Édition Francophonie

Alan Nobili, l’artisan d’une Francophonie vivante en Louisiane

Entre la Bretagne, la Corse, La Réunion, Berlin, Paris et Winnipeg mais aussi des voyages au Japon, au Vietnam, en Nouvelle Zélande, etc. Alan Nobili a façonné un parcours aussi riche que cosmopolite. Aujourd’hui, il met son énergie au service d’une Francophonie à la fois minoritaire et profondément enracinée dans le terreau culturel louisianais. Rencontre avec un directeur d’Alliance Française qui croit à la fois à la diplomatie d’influence et aux podcasts locaux.

Alan NobiliAlan Nobili
Alan Nobili, directeur de l'Alliance Française de la Nouvelle Orléans - Photo Audoin de Vergnette
Écrit par Bertrand de Petigny
Publié le 3 avril 2025, mis à jour le 4 avril 2025

 

 

 

Une enfance créole comme boussole interculturelle

« J’ai grandi dans un monde créole, à La Réunion, où les langues, les cultures et les traditions se croisent. Ça m’a appris à vivre en couleur. » Fils d’un père corse, militaire, et d’une mère bretonne, Alan Nobili a passé toute son enfance sur l’île de La Réunion. Une immersion précoce dans la diversité qui a tracé les lignes de force d’un parcours où l’interculturel n’est jamais un slogan, mais une pratique quotidienne. Entre des études en Europe, des expériences professionnelles en Polynésie, au Canada, en France et aux États-Unis, il a affûté son regard sur les enjeux linguistiques et les ponts possibles entre les cultures.

 

 

 

Du e-learning à l’Alliance : un virage assumé

Passé par l’univers du numérique éducatif, Alan Nobili a dirigé des projets d’enseignement assisté par ordinateur pendant une décennie, avant de bifurquer vers l’univers des Alliances Françaises. « J’avais envie de plusieurs vies. L’Alliance, c’est un endroit où on peut être à la fois entrepreneur culturel et diplomate de terrain. »  De Winnipeg à Paris, il a tissé des liens solides avec les acteurs de la Francophonie nord-américaine, avant de poser ses valises en Louisiane.

 

 

 

L'Alliance Française de la Nouvelle Orléans
L'Alliance Française de la Nouvelle Orléans - Photo Audoin de Vergnette

 

 


 

La Francophonie en Louisiane : entre mémoire et renaissance

À La Nouvelle-Orléans, la langue française flotte encore dans l’air, mais souvent comme un écho discret. « Ici, la Francophonie est portée à bout de bras par des bénévoles passionnés. Il n’y a pas les infrastructures qu’on trouve au Canada : pas de radio, peu de médias, très peu de professionnels. »

Malgré cette fragilité, Alan Nobili voit dans ce paysage contrasté un formidable potentiel. Il tisse des partenariats avec les écoles d’immersion – une quarantaine dans l’État – et rêve d’un foisonnement de contenus : webradios locales, podcasts engagés, festivals en français. « Ces 5 500 élèves d’immersion sont notre avenir. Ce sont eux qui feront vivre, demain, une Francophonie ancrée, inventive et bien vivante. »

 

 

 

Les écoles d’immersion : former des bilingues en puissance

Ces écoles, implantées dans plusieurs États américains, proposent un enseignement bilingue dès la maternelle. « L’enseignement se fait pour moitié en anglais, pour moitié en français, avec des matières comme les mathématiques ou l’histoire enseignées dans les deux langues », explique Alan Nobili.

À La Nouvelle-Orléans, cinq établissements offrent ce type de programme. Pour beaucoup d’élèves, majoritairement anglophones à la maison, ces classes sont une porte d’entrée vers une culture et une langue différentes, parfois jusqu’au baccalauréat français. « Ces écoles forment une nouvelle génération de francophones. À nous de leur donner aussi des perspectives : d’emploi, d’études, de mobilité. »

 

 

 

Une diplomatie locale, inventive et militante

À l’Alliance Française de La Nouvelle-Orléans, l’enseignement du français n’est qu’un point de départ. « On est un lieu de vie, un repère pour les francophones et francophiles », affirme Alan Nobili. Ciné-clubs, festivals, ateliers pour enseignants, rencontres littéraires : l’Alliance se pense comme un foyer culturel à part entière.

Contrairement aux réseaux culturels nationaux plus centralisés, comme le Goethe-Institut, l’Institut Cervantes ou le British Council, les Alliances Françaises disposent d’une grande autonomie sur le terrain. « Cette liberté nous permet d’agir au plus près des besoins locaux, d’inventer des formats, de répondre à l’énergie du territoire. » Une diplomatie du quotidien, souple et engagée, au service d’une Francophonie vivante et connectée.

 

 

 

Un pont entre les mondes francophones

Avec son regard à la fois européen, créole et nord-américain, Alan Nobili incarne une Francophonie tissée de migrations, d’hybridités et de résilience. Son parcours, de l’île de La Réunion à Berlin, de Winnipeg à La Nouvelle-Orléans, illustre cette capacité à faire dialoguer des espaces francophones souvent disjoints. « J’ai toujours défendu une vision de la culture comme espace commun, un lieu où les différences se rencontrent et se nourrissent », explique-t-il. À ses yeux, les ponts se construisent autant par les échanges concrets que par les imaginaires partagés.

 

 

 

Une promesse francophone à faire grandir

Alan Nobili n’est pas un gardien du temple, mais un bâtisseur. Dans les rues de La Nouvelle-Orléans, il s’attache à faire vivre la langue française comme une force en mouvement, ancrée dans le présent.

Pour lui, l’Alliance est un levier d’action culturelle, mais aussi une manière personnelle de s’engager. Il le dit clairement : il souhaite porter et faire rayonner cette institution à travers son propre parcours. Et si, depuis la Louisiane, cette énergie locale ouvrait un nouvel horizon pour la Francophonie des Amériques ?


 

 

 

Article réalisé en collaboration avec le RIMF, avec le soutien de l’Organisation Internationale de la Francophonie

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