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EUROPE - L'Albanie rêve d'UE

Après un long isolement, l'Albanie, ancienne république communiste, se trouve à un tournant important de son histoire, et c'est vers l'Europe qu'elle regarde désormais. L'Albanie a officiellement présenté sa demande d'adhésion à l'Union Européenne, début d'un long processus de négociation

Le Premier ministre albanais Sali Berisha (à gauche) et son homologue Mirek Topolanek (au centre), le 28 avril 2009 à Prague
Michal Cizek / AFP


(Rédaction internationale) - Petit pays montagneux entre la Grèce, le Monténégro, le Kosovo et la République de Macédoine, l'Albanie, longtemps isolée, rêve aujourd'hui d'un avenir européen. Le Premier ministre albanais, Sali Berisha, a remis officiellement mardi 28 avril la demande d'adhésion de son pays à l'Union européenne au Premier ministre Tchèque Mirek Topolanek, dont le pays assure actuellement la présidence de l'UE. C'est le début d'un long processus de négociation avec les 27, mais aussi de transformation du pays, qui devra, pour être intégré, prouver sa stabilité.

L'intégration : un long processus
Depuis le début des années 1990, l'Albanie a déjà conclu plusieurs accords commerciaux avec l'UE, notamment un Accord de stabilisation et d'association (accord qui prépare à une adhésion éventuelle et organise une coopération politique et économique du pays avec l'UE), signé en 2006 et entré en vigueur le 1er avril 2009. L'Albanie est également, depuis cette même date, membre de l'OTAN. Sa demande d'adhésion à l'Union Européenne est donc la suite logique d'un long processus d'intégration du pays dans la communauté internationale.  

Soutien de la France
Mais le dépôt de ce dossier ne fera pas automatiquement de l'Albanie un candidat à l'entrée dans l'UE. Il ne s'agit que d'un premier pas vers l'obtention du statut de candidat, qui nécessite au préalable l'accord des 27 Etats membres. La petite république devra donc convaincre du sérieux de son engagement. L'UE attend notamment des garanties en matière de démocratie, de stabilité politique, économique et institutionnelle, et de lutte contre la corruption. Depuis 2006, l'Albanie a engagé d'importantes réformes institutionnelles, mais plusieurs Etats membres de l'UE doutent de la capacité du pays à maintenir sa stabilité. Les élections législatives prévues en juin prochain constitueront un premier test décisif.
L'Albanie peut d'ores et déjà compter sur le soutien de la république Tchèque, dont le Premier ministre Mirek Topolanek a affirmé qu'elle "apportera son soutien à l'Albanie pendant toute la durée du processus d'adhésion, même après la fin de la présidence tchèque". La France apportera également son soutien à la candidature albanaise. Lors d'un entretien avec Sali Berisha le 24 avril, Nicolas Sarkozy a assuré que "l'Albanie sera membre de l'Union européenne et la France soutient pleinement cette perspective".

Un pays en transition
Totalement détruit à la fin de la seconde guerre mondiale, le pays est devenu une république communiste en 1946, entrant alors dans un long isolement. A la chute du régime communiste en 1990, la transition a été rendue difficile par le manque d'institutions stables. Depuis, d'importants efforts ont été faits : adoption d'une nouvelle Constitution conforme aux normes démocratiques internationales, adoption d'une nouvelle loi électorale pour éviter les fraudes qui avaient entaché les précédentes élections, ou encore réforme de la politique fiscale afin d'encourager les investissements étrangers et développer l'économie.

96% des Albanais soutiennent l'adhésion à l'UE
Malgré cela, l'équilibre reste précaire : le taux de chômage est élevé, la corruption, les trafics et le marché noir importants, et l'économie reste dépendante des devises envoyées par les nombreux Albanais émigrés en Grèce ou en Italie. Mais le pays dispose aussi de nombreux atouts : d'importantes ressources naturelles, une population jeune et dynamique, une croissance économique constante ces dernières années, et surtout une forte volonté de rejoindre l'Union Européenne, qui l'encourage à poursuivre sur la voie des réformes.
Le Premier ministre Sali Berisha a souligné que 96% des citoyens albanais soutenaient l'adhésion à l'UE. Un point positif, mais aussi un risque : l'Albanie est un des pays le plus pauvres d'Europe, et les grands espoirs fondés sur l'Union Européenne ne seront pas forcément satisfaits.
Audrey Vassalli (www.lepetitjournal.com) lundi 4 mai 2009

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