Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--

L'instruction à la maison et en famille en expatriation, une bonne idée ?

Pourquoi choisir l’instruction en famille ? Est-ce une bonne idée lorsque la famille est expatriée ? Comment est-ce qu’on s’organise ? Nous vous proposons des éléments de réflexion en expatriation.

l'instruction en famille, est ce une bonne idée en expatriation ?l'instruction en famille, est ce une bonne idée en expatriation ?
Écrit par Expat Pro
Publié le 12 décembre 2024, mis à jour le 17 décembre 2024

Ecrit pour Expat Pro par Isa LISE*, créatrice de Le Monde de Mei et Noé, un univers pour apprendre autrement .


 

 

Lorsque notre enfant grandit, on pense régulièrement ne pas avoir le choix et devoir scolariser. En réalité, deux options s’offrent à nous, l’inscrire dans une école, quelle qu’elle soit (école publique, privée, alternative, ou internationale), ou opter pour l’instruction en famille également appelée école à la maison.

 

 

Un enfant instruit à domicile a moins besoin d’étudier qu’un enfant scolarisé.

 

 

7 raisons de choisir l’instruction en famille

Tout d’abord nous vous proposons de découvrir 7 raisons de choisir l’instruction en famille partagées par 62 à 84 % des familles sans école (sondage réalisé par Isa LISE en 2018 auprès de 517 familles)[1].

 

1-   Le respect du rythme d’apprentissage de son enfant

En apprenant hors cadre scolaire, l’enfant peut avancer très exactement à son rythme. Il peut aller plus vite ou ralentir lorsqu’il en a besoin et il est tout à fait possible par exemple d’accélérer en mathématiques et de ralentir en français. (raison concernant environ 84 % des familles sans école)

 

2-   Le respect du rythme personnel de l’enfant

C’est en particulier valable pour les petits qui peuvent avoir besoin de dormir plus ou moins longtemps que ce qui est prévu durant les siestes. C’est également très intéressant pour les adolescents qui ont souvent besoin de se lever plus tard que ce qu’impose le système scolaire. Suivre un rythme personnel, c’est aussi manger, se reposer, boire, aller aux toilettes lorsqu’on en a besoin.

 

3-   Le respect du besoin de mouvement

Un besoin essentiel pour bien des enfants et souvent contrarié dans bien des systèmes éducatifs. Or l’instruction en famille laisse l’enfant libre de ses mouvements. On apprend en effet tout aussi bien les pieds en l’air, en marchant, en étant assis sur un gros ballon gonflable, en restant debout, etc.

 

4-   Le respect du besoin de se livrer à ses passions

Un enfant instruit à domicile a moins besoin d’étudier qu’un enfant scolarisé. En effet, aucune perte de temps pour sortir le matériel, attendre le retour au calme, gérer les interruptions des autres. De plus, grâce à un soutien individuel, l’enfant bénéficie d’explications personnalisées et donc progresse à son rythme et plus efficacement. Le temps libéré lui permet de se livrer à ses passions quelles qu’elles soient.

 

5-   Les apprentissages dans une ambiance détendue et encourageante

Les parents peuvent également ressentir le besoin de proposer une ambiance détendue et une véritable mise en confiance à l’enfant lorsque des doutes sont émis sur la qualité du milieu scolaire disponible.  


 

6-   Un meilleur respect du besoin de jouer

Un certain nombre d’enfants se plaignent de ne pas avoir le temps de jouer entre le temps d’école, le temps des trajets et le temps des leçons. Avec l’école à la maison, l’enfant ne perd pas de temps dans les trajets et il n’a pas de leçons, seulement un temps d’instruction. Il dispose donc de larges plages horaires pour se livrer à son besoin de jouer, un besoin essentiel pour le bon fonctionnement de l’enfant.

