

Chantal Sébire, un nouveau visage sur la question de l'euthanasie (photo AFP)
Chantal Sébire disait vouloir affronter la mort en toute conscience et en toute lucidité. "Je veux partir en faisant la fête entourée de mes enfants, amis et médecins, avant de m'endormir définitivement à l'aube", avait-elle déclaré. Elle a été retrouvée morte hier soir, dans son appartement de Plombières-les-Dijon (Côte d'Or). Pour l'heure, on ne connait pas les causes du décès.
Le grand public ne la connaissait que depuis fin février. Chantal Sébire souffrait pourtant depuis 8 ans d'une tumeur évolutive et incurable des sinus et de la cavité nasale. A la fin, sa maladie avait transformé son visage en une sorte d'Elephantland douloureux.
Mercredi dernier Chantal Sébire, âgée de 52 ans, avait saisi la justice pour une "demande exceptionnelle mais néanmoins légitime d'euthanasie". Elle avait clairement demandé à la France de l'aider à mourir dignement.
Impasses
Mais il y a deux semaines, la France était en pleine campagne municipale. Personne ne pouvait se mouiller pour ou contre sa requête au risque de perdre des électeurs. Ainsi, tandis que François Fillon proposait de la plonger dans un coma artificiel, Nicolas Sarkozy voulait qu'elle rencontre ses propres médecins. Hier d'ailleurs, le docteur de Chantal a été reçu à l'Elysée, pour y déposer son dossier médical.
Lundi, la requête d'euthanasie a été repoussée par le Conseil d'Etat qui a jugé impropre d'intervenir. Tant elle se sentait faiblir, Chantal Sébire avait alors refusé de faire appel. De la même manière, il n'était plus question d'aller chercher l'exil en Suisse tant son état de santé se dégradait.
Hier après midi encore, Bernard Kouchner intervenait en sa faveur : il fallait, disait-il, que l'Etat ait les pouvoirs de se tenir prêt à répondre à ce genre de questions extrêmes et exceptionnelles.
Chantal Sébire n'aura pas donné le temps aux chapelles de s'entendre. Sa médiatisation vaudra certainement plus que le quart d'heure de gloire prôné par Andy Warhol puisque désormais l'opinion se souviendra d'un visage affreusement disloqué. Et d'un nom qui correspondra à un appel au secours auquel personne n'aura su répondre.
Nicolas Mangin &Betty Ruby. (www.lepetitjournal.com) jeudi 20 mars 2008


































