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Conor McGregor à la présidence ? Une annonce choc qui secoue l’Irlande

Conor McGregorConor McGregor
Crédit photo : capture Youtube
Écrit par Lepetitjournal Dublin
Publié le 21 mars 2025

Ce n’est pas une blague, ni ne semble-t-il, un coup de promo avant un retour dans l’octogone. L'ex-champion irlandais de MMA Conor McGregor a officiellement annoncé sa candidature à l’élection présidentielle irlandaise de 2025. Arborant une casquette « Make Ireland Great Again » et posant fièrement devant son jet privé, « The Notorious » veut désormais conquérir l’Irlande, non plus avec ses poings, mais avec les urnes.

Inspiré – de manière à peine voilée – par Donald Trump, qu’il a rencontré lors d’une visite à la Maison-Blanche pour la Saint-Patrick, McGregor entend incarner une voix dissidente face au gouvernement en place, notamment sur les questions migratoires. Opposé farouchement au Pacte européen sur la migration et l’asile, il dénonce une perte de souveraineté nationale et affirme que l’Irlande est « en train de perdre son identité ».

Attention néanmoins : Malgré ses affirmations, les chances de McGregor de figurer sur la liste des candidats à la succession du président Michael D. Higgins semblent extrêmement faibles. En effet, un candidat doit être désigné par 20 membres de l'Oireachtas, qui représente l'ensemble du corps législatif irlandais, ou par quatre autorités locales pour pouvoir se présenter à Áras an Uachtaráin (la présidence). Il est peu probable que M. McGregor réponde à ces critères.

Mais même si cette candidature paraît pour le moment encore fantaisiste, elle nous donne l'occasion de revenir sur le rôle du président en Irlande.

Quel est le rôle du président en Irlande ?

Si Conor McGregor espère un jour s’installer à Áras an Uachtaráin – la résidence présidentielle située à Phoenix Park, Dublin – encore faut-il savoir ce que le poste implique. Car contrairement à d'autres pays, le président irlandais n'exerce pas un pouvoir politique fort.

En effet, en Irlande, le président est avant tout une figure symbolique et un garant de la Constitution. Élu au suffrage universel direct pour un mandat de sept ans, renouvelable une seule fois, il représente l’État à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Mais attention : ce n’est pas lui qui gouverne. Le pouvoir exécutif reste entre les mains du gouvernement, dirigé par le Taoiseach (Premier ministre).

Le président joue néanmoins un rôle clé dans plusieurs domaines. Il promulgue les lois votées par le Parlement, convoque et peut dissoudre le Dáil (la chambre basse), nomme le Taoiseach sur proposition des députés, et accrédite les ambassadeurs. Il est aussi, sur le papier, le commandant suprême des forces armées – un rôle surtout honorifique.

Mais le poste n’est pas totalement dénué de pouvoir. Dans certaines situations, le président peut agir de manière indépendante. Par exemple, s’il estime qu’une loi votée par le Parlement pose problème, il peut saisir la Cour suprême pour en vérifier la constitutionnalité. Et en cas de crise politique, il peut refuser de dissoudre le Dáil (le Parlement), forçant alors le Taoiseach à démissionner.

En somme, si McGregor veut passer du ring à la présidence, il devra troquer les uppercuts pour des discours institutionnels, et surtout s’habituer à un rôle où le symbole prime sur l’action directe. 

Un passé judiciaire qui fait débat

Le passé judiciaire de Conor McGregor soulève de vives interrogations sur sa légitimité à briguer la présidence. Depuis plusieurs années, le combattant a accumulé des condamnations pour divers délits, notamment pour agression, conduite dangereuse et trouble à l’ordre public. En 2019, il avait été filmé en train de frapper un homme dans un pub de Dublin – un incident qui avait fait le tour du web.

Mais c’est surtout une affaire plus grave qui pourrait lourdement peser sur ses ambitions politiques. En novembre 2024, McGregor a été reconnu coupable de viol dans le cadre d’un procès civil en Irlande. Il a été condamné à verser 250 000 euros de dommages à la victime, Nikita Hand, pour des faits remontant à 2018, et à prendre en charge l'intégralité des frais de justice estimés à plus de 1,5 million d’euros. Une décision de justice qu’il a annoncé vouloir contester en appel.

Cette condamnation a entraîné des ruptures de contrats avec plusieurs sponsors, et suscité la réaction d'organisations de défense des droits des femmes en Irlande, particulièrement après sa rencontre très médiatisée avec Donald Trump à la Maison-Blanche.

Dans un pays où le président incarne la dignité et l’unité nationale, cette affaire judiciaire pourrait bien faire office de K.O. politique pour le champion.

 

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