 

7-   Un encouragement à penser par lui-même

En 2018, 65 % des parents ayant participé au sondage avaient répondu qu’il était important pour eux que leur enfant puisse penser par lui-même. Ils regrettaient ainsi que le système scolaire présente souvent les évènements d’un point de vue unique et attende des réponses en ce sens. De plus, ils regrettaient que le système scolaire français privilégie un mode de fonctionnement neurologique unique au détriment de modes de fonctionnement différents. 

 

 

apprendre à la maison en expatriation, une bonne idée ?

 

 

 

L’instruction en famille offre la possibilité d’organiser son temps et ses activités sans se soucier de l’école.

 

 

L’instruction en famille, une bonne idée pour les expats ?

Lorsqu’on arrive dans un nouveau pays, tous les repères sont à construire. De plus, la langue du nouveau pays est souvent peu maitrisée par les enfants. Enfin, s’investir dans une communauté scolaire est aussi un moyen de lier connaissance et donc de créer un réseau. On pourrait donc penser qu’il est particulièrement judicieux d’inscrire son enfant à l’école. Cependant, des raisons particulières d’opter pour l’école à la maison peuvent s’ajouter aux raisons précédemment citées.

 

8-   Le fait d’assurer une instruction de qualité

En effet, certains systèmes scolaires sont particulièrement déficients. Parfois, il est même compliqué d’accéder à une école.

 

9-   La poursuite des apprentissages en français

Si l’expatriation est prévue pour une période courte à relativement courte, les parents peuvent s’inquiéter d’une perte des acquis scolaires en lien avec le programme français. L’école à la maison apparait alors comme la solution pour la famille expatriée.

 

10- La possibilité d’organiser librement son temps.

C’est un motif très fréquent (environ 6 familles sur 10) et qui est encore plus justifié pour une famille expatriée durant un temps relativement bref (2 à 3 ans maximum). Avec des enfants scolarisés et une vie professionnelle riche, l’organisation est régulièrement compliquée et avant qu’on ait le temps de réaliser, il est déjà temps de rentrer sans avoir réellement pu découvrir le pays dans lequel on séjournait. L’instruction en famille offre la possibilité d’organiser son temps et ses activités sans se soucier de l’école.

 

 

 

étudier à la maison en expatriation, une bonne idée ?

 

 

Choisir l’école à la maison ?

La décision finale dépend donc de toutes ces raisons, mais aussi de plusieurs autres facteurs :

  • La disponibilité d’un ou des deux parent(s) afin d’assurer l’instruction (il est toutefois possible de bénéficier de solides soutiens, nous y reviendrons dans la partie 4).
  • La volonté de l’enfant d’apprendre en famille plutôt qu’à l’école.
  • Le regard porté sur les familles sans école dans le lieu de vie et la capacité à gérer ce regard si celui-ci est régulièrement méfiant.
  • La possibilité légale d’instruire son enfant à domicile. En effet, trois situations peuvent exister en fonction du pays : une véritable liberté de décision familiale, une possibilité sous autorisation, une impossibilité ou quasi-impossibilité. Il est donc essentiel de s’informer sur la législation du pays choisi.[2] A savoir également : la période d’instruction obligatoire dépend une fois encore du pays choisi.
  • Dans les pays où le homeschooling est particulièrement répandu et bien intégré, les communautés non scolaires permettent également de créer un réseau actif.

Parmi les pays les plus encourageants, on peut citer les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Puis, dans une moindre mesure, la Nouvelle-Zélande, l’Australie et le Canada.

 

 

Une des particularités de l’instruction en famille est de permettre une véritable immersion 

 

 

 

Comment organise-t-on l’enseignement à domicile ?


En fonction du pays où on pratique l’instruction en famille, les choix et possibilités de pratiques pédagogiques varient. Cependant, quels que soient les choix pédagogiques, il est toujours possible d’organiser ses semaines et son temps à sa guise.

De plus, le lieu où est dispensée l’instruction varie en fonction des familles, de l’âge des enfants, de la configuration familiale et des opportunités ! En effet, certains ont la possibilité et l’envie de créer une salle dédiée tandis que d’autres optent pour des lieux variés avec l’habitude fréquente d’utiliser la table du salon ou de la cuisine. Enfin, une des particularités de l’instruction en famille est de permettre une véritable immersion et donc de visiter des lieux variés où la famille apprend ensemble et régulièrement avec d’autres familles sans école.

