Difficile, lorsque l’on est Français et que l’on vit au Vietnam, de ne pas connaître le Courrier du Vietnam (le Courrier, dit-on familièrement...), qui est a priori le seul journal vietnamien à être rédigé dans la langue de Molière et qui va bientôt souffler ses 30 bougies.
Hervé Fayet, lui, connaît bien le Courrier, avec lequel il collabore depuis maintenant de nombreuses années, à la fois comme correcteur (secrétaire de rédaction, en langage politiquement correct!...), mais aussi comme formateur et même comme responsable marketing, et ce en sus de ses activités d’enseignant à l’IDECAF (Institut d’échanges culturels avec la France), à l’école Saint Ange de Ho Chi Minh-ville et à l’IFV.
Le Petit journal est allé à la rencontre de ce héraut de la francophonie au Vietnam, qui se définit lui-même, non sans une pointe d’humour, comme “l’homme à tout faire” du Courrier...
Le Courrier du Vietnam depuis presque 30 ans
C’est en 1993 que la publication voit le jour. C’est au départ un hebdomadaire d’une dizaine de pages, placé sous la férule de l’Agence vietnamienne d’information.
Très rapidement, l’hebdomadaire devient un quotidien de 8 pages, dont la rédaction est basée à Hanoï, et qui est diffusé sur tout le territoire vietnamien, mais aussi un peu en France, en Belgique et en Suisse.
Le sommet de la Francophonie de 1997, organisé à Hanoï, lui offre une visibilité appréciable...
Le Courrier va dès lors poursuivre son développement, doubler de volume (16 pages!), et continuer ainsi son petit bonhomme de chemin.
On arrive ainsi à 2011, le journal a alors atteint sa majorité et il est temps pour lui de s’émanciper.
Le quotidien redevient donc un hebdomadaire, mais de 64 pages cette fois, avec une nouvelle maquette et de nouvelles rubriques.
Mais surtout, le Courrier se dédouble et devient alors une publication en ligne (https://lecourrier.vn), mise à jour très régulièrement et suivie jusqu’en Europe et même au Canada et aux États-Unis, où le lectorat se montre particulièrement interactif...
Voilà pour la présentation du Courrier. Place, maintenant à Hervé Fayet avec une première question...
LPJ : Quels sont les principaux thèmes développés par le Courrier?
HF : La devise du Courrier du Vietnam, c’est “Le Vietnam en français et le français au Vietnam”. Tout ce qui touche à l’actualité vietnamienne est repris par le Courrier. Ça englobe l’économie, la politique, la culture, le sport... Il y a vraiment un très large éventail de rubriques avec chaque semaine un dossier particulier, d’une dizaine de pages, sur une thématique choisie par la rédaction. La francophonie, aussi, occupe une bonne place. Il y a souvent 2 ou 4 pages qui sont réservées à la francophonie, avec les évènements au Vietnam, mais aussi dans la région, dans des pays comme la Thaïlande, la Chine, la Corée, qui l’air de rien, s’y intéressent.
LPJ : Où peut-on trouver le Courrier et comment fonctionne l’abonnement, si on souhaite le recevoir?
HF : Il y a la possibilité de s’abonner à la version papier pour 3 mois, 6 mois ou 1 an. Il y a un formulaire qui existe dans le magazine. Il y a un abonnement, aussi, pour la formule PDF puisque récemment, avec la crise sanitaire, le Courrier a lancé cette formule-là, qui marche pas mal. Ça, c’est pour le Vietnam. Il y a des possibilités d’abonnement en France, en Suisse et en Belgique, aussi, puisque l’Agence vietnamienne d’information a trois bureaux: un à Paris, un à Genève et un à Bruxelles. Pour ce qui est des tarifs, au Vietnam, ça nous fait 1 million de dôngs à l’année, pour 52 numéros, avec le numéro spécial du Têt. En Europe, ça fait 95 euros.
