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DISPARITION - René Monory, politicien d'avant l'ère "bling-bling"

René Monory est décédé samedi 11 avril à l'âge de 85 ans. Plusieurs fois ministre, conseiller général de la Vienne et président du Sénat, il a fait partie du paysage politique français durant plus de 40 ans. Portrait d'un garagiste devenu sénateur à force de "bon sens"
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(Rédaction internationale) René Monory (AFP), ancien sénateur de la Vienne, président du Sénat, et "père du Futuroscope", est décédé samedi 11 avril à Loudun, sa ville natale. Garagiste avant de se lancer en politique, centriste avant de rejoindre l'UMP, sa carrière politique fut longue et atypique.

Une ascension fulgurante
L'histoire de René Monory est celle d'un "self made man": né le 6 juin 1923 à Loudun dans la Vienne, fils d'un mécanicien et d'une employée de ferme, rien ne le prédestinait à la politique. Après des débuts dans le garage familial, il est brusquement saisi du démon de la politique, et devient maire de Loudun en 1959. Puis, tout s'enchaîne : conseiller général en 1961, sénateur en 1968, président du conseil général et ministre de l'Industrie de Raymond Barre en 1977, il rejoint l'Union Centriste dès sa création en 1978 et devient ministre de l'Economie, puis ministre de l'Education de Jacques Chirac en 1986, avant de succéder à Alain Poher à la présidence du sénat en 1992 sous les couleurs de l'UDF. En 1998, rattrapé par son âge et abandonné par bon nombre de ses soutiens politiques, il subit sa première défaite politique, et doit céder la présidence du Sénat à Christian Poncelet. En 2004, il avait pris sa retraite politique, quittant le Sénat et le Conseil général de la Vienne, déclarant simplement : "j'ai décidé d'arrêter, j'ai atteint le maximum".

"Pour les bourgeois, j'étais encore un ouvrier. Pour les ouvriers, j'étais devenu un bourgeois"
Dans le paysage politique français, René Monory faisait figure d'ovni. Autodidacte, avec pour unique diplôme le certificat d'études primaires, il revendiquait fièrement n'"avoir jamais lu un livre d'économie", ce qui ne l'a pas empêché de se forger une solide réputation de technicien. Il fut notamment l'inventeur des Sicav. Surnommé "le sheriff", il représentait avant tout une certaine façon de faire de la politique, privilégiant le "bon sens"sur la connaissance académique. A un journaliste qui l'interrogeait sur ses goûts littéraires, il avait répondu : "La culture? C'est être bien dans sa peau!". Amis ou adversaires politiques, même si certains raillaient ses origines, tous saluaient sa simplicité et son approche "concrète"de la politique. Mais cette apparente simplicité ne l'empêchait pas d'être un habile politicien, comme en témoigne sa longue carrière.

Passionné de nouvelles technologies
Un des traits les plus marquants de la carrière de René Monory est sa passion pour les nouvelles technologies, qu'il considérait comme "un enjeu politique majeur". Son mandat en tant que président du Sénat fut marqué par une volonté de modernisation de l'institution, avec notamment la mise en place d'une Haute Assemblée sur les relations internationales, et le lancement d'un site web. Ses fréquents voyages en Chine, Corée et au Japon, et sa rencontre avec Bill Gates en 1997 lui vaudront une reconnaissance au niveau international. Sa grande réalisation, son motif de fierté, est le parc du Futuroscope, à Poitiers, qu'il a présidé de 1987 à 2000.
Audrey Vassalli (www.lepetitjournal.com) mercredi 15 avril 2009

René Monory met tout le monde d'accord
Depuis l'annonce du décès de René Monory, l'ensemble de la classe politique s'est manifestée pour exprimer, qui sa tristesse, qui son profond respect, oubliant pour un temps les querelles politiques. Le président Nicolas Sarkozy a salué son "respect intransigeant des valeurs humanistes". François Fillon a rendu hommage à "cet exemple remarquable de réussite individuelle au service de la France". Le président du MoDem François Bayrou a salué "un élu local d'une trempe exceptionnelle", chez qui "la liberté de penser se mariait avec la force de l'action". L'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a pour sa part salué "un grand entrepreneur politique", qui aura été pour lui "un formidable exemple". De son côté, l'actuel président du Sénat, Gérard Larcher, a qualifié de "visionnaire"son prédécesseur, rendant hommage à "un homme résolument tourné vers l'avenir".
A gauche également, René Monory fait désormais l'unanimité. Martine Aubry, première secrétaire du parti socialiste, a salué la mémoire d'un "grand humaniste, un homme énergique, tourné vers l'avenir". Ségolène Royal, quant à elle, a "salué la carrière politique de cet autodidacte qui (...) accéda aux plus hautes fonctions de la République, tout en demeurant très attaché à son département". A.V. (www.lepetitjournal.com) mercredi 14 avril 2009



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