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RECOMPENSE – Le professeur Dr. Siegmar von Schnurbein est nommé chevalier de l’ordre des Art et des Lettres

Écrit par Lepetitjournal Francfort
Publié le 24 juillet 2014, mis à jour le 20 septembre 2014

Pour son travail remarquable sur le site archéologique de fouilles franco-allemandes d'Alesia,  c'est dans le cadre prestigieux du musée d'archéologie de Francfort que le professeur Dr. Siegmar von Schnurbein a reçu de Sophie Laszlo, Consule générale de France à Francfort, les insignes de Chevalier de l'ordre des Art et des Lettres le 14 juillet dernier

Le Professeur Dr. Siegmar von Schnurbein et Sophie Laszlo, Consule Générale de France à Francfort
(Photo VK lepetitjournal.com/francfort)

Un brillant parcours d'archéologue au service de la relation franco-allemande
Siegmar von Schnurbein, né en 1941 à Blankenburg est historien et archéologue de formation et dirigera à partir de 1981 des recherches à l'Université Goethe à Francfort avec pour sujet principal l'archéologie des provinces romaines. D'abord directeur adjoint, puis directeur de la commission germanique romaine de l'Institut archéologique allemand à Francfort-sur-le-Main, cet archéologue passionné sera même à l'origine de la certification des techniques de fouilles selon le modèle dit ?de Francfort?. Auteur de nombreuses publications, le professeur Dr. Siegmar von Schnurbein, affiche entre autres à son palmarès, la mise en valeur archéologique des anciennes régions de la Prusse-Orientale dans l'espace de Kaliningrad mais c'est principalement sa participation très active au chantier de fouilles franco-allemandes sur le site d'Alise-Sainte-Reine en Bourgogne qui lui valent aujourd'hui sa belle médaille.

Dr. Siegmar von Schnurbein et le Professeur Michel Reddé : une amitié franco-allemande née sur un chantier de fouilles
(Photo VK lepetitjournal.com/francfort)

Les querelles autour d'Alésia rapprochent deux hommes
Avec les progrès de l'archéologie au 19e siècle, l'emplacement d'Alésia où a eu lieu la fameuse bataille opposant Jules César à Vercingétorix en 52 av. J.C. a commencé à soulever la polémique et a fait, pendant plus de 150 ans, l'objet de discussions enflammées. Des centaines de sites proposés au cours des années, ceux d'Alise-Sainte-Reine en Côte d'Or et de Chaux-des-Crotenay dans le Jura resteront les plus probables avant que la localisation en Bourgogne ne soit majoritairement acceptée par les archéologues et historiens.

Michel Reddé, archéologue et historien français, directeur d'études à l'Ecole pratique des hautes études a fait pour l'occasion, le déplacement de Paris à Francfort accompagné de son épouse Véronique. Partenaires sur le projet de fouilles initié en 1991 par la direction du Ministère de la Culture français en collaboration avec la Römisch-Germanische Kommission de l'institut archéologique allemand, Michel Reddé et Siegmar von Schnurbein ont non seulement retroussé leurs manches côte à côte sur les fortifications archéologiques d'Alesia mais sont aussi devenus de très bons amis alors que le père de chacun a pris part aux combats de part et d'autre de la frontière France-Allemagne lors de la 2e Guerre mondiale?

Remise au Professeur Dr. Siegmar von Schnurbein de l'insigne de chevalier de l'ordre des Art et des Lettres par Sophie Laszlo, Consule Générale de France à Francfort
(Photo VK lepetitjournal.com/francfort)