Sinon, on peut trouver le Courrier dans les librairies, dans les écoles, à l’IDECAF évidemment, à l’Agence vietnamienne d’information, et aussi dans des boutiques partenaires. Et à Hanoï, aussi, puisque la rédaction est à Hanoï.
LPJ : Comment s’organisent les équipes entre Hanoï, Ho Chi Minh-ville et l’Europe?
HF : L’agence vietnamienne d’information a trois bureaux. Le bureau principal est à Hanoï, mais il y en a un autre à Danang, pour le Centre, et encore un autre à Ho Chi Minh-ville, pour le Sud. Si vous prenez les journalistes qui sont basés à Ho Chi Minh-ville, ils collectent les informations en provenance de toutes les provinces méridionales, ce qui est un travail assez considérable. Le bureau de Ho Chi Minh-Ville reçoit des commandes de Hanoï, mais envoie aussi des interviews, des articles, des reportages. Il y a un échange permanent entre la rédaction et les reporters sur le terrain.
En Europe, on a des petites entités: 3 ou 4 personnes qui relaient les informations en provenance de la diaspora et qui envoient régulièrement des papiers.
LPJ : Comment se passe l’année 2022. Est-ce qu’il y a un avant et un après Covid ?
HF : Oui, c’est vrai que la crise a un peu calmé les ardeurs, mais là, ça commence à repartir, lentement mais sûrement. Au niveau des annonceurs, notamment, je pense que les choses vont vraiment se remettre en place à l’automne.
LPJ : Est-ce qu’il y a une particularité ou singularité que possède le Courrier qu’il serait bon de mentionner ?
HF : Oui, le concours d’écriture! Chaque année, le Courrier organise un concours d’écriture, avec le soutien de l’ambassade de France et de différents partenaires francophones. C’est un concours qui est ouvert surtout aux jeunes et qui consiste à rédiger un ou plusieurs articles sur un sujet de société. Ça fait 8 ans qu’il existe, ce concours, et je trouve que c’est tout à fait remarquable, parce qu’on arrive vraiment à dénicher des journalistes en herbe. C’est bien parce que ça donne un objectif à des jeunes, qui se disent qu’ils vont pouvoir participer à quelque chose de vraiment intéressant d’un point de vue culturel. En général, le concours est lancé à l’automne, en octobre ou en novembre. Les sélections se font au début de l’année suivante pour des résultats et donc des publications – il y a un hors-série pour l’occasion – au moment de la fête de la francophonie, en mars.
LPJ : Venons-en maintenant à toi, Hervé. Tu as d’autres activités, en dehors du Courrier?
HF : Oui! Je suis au Vietnam depuis pas mal de temps, maintenant, et à la base, je suis enseignant. Pour tout dire, j’ai commencé comme coopérant à l’école française de Ho Chi Minh-ville qui à l’époque ne s’appelait pas encore Marguerite Duras, mais Colette. Je suis toujours plus ou moins resté dans le milieu éducatif... J’ai eu la chance de pouvoir participer à un grand programme qui consistait à relancer l’enseignement du français, de l’école primaire au lycée. Ce sont les fameuses classes bilingues, qui fonctionnent sur le principe de l’enseignement du et en français.
Je suis très investi dans la francophonie, en fait. Je sais qu’aujourd’hui, c’est assez difficile d’attirer les jeunes vers le français, mais il y a quand même toujours quelque chose qui se passe entre la France et le Vietnam...
Donc, voilà, je continue l’enseignement, à l’IDECAF, notamment.
Sinon, je suis un passionné de musique, particulièrement de musique rock, de musique punk, de reggae, aussi...
LPJ : D’autres projets pour le restant de l’année 2022 ?
HF : Pour l’instant, j’aime bien ce que je fais... Mes interventions dans les écoles... Pas toujours évident d’enseigner le français, mais j’aime ça…
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Contactez Hervé Fayet par e-mail : classesbilingues@hotmail.fr / modedeparis@yahoo.fr