

Fidèle à son concept de naissance, la Pinacothèque poursuit son exploration des oubliés des musées et des institutions avec l'exposition Valadon-Utrillo. Pour la première fois la mère et le fils s'exposent ensemble à Paris
Fidèle à son concept de naissance, la Pinacothèque poursuit son exploration des oubliés des musées et des institutions avec l'exposition Valadon-Utrillo. Pour la première fois la mère et le fils sont exposés ensemble à Paris.
Perpétuellement, l'un à la quête de l'amour de l'autre, Maurice Utrillo et Suzanne Valadon, sont le symbole d'une relation mère/fils infernale et complexe : le chassé-croisé d'un fils initiateur d'un mouvement et d'une mère transgressive émancipée artistiquement au moment où son fils sombre.
Tel un roman, la juxtaposition de l'?uvre des deux artistes raconte leur histoire.
Fils du calvaire
Né fils d'inconnu, d'une mère fille d'inconnu, Utrillo est dès son jeune âge un enfant difficile et dispersé. Adolescent, errant dans les rues de Paris, il noue très vite avec la boisson. Plus tard on l'a même surnommé "Litriollo"en raison de son alcoolisme excessif...
Au contact d'André Utter, ayant étudié aux Beaux Arts, Utrillo découvre la peinture. Son ?uvre offre une vision exceptionnelle du Montmartre populaire du début du XXe siècle. Des moulins, des églises, des cabarets et des rues colorées mais vides d'humanité. Ses tableaux sont marqués par les perspectives et les couleurs ternes, comme s'il y confessait la tristesse et le désarroi de l'insatiable alcoolique qu'il était. Mais visionnaire misanthrope et avant-gardiste, Utrillo a été au c?ur du mouvement bohème et populaire des"peintres de Montmartre"-comme Modigliani, Soutine, ou Pascin.
Mère transgressive
La mère, Marie de son vrai prénom, multipliait les aventures avec les hommes. A Pigalle, elle se vendait modèle (Maria) aux artistes, avant de devenir "femme-artiste"à l'image de Marry Cassatt ou Berthe Morisot. Elle a connu Renoir, Toulouse-Lautrec et d'autres, pour qui elle posait et auprès desquels elle apprenait. Mais aucun de ceux-là ne l'a encouragée à peindre.
Le premier à avoir flairé son talent est Edgar Degas, qui lui fait découvrir sa collection de grands peintres et dont elle va s'inspirer. Affranchie des codes, Valadon abandonne les nus et s'empare des thèmes masculins. A l'inverse de celle de son fils, son ?uvre est d'une énergie expressive étonnante privilégiant les couleurs et la vivacité. A partir de 1920, elle prend le pas sur son fils et se révèle figure novatrice de la femme peintre de l'époque.
L'exposition Utrillo/Valadon témoigne du passage de l'impressionnisme à l'Ecole de Paris, tout en fournissant, semble-t-il, des réponses sur la relation mais aussi l'inspiration de ce couple complexe et unique dans le monde de l'art.
Adil Elamrati. (www.lepetitjournal.com) mardi 19 mai 2009
"Au tournant du siècle à Montmartre. De l'impressionnisme à l'École de Paris"
À la Pinacothèque de Paris, du 06 mars 2009 au 15 septembre 2009.


