Concernant les choix pédagogiques, certains pays imposent la tenue d’un port-folio et/ou des examens scolaires à des périodes déterminées. Dans ceux-ci, il est donc important de suivre le programme scolaire officiel tandis que d’autres pays sont souples et permettent un programme personnel et que les dernières nations imposent certains objectifs sans imposer le programme officiel. De ces législations dépendent donc les choix pédagogiques possibles.

 

 

étudier à la maison en expatriation, une bonne idée ?

 

 

On distinguera notamment 5 grands choix :

-      Les cours par correspondance : ils permettent de disposer du programme scolaire français et d’avoir des notes. L’enfant peut avancer en autonomie ou avec aide des parents ou d’une jeune fille au pair par exemple. Inconvénient pour les profils atypiques : ils sont standardisés et si le système scolaire français classique convient peu à l’enfant, ces cours présentent les mêmes inconvénients.

-      La reproduction du modèle « école à la maison » ou homeschooling : cette fois, la famille utilise des supports du commerce et/ou des professeurs à domicile. Le programme est strictement suivi. Les adaptations sont plus grandes du fait d’un suivi personnalisé

-      A l’opposé, le unschooling est le refus d’imposer des apprentissages à l’enfant. C’est l’enfant qui est le moteur de son apprentissage. Cette pratique est très appréciée des parents qui souhaitent suivre au mieux le rythme et les besoins de leur enfant. Cependant, elle n’est pas possible dans les pays où la législation est particulièrement rigoureuse. Et dans bon nombre de pays, il est difficile de faire entendre ce choix. En effet, lorsqu’il est méconnu, le unschooling est régulièrement associé au refus d’instruire l’enfant. Or, ce n’est pas le cas. Cela suppose un investissement du parent qui va proposer et rebondir en fonction des intérêts et du rythme de l’enfant, en particulier si l’enfant n’est pas autonome.

-      Le suivi d’une pédagogie alternative : parmi les plus utilisées par les familles sans école, on retrouve la pédagogie Montessori (celle-ci est toutefois difficile à mettre totalement en place à la maison car elle repose également sur l’émulation du groupe) ; la pédagogie Steiner notamment pour les plus jeunes ; la pédagogie Mason[3] qui repose sur plusieurs principes en particulier la narration, l’importance de la nature et l’utilisation de living-books et la pédagogie de projet[4] où l’enfant apprend dans tous les domaines à partir d’un thème. Chacune de ces pédagogies dispose d’atouts individuels. Le principal, commun à tous, est de permettre une approche plus dynamique, plus concrète et plus vivante, en comparaison des cours par correspondance.

-      Une instruction sur mesure : la famille pioche à la fois dans des supports formels, dans une ou plusieurs pédagogies alternatives et s’inspire partiellement du unschooling.

 

Dernière particularité à retenir : l’instruction en famille n’est pas une décision définitive. Ainsi la très grande majorité des enfants vivent cette réalité durant un temps relativement court (environ 2 à 3 ans). Il est donc possible de choisir la durée de l’expérience afin de créer la vie qui correspond à chacun.

 

 

 

 


*Lisa LISE est également l’autrice de "Faire l’école à la maison" paru aux éditions Eyrolles, de "L’école à la maison- Des pistes pour apprendre autrement" paru aux éditions de l’Instant présent.


[1] Sondage réalisé en 2018 par Isa LISE 

[2] Liste avec de nombreux pays et la possibilité ou non de pratiquer l’instruction en famille 

[3] Pédagogie Charlotte Mason, Living books et Pédagogie du Monde de Mei et Noé (lemondedemeietnoe.com)

[4] Exemple de pédagogie de projet et mise en application (lemondedemeietnoe.com)

Pensez aussi à découvrir nos autres éditions