Le bon samaritain reste inconnu
Sophie Laszlo, Consule générale de France, fera son discours en allemand tandis que Le professeur Dr. Siegmar von Schnurbein tiendra le sien en français. Mme Laszlo présentera le parcours exceptionnel de l'archéologue, ses travaux en Europe de l'est et notamment en Hongrie, en Roumanie, en Bulgarie, en Bosnie et en Serbie et soulignera son rôle déterminant dans le paysage culturel franco-allemand par son implication dans le projet de fouilles visant à mettre un terme à la polémique sur l'emplacement d'Alésia avant d'épingler solennellement l'insigne prestigieuse de chevalier de l'ordre des Art et des Lettres sur l'épaule du récompensé.
Le professeur Dr. Siegmar von Schnurbein destinataire d'une missive en provenance de Paris, plus exactement du Ministère de la Culture, avouera perplexe devant son auditoire ne pas connaitre l'identité de celui ou celle qui a bien pu proposer sa candidature en vue d'obtenir le grade de chevalier des Arts et des Lettres. A la fois surpris et ému, l'archéologue qui n'en est pourtant pas à sa première décoration - puisqu'il a reçu en 2006 la Croix fédérale du Mérite allemand - ne fera pas la fine bouche et acceptera très volontiers la très prisée distinction. Il ne manquera cependant pas d'adresser au bon samaritain inconnu un merci plein de gratitude avant de renchérir ?La coopération sur les fortifications d'Alesia reste un souvenir inoubliable. L'organisation était impeccable, notre entente intellectuelle au sein de l'équipe était parfaite, les découvertes surprenantes??.

Dr. Siegmar von Schnurbein, Professeur Michel Reddé et son épouse Véronique Reddé, Susanne Sievers (archéologue membre de l'équipe des fouilles franco-allemandes), Dr. Egon Wamers, Directeur du Musée archéologique de Francfort
(Photo VK lepetitjournal.com/francfort)

Mais d'où vient l'ordre des Arts et des Lettres ?
L'ordre des Arts et des Lettres est un ordre ministériel instauré le 2 mai 1957. Il relève du Ministère de la Culture et comprend trois grades : celui de chevalier, d'officier et de commandeur. Cette décoration honorifique ? ?respectée et enviée des artistes, des écrivains, des créateurs? comme disait André Malraux, ministre d'Etat, chargé des Affaires culturelles, de 1959 à 1969 - est décernée à des personnes qui ont ?uvré pour le rayonnement des arts et des lettres en France ou dans le monde. Pour l'anecdote, celui qui se définissait comme un anarchiste, le chanteur et poète Léo Ferré, a refusé la décoration quand il se l'est vu proposée, quand bien même celle-ci est très courue en France... Environ 960 personnes reçoivent cette distinction chaque année dont un tiers à l'étranger.  Il existait cependant bien avant 1957 une récompense de ce type - l'ordre de Saint-Michel (1469 - 1830) - décernée dans un premier temps à l'aristocratie. L'ancêtre de l'ordre des Arts et des Lettres va devenir aux 16e et 17e siècles un ordre de mérite civil récompensant des artistes, auteurs, collectionneurs et architectes.
On peut d'ailleurs citer parmi les décorés de l'actuel ordre des Arts et des Lettres des personnalités d'un genre très différent, comme la romancière Régine Desforges récemment décédée, le préhistorien Yves Coppens, le chanteur guitariste Bob Dylan, le comédien Michel Duchaussoy et même la chanteuse colombienne Shakira !

(Photo VK lepetitjournal.com/francfort)

De la relation professionnelle à la relation amicale franco-allemande : un symbole fort
Siegmar von Schnurbein confiera en aparté au journal avoir appris le français seul en prenant des cours privés. ?L'archéologie débordant des frontières, il était nécessaire de démarrer une coopération franco-allemande dans ce domaine. Mon ami Michel parle un allemand parfait pour avoir entre autres participé pendant de nombreuses années à des échanges entre la France et l'Allemagne et logé dans des familles d'accueil. Cela nous a réellement facilité la tâche? indiquera-t-il. ?Mais il fallait comprendre les ouvrages d'archéologie rédigés en français et j'ai dû moi aussi m'y mettre? poursuivra-t-il. ?Une des clés de notre réussite c'est la compréhension non seulement de la langue mais aussi de la culture de l'autre et l'amitié sincère qui en est née? ajoutera-t-il en guise de conclusion.

Valérie Keyser (www.lepetitjournal.com/francfort), vendredi 25 juillet 2014

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Publié le 24 juillet 2014, mis à jour le 20 septembre 2014

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