En Géorgie, la tension monte entre un gouvernement accusé de dérive autoritaire prorusse et des citoyens déterminés à défendre les aspirations européennes du pays. Depuis le 28 novembre 2024, Tbilissi est le théâtre de manifestations quotidiennes contre le parti au pouvoir, Rêve géorgien, qui a décidé de repousser à 2028 toute négociation d'intégration dans l'Union européenne. Une annonce perçue par l'opposition comme un renoncement aux ambitions européennes et un alignement sur la Russie.
Mobilisations importantes en Géorgie face à la suspension des négociations d'intégration de l’UE
Lundi 09 décembre 2024, pour la douzième nuit consécutive, plusieurs milliers de manifestants pro-Union européenne se sont rassemblés dans les rues de la capitale géorgienne. Drapeaux européens en main et slogans anti-gouvernementaux sur les lèvres, les manifestants dénoncent la politique du Premier ministre Irakli Kobakhidze et son parti, Rêve Géorgien, qui a décidé de reporter à 2028 tout début de négociation en vue d’une intégration dans l'Union européenne.
La présidente pro-occidentale de la Géorgie Salomé Zourabichvili a martelé que la mobilisation de la rue ne faiblit pas, tandis que la réponse des autorités chaque nuit se fait de plus en plus brutale. La police disperse les manifestants à coups de canon à eau et de gaz lacrymogène. Depuis le début du mouvement, plus de 400 personnes ont été arrêtées pour « désobéissance » ou « vandalisme », et « plus de 30 » sont accusées de délits plus graves comme l'incitation à la violence.
Face à cette contestation grandissante, le pouvoir a durci son discours. Irakli Kobakhidze a promis « d’anéantir » ses détracteurs, qu’il qualifie de « libéralo-fascistes ». Lundi 09 décembre 2024, il a loué l’action des forces de l’ordre, affirmant que la répression avait permis d'empêcher une tentative de révolution, tout en minimisant l'ampleur du mouvement. Les ONG et l'opposition dénoncent, pour leur part, de multiples cas de violences policières, notamment contre des journalistes couvrant les événements. Ces accusations viennent renforcer le climat de défiance envers un gouvernement de plus en plus perçu comme autoritaire et prorusse.
L’avenir européen de la Géorgie compromis
Depuis son arrivée au pouvoir en 2012, le parti Rêve géorgien a progressivement éloigné le pays de sa trajectoire européenne. Alors que l'intégration dans l'Union européenne figure parmi les aspirations historiques de la population géorgienne depuis son indépendance du joug russe au début des années 90, les récentes décisions du gouvernement suscitent un profond mécontentement.
Pour les manifestants, l’enjeu dépasse la politique intérieure, qui veulent au-delà de leur avenir, défendre leur identité européenne. Face à la répression croissante, les observateurs s’interrogent : la Géorgie, autrefois considérée comme un exemple de transition démocratique dans la région, est-elle en train de s’éloigner irrémédiablement de l’Europe ? Les prochains jours s’annoncent décisifs pour l'avenir du pays, pris entre aspirations européennes et pression d’un gouvernement aux méthodes autoritaires.