Édition internationale

L’université d’été du Centre de la francophonie des Amériques s’installe à Vancouver

Rencontre avec Sylvain Lavoie, président-directeur général du Centre, qui nous explique comment cette session académique s’inscrit dans une stratégie globale de rayonnement de la francophonie sur le continent américain. Une initiative qui combine savoir universitaire, ancrage communautaire et mobilisation citoyenne.

Arrivée des participantsArrivée des participants
L'université d'été commence ce lundi. Les participants ont commencé à arriver dès dimanche - Photos FACEBOOK
Écrit par Bertrand de Petigny
Publié le 16 juin 2025, mis à jour le 18 juin 2025

 

Le Centre de la francophonie des Amériques : catalyseur d’échanges continentaux

Créé par le Gouvernement du Québec en 2008, le Centre de la francophonie des Amériques (CFA) a pour mission de renforcer les liens entre les francophones et francophiles des Amériques. Il agit comme un trait d’union entre les communautés d’expression française, en mettant en valeur leur vitalité, leur diversité et leur potentiel d’innovation. L’Université d’été sur la francophonie des Amériques est l’une de ses initiatives phares, aux côtés du Forum du Centre et d’un important travail de publication, de réseautage et de diffusion du savoir.

 

Sylvain Lavoie PDG du Centre de la francophonie des Amériques
Sylvain Lavoie PDG du Centre de la francophonie des Amériques

 

Pour Sylvain Lavoie, PDG du CFA, cette université « n’est pas un événement isolé, mais une pièce essentielle de notre stratégie pour faire de la francophonie des Amériques un véritable objet d’étude, de recherche et de collaboration. »

 

 

Faux ami mais véritable université

En France, l’expression université d’été évoque traditionnellement une réunion informelle organisée par un parti politique, une association ou une université, mêlant débats, formation et convivialité. Rien à voir avec ce qui se passe ici. « Ce que nous proposons, c’est un cours universitaire crédité, offert en partenariat avec une université locale, dans un format académique rigoureux et reconnu », insiste Sylvain Lavoie.

Ce malentendu linguistique illustre un faux ami transatlantique. Là où la France conçoit ses universités d’été comme des événements ponctuels à forte coloration idéologique ou associative, l’Amérique du Nord les rattache au concept pragmatique de summer school, destiné à compléter un cursus ou obtenir des crédits. « L’Université d’été sur la francophonie des Amériques du Centre, elle, combine les deux : la rigueur de l’enseignement universitaire nord-américain, mais avec une forte dimension collective, communautaire et francophone. »

 

 

Un programme itinérant, ancré dans les territoires

Organisée tous les deux ans dans un lieu différent des Amériques — de Chicoutimi à La Fayette en passant par Ottawa —, l’Université d’été sur la francophonie des Amériques du CFA se déplace pour aller au plus près des réalités francophones. Cette année, c’est l'Université Simon Fraser, de Vancouver, qui a été choisie. « Ce qui nous importe, c’est de nous enraciner dans les communautés locales », explique le directeur. « La Colombie-Britannique a une francophonie vivante, diversifiée, qui correspond bien à ce que nous défendons. »

 

 

Professeur Rémy Léger
Rémi Léger est professeur titulaire de sciences politiques à l’Université Simon Fraser. Il est auteur d’une quarantaine de publications portant principalement sur les politiques linguistiques canadiennes et les relations entre la francophonie canadienne et l’État.

 

Pendant cinq jours, une quarantaine de participants venus des quatre coins du continent suivent un cursus intensif construit avec le professeur en sciences politiques, Rémy Léger. Ils assistent à des conférences, prennent part à des ateliers et rencontrent les acteurs locaux. « Beaucoup de nos anciens participants sont aujourd’hui en poste dans la fonction publique, dans des associations ou à l’université. Ce que nous proposons, c’est une formation-action, une manière d’outiller les leaders de demain. »

 

 

Une édition 2025 au cœur des dynamiques citoyennes

L’Université d’été sur la francophonie des Amériques en cours à Vancouver explore la thématique : Penser la francophonie des Amériques à travers ses espaces. « Nous avons choisi ce thème pour sa capacité à englober une diversité de perspectives et de disciplines, tout en mettant en avant l'importance des espaces francophones pour le développement et l'épanouissement de la francophonie dans les Amériques.» nous explique Sylvain.

