût prononcé pour la beauté, a permis au savoir-faire vietnamien de s’imposer comme une référence en Asie du Sud-Est.

Le nail art vietnamien se situe à la croisée des cultures. On y retrouve les influences traditionnelles du pays, notamment les fleurs de lotus, symbole de pureté, ou les motifs inspirés du costume traditionnel « ao dai », mais aussi les tendances venues d’Occident et des réseaux sociaux.

Les jeunes générations plébiscitent les styles minimalistes : teintes nude, effets translucides ou finitions « glazed donut ». Les press-on nails, ces ongles à clipser faciles à changer, connaissent également un engouement croissant. Cette capacité à marier modernité et identité culturelle confère au nail art vietnamien une esthétique unique : à la fois élégante, raffinée et accessible.

Un geste social et symbolique

Au Vietnam, prendre soin de ses ongles n’est pas qu’une question d’apparence : c’est aussi un marqueur social. Historiquement, certains hommes laissaient pousser l’ongle de l’auriculaire pour signifier qu’ils n’effectuaient pas de travaux manuels, un signe de richesse et de distinction. Aujourd’hui, la manucure traduit avant tout une attention à soi, une politesse visuelle et une forme de respect envers les autres.

Au-delà de la beauté, la culture des ongles au Vietnam traduit une philosophie : celle du soin, du détail et de la fierté du travail bien fait. Elle reflète l’identité d’un pays en pleine évolution, où l’esthétique rejoint l’esprit d’entreprise et la quête de reconnaissance. Dans un monde globalisé où les tendances circulent à grande vitesse, le Vietnam a su garder sa signature. Des motifs traditionnels aux créations les plus contemporaines, ses manucures racontent une même histoire : celle d’une beauté consciente, créative et résolument vietnamienne.

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