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M-C Heydenreich: "La solitude de l’entrepreneur expat est réelle"

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Marie-Caroline Heydenreich, fondatrice de Mi Casa es tu casa
Écrit par Marie-Pierre Parlange
Publié le 19 octobre 2018, mis à jour le 18 juin 2019

En 10 ans d’expatriation,  entre Angola et Colombie, Grande-Bretagne et Gabon, Marie-Caroline Heydenreich a toujours su rebondir et multiplier les expériences constructives. En partant du principe que l’on préfère louer sa maison à des amis (ou des amis d’amis), elle a fondé « un peu par hasard » le site de location de maisons Mi casa es tu casa. 

Les changements ne semblent pas pouvoir déstabiliser Marie-Caroline Heydenreich, au contraire, elle s’en nourrit ! Cette fille de militaire habituée aux déménagements dans son enfance aborde avec sérénité chaque nouvelle escale de sa vie tout en insufflant une énergie folle à ses activités.
 

Tout commence par une prise de conscience. En 2009, son mari a une belle opportunité professionnelle en Angola. Marie-Caroline vend son entreprise de relations publiques et quitte sa vie parisienne sans regrets. Là-bas, elle trouve le poste dont elle rêve.  Malheureusement, faute de visa, elle devra y renoncer : « j’ai alors compris que je ne devais compter que sur moi » nous dit-elle.

Quelques mois plus tard, le jeune couple s’installe en République démocratique du Congo, à Moanda. « C’était la brousse. Six familles d’expatriés, pas de route goudronnée, il faut prendre l’avion pour faire ses courses… Un super souvenir ». La famille s’agrandit (3 enfants en 3 ans tout de même !) mais la jeune femme trouve le temps d’épauler sa maman dans son entreprise de linge de maison. « Je me suis occupée de gestion, des réseaux sociaux, du site, entre deux coupures d’internet. C’était bien d’avoir une activité professionnelle compte tenu de la tranquillité du lieu !» 

Trois ans plus tard, changement de continent, la famille découvre la Colombie. Le petit dernier a trois mois. « J’avais vraiment besoin de retravailler, de retrouver une vie sociale et associative. »  Marie-Caroline s’occupe de Bogota Accueil, et monte très rapidement en parallèle une société de vêtements pour enfants. « En 3 semaines, la boite était créée. J’ai été très aidée par une amie avocate. Sans elle, je n’aurais pas pu me lancer, ne connaissant pas le pays et ne parlant pas espagnol. Cela m’a mis dans une super dynamique, j’avais beaucoup d’énergie à donner. J’ai découvert les ateliers, les magasins de tissu, les merceries... cela m’a fait connaître le pays en profondeur». Le projet est « épuisant mais passionnant. Mais sans visibilité sur l’après, au bout de 3 ans et demi j’ai doucement fermé mon entreprise ».
 

Une nouvelle façon de préparer ses vacances

Propriétaire depuis peu d’une maison au Cap Ferret, Marie-Caroline crée un groupe facebook, Mi casa es tu casa, afin de pouvoir la louer à des proches. « Je n’avais aucune envie de passer par les sites qui existent déjà. Je n’avais aucune confiance et de plus, comme locataire j’avais eu de mauvaises expériences. » Le groupe, ouvert aux amis d’amis, grossit très vite. « J’ai tout de suite senti une demande, et notamment chez les expats. Je me suis prise au jeu de la mise en relation des uns avec les autres. Bientôt cela a pris une grosse partie de mes journées. A 20.000 membres, en janvier dernier, j’ai décidé d’en faire une activité professionnelle, pour pouvoir structurer le projet, le faire grandir encore et le monétiser. » 

Mi casa es tu casa existe depuis près de 3 ans et compte aujourd’hui 27.500 membres. « C’est une nouvelle manière de chercher ses vacances, explique-t-elle. La maison détermine souvent une destination ».
 

Mi casa es tu casa

La confiance à la base du projet

Il n’y a pas de critère autre que le parrainage pour pouvoir accéder aux offres de Mi Casa es tu casa. « Je fais confiance aux membres. C’est la condition pour que tout le monde se responsabilise. On a des biens très haut de gamme, pas forcément présents sur d’autres sites, des maisons de famille. L’accès au site est gratuit pour les locataires. Les propriétaires ont la possibilité de déposer gratuitement leur annonce, et de choisir des options payantes pour plus de visibilité. Nous proposons principalement de la location saisonnière mais aussi de la location longue durée et même de la vente de particulier à particulier. » Marie-Caroline souhaite aussi développer l’échange de maison et d’appartements : « Cela fonctionne hyper bien car on a des maisons partout dans le monde. J’y crois beaucoup, c’est un très bon moyen pour voyager à moindre frais. ». 

En revanche, il n’y a aucune commission sur les transactions : « Comme propriétaire, j’en avais marre de payer pour tout. Les transactions ne passent pas par le site. Locataires et propriétaires entrent en contact, échangent. La relation est plus saine sans intermédiaire. Je garde quand même un rôle de médiateur si nécessaire ».

Focus sur le marché des vacances

Aidée d’un développer free lance et de son mari pour la partie financière, Marie-Caroline ne manque pas d’idées pour faire grandir son entreprise. « Je compte faire une levée de fonds d’ici la fin de l’année. Je voudrais embaucher quelqu’un pour développer des partenariats avec des loueurs de voiture, de vélos, de bateau, des agences de conciergerie, babysitting, etc. Il faut créer un réseau sans que cela ne coute plus cher aux gens, en gardant la notion de confiance au cœur de l’activité. Et pourquoi pas aussi décliner le site dans d’autres pays avec des ambassadeurs locaux… »

Infatigable, Marie-Caroline avoue avoir l’entreprenariat en elle : « L’expat, je l’ai toujours choisie et non subie. Il faut qu’on s’y retrouve tous, sinon on rentre. J’ai le luxe d’avoir une vie suffisamment confortable pour tenter des choses. Ce serait trop dommage de ne pas le faire ». Installée actuellement au Gabon après un séjour à Londres, la jeune maman reconnaît que la vie y est douce, et qu’elle n’aurait sans doute pas pu consacrer autant de temps à ses projets sans aide à la maison. « Mes journées sont rythmées. Tous les matins, je dois m’y mettre, il faut de la discipline. La solitude de l’entrepreneur expat est réelle. Pourtant avoir mon projet m’aide et je sais qu’il va me suivre. Je n’ai plus l’appréhension de retrouver du travail ou mes marques ailleurs et je profite de toutes les opportunités. »  

Marie Pierre Parlange
Publié le 19 octobre 2018, mis à jour le 18 juin 2019
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