Le cours intègre des disciplines variées comme la science politique, la sociolinguistique, la géographie, l’éducation, l’économie et les communications. Cela permet d'aborder les espaces francophones sous différents angles théoriques et pratiques. Parmi les invités, on retrouve des praticiens du terrain, des chercheurs, mais aussi des jeunes leaders impliqués dans leur milieu.

Parmi les intervenants, James (Jim) Natsis, universitaire du Kentucky, co-créateur du balado Récits francophones au coeur de l'amérique, et Joseph Dunn de la Louisiane, avec qui nous nous sommes entretenus il y a quelques mois.

 

L'Université Simon Fraser
En tant qu’université canadienne qui agit au cœur des communautés, l'Université Simon Fraser (SFU) collabore avec des organisations et partenaires afin de faire émerger des savoirs qui améliorent la vie et apportent des changements significatifs. SFU offre une éducation de niveau international qui inspire et forme les visionnaires et leaders d’aujourd’hui.  À SFU, la recherche et l’innovation rejoignent l’entrepreneuriat et l’industrie pour proposer des solutions durables. Avec ses campus situés dans les trois plus grandes villes de la Colombie-Britannique (Vancouver, Burnaby et Surrey) et ses huit facultés, SFU offre 364 programmes de premier cycle et 149 de cycles supérieurs à plus de 37 000 étudiants.  Elle compte maintenant plus de 200 000 diplômés résidant dans plus de 145 pays.

 

 

Une francophonie qui se pense et se vit

Au fil des éditions, l’Université d’été sur la francophonie des Amériques est devenue un laboratoire de réflexion sur la francophonie des Amériques. « C’est un espace de dialogue, mais aussi un tremplin pour la recherche », précise Sylvain Lavoie. Le Centre encourage la diffusion en français des travaux universitaires, tout en tissant des ponts entre chercheurs, praticiens et militants communautaires.

Ce rôle structurant s’inscrit dans un écosystème dynamique, qui comprend aussi le Forum, organisé les années paires. « Nous sommes l’allié des francophones et francophiles du continent. Chaque édition de notre université d’été est à la fois un ancrage et un envol. »

 

 

Les universités doivent postuler

Autre particularité de cette initiative : ce sont les universités qui doivent se porter candidates pour accueillir l’université d’été. Un appel à manifestation d’intérêt est publié par le CFA, et les propositions sont étudiées selon des critères d’ancrage communautaire, de capacité logistique et de pertinence pédagogique. « Ce processus nous permet de co-construire chaque édition avec les acteurs du terrain », souligne Sylvain Lavoie. « Nous ne venons pas imposer un modèle, mais travailler avec ce qui existe. »

 

 

Une francophonie enracinée, une communauté en marche

En recevant déjà des candidatures pour les éditions en préparation, le Centre de la francophonie des Amériques mesure le chemin parcouru depuis 2008. « Nous avons pris racine dans les milieux, et c’est ce qui nous rend utiles. La francophonie n’est pas un concept institutionnel abstrait, c’est un réseau de visages, d’histoires, d’actions concrètes », conclut Sylvain Lavoie.

Le Centre agit ainsi comme le catalyseur d’une francophonie en contexte minoritaire, mais pleinement continentale, vivante, et engagée. Ce modèle, qui combine formation, ancrage territorial et rayonnement linguistique, fait aujourd’hui ses preuves dans les Amériques.

Et si cette francophonie des Amériques, portée par le Centre, traçait aussi la voie pour d’autres espaces francophones dans le monde ?

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