Édition internationale

COING : Une diplomatie citoyenne collaborative au service du bien commun

Mercredi 3 décembre, au Siège parisien de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) et en ligne, la Francophonie institutionnelle et la société civile marqueront les vingt ans de l’inscription de la COING dans la Charte de la Francophonie. Placée sous le haut patronage de la Secrétaire générale, la célébration sera introduite par son nouveau président, Claude Musavyi, élu en octobre, qui porte un élan inédit autour d’un thème ambitieux : « Diplomatie citoyenne et multilatéralisme francophone : le bien commun comme horizon stratégique ».

Louise Mushikiwabo et Claude MusavyiLouise Mushikiwabo et Claude Musavyi
La Secrétaire générale de la Francophonie, Louise Mushikiwabo, accueillant Claude Musavyi lors de la 46e CMF à Kigali - Photo OIF
Écrit par Bertrand de Petigny
Publié le 2 décembre 2025

 

 

« Il n’y a pas d’État sans citoyens. Nous sommes la première cellule de l’organisme francophone » - Claude Musavyi

 

 

Né au Burundi, Claude Musavyi quitte son pays dès l’âge préscolaire et passera l’essentiel de sa vie à l’étranger, loin de sa terre natale. Après des études en France, il s’oriente vers le management de projets stratégiques, une voie qui le conduit d’abord vers le secteur bancaire, puis vers une carrière de consultant international, notamment auprès de Banques centrales et d’institutions financières commerciales.

Au cœur de ce parcours économique bien structuré, un premier tournant se dessine : la Francophonie. Sollicité en 2014 par un candidat au poste de Secrétaire général de l’OIF pour contribuer à la dimension économique de son programme, il formule alors une intuition qui deviendra sa marque de fabrique : la mobilité circulaire des talents. « J’en suis venu à la conviction qu’il fallait penser la Francophonie comme un espace où les talents circulent, créent et innovent ensemble, puis reviennent enrichir leurs sociétés », explique-t-il.

D’abord conçue pour un autre, cette idée finit par s’imposer à lui-même. Lorsqu’elle est reprise dans le discours du président Emmanuel Macron à Ouagadougou, en novembre 2017, Claude Musavyi mesure que son intuition résonne bien au-delà de son cercle initial. Son engagement dans la Francophonie se renforce alors : il rejoint l’Institut Afrique Monde (Paris, France), participe aux Sommets de la Francophonie et mène un plaidoyer constant, jusqu’à obtenir l’inscription de la notion de mobilité des talents dans les déclarations de la société civile (COING) en 2022 puis en 2024.




 

 

 

La COING (Conférence des Organisations Internationales Non Gouvernementales de la Francophonie) est une instance regroupant les organisations internationales non gouvernementales (OING) et les organisations non gouvernementales (ONG) accréditées auprès de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Elle agit comme un espace de concertation, de proposition et de représentation de la société civile francophone organisée dans le monde entier.




 

À la tête de la COING : réparer une crise, puis ouvrir un horizon

L’élection de Claude Musavyi à la présidence de la COING, le 2 octobre dernier, survient après une crise interne. Porte-parole principal du comité de suivi - organe exécutif de la COING – durant cette phase délicate, il est finalement proposé comme candidat unique par ce même Comité à l’issue de l’intérim. « Il fallait réparer et réanimer. J’ai accepté par sens du devoir », confie-t-il.

Son premier geste est un geste de fond : réaffirmer la vocation originelle de la COING comme espace structurant de la société civile francophone. Mais d’une société civile pleinement engagée, considérée comme un acteur à part entière du système francophone, et non comme un simple relais institutionnel. « Il n’y a pas d’État sans citoyens. Nous sommes la première cellule de l’organisme francophone », rappelle-t-il.

 

Claude Musavyi, Président de la COING
Claude Musavyi, Président de la COING

 

Cette vision, Claude Musavyi la formule désormais à travers un concept central : la diplomatie citoyenne collaborative. Loin d’une diplomatie parallèle ou concurrente, il défend une diplomatie de co-construction, où citoyens, parlementaires, élus locaux, entrepreneurs, universitaires et États élaborent ensemble des plaidoyers partagés. « Il ne s’agit pas de bousculer les États, mais de collaborer avec eux. Nous voulons une diplomatie intégrée autour des enjeux majeurs : paix, innovation, durabilité », souligne-t-il.

 

Un mandat ambitieux : mobilité des talents, finance responsable et actions pluri-acteurs

Pour les douze prochains mois, Claude Musavyi a fixé deux priorités structurantes. La première : expérimenter concrètement la mobilité circulaire des talents dans un réseau de villes pilotes, en lien avec les parlementaires de l’APF, les municipalités, les universités et les entrepreneurs. « Créer une communauté de jeunes innovateurs francophones, c’est installer la Francophonie dans la durée », explique-t-il.

La seconde : faire de la Francophonie un espace d’avant-garde en matière de finance responsable au service des transformations sociétales durables. Il cite le Québec comme un des pôles mondiaux pour porter ce chantier. « Voici un sujet que nous pouvons porter ensemble, États, COING, acteurs économiques. Il faut être ambitieux ».

Dans cette logique, Musavyi défend une Francophonie pluri-acteurs, capable de produire des projets concrets et durables, à l’image des initiatives visant à créer des “hubs citoyens” — notamment à Phnom Penh, en vue du Sommet de 2026 — où se côtoieraient institutions, société civile, médias francophones et collectivités.

 

« Réfléchir ensemble, agir ensemble : c’est la valeur première de notre engagement ».

 

Vingt ans après : la COING face à son destin citoyen

En célébrant ce 20e anniversaire, ce 3 décembre, la COING revient d’une certaine manière à son essence. Née de la volonté d’inscrire la société civile dans la gouvernance francophone, elle cherche aujourd’hui à se réinventer comme acteur stratégique, capable de faire émerger des projets, d’alimenter les débats, de porter des causes et de bâtir des alliances nouvelles.

Le thème retenu pour la célébration — « Diplomatie citoyenne et multilatéralisme francophone : le bien commun comme horizon stratégique » — n’est pas un slogan : c’est le programme d’un mandat. Musavyi le dit sans détour :

 

« Nous voulons que la COING soit l’instrument d’une diplomatie citoyenne collaborative au service du bien commun ».

 

Une Francophonie qui s’invente à hauteur d’hommes

À travers le parcours de Claude Musavyi et les ambitions qu’il porte, la COING semble prête à assumer un rôle renouvelé : celui d’une Francophonie qui naît d’en bas, se pense avec les citoyens, se construit dans la diversité des parcours, des histoires, des territoires. Une Francophonie qui ne s’oppose pas à l’institution, mais la complète, la renforce, l’éclaire.

Reste une question, ouverte et rassembleuse : cette diplomatie citoyenne collaborative saura-t-elle enrichir durablement l’action francophone, et lui donnera-t-on le temps nécessaire pour trouver pleinement sa place ?

 

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