Dublin alerte sur les conséquences économiques massives d'une guerre commerciale entre les États-Unis et l'Union européenne, alors que le président américain menace de taxer lourdement les produits européens.


L'ombre d'une nouvelle guerre commerciale plane au-dessus de l'Atlantique. En effet, les menaces de Donald Trump de réinstaurer des droits de douane sur les importations européennes inquiètent profondément l'Irlande. Selon une estimation du gouvernement, jusqu'à 80.000 emplois pourraient être perdus dans le pays si les mesures protectionnistes américaines venaient à se concrétiser.
Dublin tire la sonnette d'alarme
Le ministre irlandais des Finances, Paschal Donohoe, ne mâche pas ses mots : « Dans le pire scénario, ce sont des dizaines de milliers d'emplois qui seraient menacés. » La perspective d'une montée des tarifs douaniers sur les exportations européennes vers les États-Unis, en particulier dans les secteurs de la tech, de la pharmacie, de l'agroalimentaire ou encore du whisky, représente une menace directe pour une économie irlandaise largement tournée vers l'export.
Un rapport conjoint entre le ministère des Finances et l'Institut de recherche économique et sociale (ESRI) prévoit une baisse du PIB pouvant atteindre 3,7 % sur les cinq à sept prochaines années si les tensions commerciales dégénèrent.
Les secteurs les plus exposés : pharma, tech, agroalimentaire
L'Irlande, connue pour abriter les sièges européens de nombreuses multinationales américaines est particulièrement vulnérable à une hausse des droits de douane américains. Les secteurs les plus menacés sont ceux qui entretiennent des liens commerciaux étroits avec les États-Unis :
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Les technologies de l'information et de la communication, avec des géants comme Apple, Google ou Meta implantés à Dublin,
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L'industrie pharmaceutique et des dispositifs médicaux, qui représentent une part massive des exportations irlandaises,
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L'agroalimentaire, notamment les producteurs de viande, de produits laitiers, et les distilleries de whiskey irlandais.
La menace d'un droit de douane de 200 % sur les produits alcoolisés européens a particulièrement alarmé les producteurs irlandais de spiritueux, qui redoutent une exclusion du marché américain.
Un goût amer de déjà-vu : après le Brexit, un nouveau choc extérieur
Pour les autorités irlandaises, cette menace évoque douloureusement les années de turbulences liées au Brexit. À l'époque, Dublin avait mis en place des mesures exceptionnelles pour soutenir les entreprises exposées à la rupture des échanges avec le Royaume-Uni.
Mais cette fois, la marge de manœuvre semble plus étroite. « Il est peu probable que nous puissions déployer un plan d'aide aussi massif que celui de la pandémie ou du Brexit », a reconnu Paschal Donohoe sur RTE. Le contexte budgétaire, plus tendu, pourrait limiter la capacité de l'État à amortir le choc.
Des réactions prudentes… pour l'instant
Du côté des milieux économiques, le ton est mesuré, mais inquiet. La Banque centrale d'Irlande a qualifié la situation de « très préoccupante », appelant les entreprises à anticiper une possible « période de forte volatilité ». Le gouverneur Gabriel Makhlouf a rappelé que la dépendance de l'Irlande au commerce international, bien qu'un atout en période de croissance, la rend particulièrement fragile en cas de tensions géopolitiques.
À Bruxelles, les discussions se poursuivent pour tenter d'éviter une escalade avec Washington. Mais face à la rhétorique agressive de Donald Trump, la marge de négociation pourrait s'avérer mince.
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