DSK- A quitte ou double

C'est aujourd'hui que Dominique Strauss-Kahn s'exprimera devant la cour suprême de New York pour dire s'il plaide coupable ou non des accusations qui pèsent contre lui,  notamment celle d' "acte sexuel criminel au premier degré" sur Nafissatou Diallo, femme de ménage de l'hôtel Sofitel de New York

Déterminante pour la suite de la procédure, la première intervention de l'ancien directeur du FMI en public depuis son arrestation, il y a trois semaines, est très attendue. Selon toute vraisemblance, DSK devrait plaider "non coupable" et laisser s'ouvrir la phase dite de "discovery", durant laquelle les parties réunissent le maximum d'éléments en vue du procès

So , "non coupable"?
Faut-il  "aller au procès et risquer une lourde condamnation ou bien plaider coupable et entrer dans un plea bargaining (négociation) à l'issue incertaine ? ", interroge Isabelle Kirshner, pénaliste new-yorkaise dans le Figaro.
Selon toute vraisemblance, DSK (AFP) plaidera non coupable. "Je ne veux pas rentrer pour l'instant dans le détail de cette affaire, mais je suis confiant. Je ne pense pas du tout que M. Strauss-Kahn soit coupable des faits qu'on lui reproche, et je peux vous prédire qu'il sera relaxé", a confié maître Brafman sur M6. S'il confirme cette stratégie, DSK sera donc traduit devant un tribunal américain dans les prochains mois pour répondre des sept chefs d'inculpation qui ont été retenus contre lui par le grand jury.

Le bras de fer de la justice américaine
Rien à voir avec la procédure pénale française où la défense et l'accusation ont accès conjointement aux pièces à conviction. Aux Etats-Unis, les deux parties avancent partiellement à l'aveugle. Pas question d'abattre ses cartes face à l'adversaire tant que la phase dite de "discovery" (étape judiciaire où l'accusation livre progressivement à la défense l'ensemble des charges qu'elle possède) n'a pas commencé. Si l'ancien directeur du FMI plaide bien "non coupable", l'accusation va devoir transmettre des documents clé à la défense :
- transmission à la partie adverse du "voluntary disclosure form", un document récapitulant les éléments matériels et scientifiques connus à ce jour.
 - déposition de la jeune accusatrice devant le grand jury.

Les requins de la défense
Les avocats de DSK, jusqu'à présents restés muets faute d'éléments, vont alors pouvoir sortir l'artillerie lourde.  Benjamin Brafman et William Taylor vont se mettre à chercher les moindres failles du dossier de l'accusation, soulever des motions, des nullités de procédures. "Les conditions de l'arrestation de Dominique posent problème, croit savoir un proche du clan Strauss-Kahn. Il semble que le procureur soit passé un peu vite sur la question de son statut personnel, tout comme celui de son ordinateur et de ses téléphones. Ils ont fait arrêter le directeur du FMI comme un voleur de poules. Pour le justifier, ils ont évoqué la fuite, mais le vol (le billet d'avion)  était réservé de longue date?" 

Le rouleau compresseur de la défense
Il suffira d'un seul doute dans l'esprit des douze jurés tirés au sort concernant un seul des chefs d'inculpation pour que DSK soit acquitté. Alors forcément, les avocats de la défense vont sortir le grand jeu : armada de détectives privés, millions de dollars à disposition. Rien de la vie de Nafissatou Diallo ne va être épargné. "Ils vont remuer ciel et terre en quête de la moindre faille à même de l'accabler", explique Anne Seymour, fondatrice de Justice Solutions, une association de défense des droits des victimes. Le contre-interrogatoire de la plaignante risque aussi d'être décisif pour la défense. Si ses réponses diffèrent de son témoignage face au grand jury, sa parole sera immédiatement mise en doute. Bref, dans ce bras de fer entre la défense et le procureur, le rôle de la victime va devenir de plus en plus mineur.

Claire Largillière (www.lepetitjournal.com) lundi 6 juin 2011

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