Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

Royaume-Uni : 25 victimes du camion charnier seraient vietnamiennes

camion charnier vietnamiennescamion charnier vietnamiennes
© SC YT Euronews
Écrit par Lepetitjournal Ho Chi Minh Ville
Publié le 27 octobre 2019, mis à jour le 10 novembre 2019

Selon une source de sécurité vietnamienne, 25 des 39 victimes retrouvées dans le « camion de l’horreur » au Royaume-Uni pourraient être de nationalité vietnamienne. 

Mise à jour du 08/11/2019 : Le Ministère de la Sécurité Publique l'a confirmé : les 39 corps retrouvés dans le "camion de l'horreur" sont bien de nationalité vietnamienne. Au total, 31 hommes et 8 femmes, dont le plus jeune avait 15 ans, originaires des provinces de Hai Phong, Hai Duong, Nghe An, Ha Tinh, Quang Binh et Thua Thien Hue ont trouvé la mort dans ce qui s'annonçait comme la possibilité d'une vie meilleure en Angleterre. Leur rapatriement devrait se produire dans les prochains jours, selon les volontés des familles endeuillées. Au total, les autorités vietnamiennes ont arrêté 11 personnes soupçonnées d'être impliquées dans l'affaire. Au Royaume-Uni, deux hommes ont été inculpés sous les chefs d'accusation d'homicides involontaires, trafic d'être humains et immigration illégale. 

Mise à jour du 05/11/2019 : Les autorités vietnamiennes de la province de Nghe An ont arrêté 8 individus soupçonnés d'appartenir à un réseau de passeurs impliqué dans l'affaire du camion charnier. Ces arrestations font suite à l'interpellation de deux suspects dans la province de Ha Tinh, la semaine dernière. Alors que les 39 corps retrouvés dans un camion frigorifique près de Londres le 23 octobre dernier sont toujours en cours d'identification, la police britannique a affirmé dans un communiqué "penser que les victimes seraient vietnamiennes". 

La police britannique avait d’abord fait état de victimes chinoises, avant de se faire plus prudente en attendant la fin de leur identification formelle, dans le cadre de l’enquête menée autour du camion frigorifique arrêté près de Londres le 23 octobre dernier. 39 corps y avaient été découverts. L’identification des victimes est toujours en cours, à l’hôpital Broomfield à Chelmsford, comté d’Essex. 

5 familles de la province de Nghệ An, et 9 de la province de Hà Tĩnh, demeurées sans nouvelles de leurs proches depuis cette macabre découverte, ont fait part de leurs inquiétudes à la BBC et l’Ambassade du Vietnam à Londres. Le témoignage édifiant d’une des familles dont la fille avait envoyé des messages sur le téléphone de sa mère, disant qu’elle ne « pouvait plus respirer » contribue à renforcer les fortes présomptions qui planent quant à la nationalité des victimes. 

De plus, ses parents ont affirmé avoir payé des passeurs 30 000£ afin d’acheminer leur fille jusqu’en Grande-Bretagne, après avoir été trompés sur les conditions de transport qu’elle devrait endurer. Selon la BBC, cette somme leur aurait été restituée en même temps que les médias diffusaient la découverte du camion macabre.

Le trafic humain dur à identifier et démanteler

Au Royaume-Uni, le problème des migrants vietnamiens victimes de trafic humain avait déjà été soulevé plusieurs fois par des associations britanniques pour la lutte contre l’esclavage. Selon le rapport Precarious Journeys établi par les organisations Ecpat UK, Anti-Slavery International (ASI) et Pacific Links Foundation (PALS), beaucoup de Vietnamiens quittent leur pays dans l’espoir de trouver une vie meilleure et un travail mieux payé en Europe, dépensant en moyenne 10 000 à 40 000$ pour financer le voyage jusqu’à destination. Ces hommes et femmes vulnérables, issus pour la plupart de régions pauvres du Vietnam sont donc une cible facile pour les individus évoluant dans le réseau de trafic humain. 

Une fois sur place, les femmes sont en général, conduites dans des salons de manucure, forcées à travailler plus de 60 heures par semaine pour un salaire de misère, logées dans des conditions indécentes et victimes d’exploitation sexuelle. On relève également plusieurs cas d'hommes affectés quant à eux, dans des fermes de culture de cannabis. Parfois séquestrés et battus, ils doivent s’assurer de la bonne croissance des plantes.

Mais ce phénomène croissant au Royaume-Uni reste dur à identifier, encore plus à quantifier. En effet, les victimes se voient embarquées dans un engrenage indémêlable : maltraitées, menacées par leurs employeurs, venues sur le territoire de façon illégale, elles craignent d’être renvoyées dans leur pays si elles décident d’aller demander de l’aide à la police. Et c’est souvent le cas : insuffisamment formées sur ce problème méconnu, les autorités procèdent souvent au renvoi des victimes sans les reconnaître en tant que telles.

Le conducteur du camion, âgé de 25 ans, originaire d’Irlande du Nord a été mis en examen pour homicides involontaires. 3 autres suspects ont également été arrêtés dans le cadre de cette enquête d’ampleur internationale.