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Nouveau rebondissement dans le contrat des ravitailleurs de l'US Air Force. A la suite de la plainte de Boeing, le Government Accountability Office demande la réouverture de la compétition qui avait octroyé un très gros contrat militaire au consortium EADS Northrop Grumman
DE NOTRE BUREAU DE NEW YORK.
Coup dur pour le consortium EADS Northrop Grumman. Son contrat historique de 35 milliards de dollars avec le Pentagone pour des avions ravitailleurs est remis en jeu. Le Government Accountability Office (GAO) a en effet considéré comme valable la plainte de Boeing, en soulignant que l'Air Force avait commis plusieurs erreurs en faisant son choix. "Notre examen du dossier nous fait conclure que l'Air Force a commis un nombre significatifs d'erreurs qui ont pu affecter le résultat d'une compétition serrée entre Boeing et Northrop Grumman", indique le communiqué.
Ce contrat à rebondissements, dont l'appel d'offres initial date d'il y a plus de quatre ans et qui a été entaché de plusieurs scandales, devrait être à nouveau remis en jeu selon le GAO. Il concerne l'achat de 179 avions ravitailleurs sur une période de dix ans. Par le passé, le GAO a déjà forcé le Pentagone à reprendre certains dossiers, comme celui d'un nouvel hélicoptère dit "search &rescue", initialement remporté par Boeing. Mais son avis n'est que consultatif, et cela dépendra de l'Air Force de décider ou non de refaire la mise en concurrence. Mais elle devra s'en expliquer devant le Congrès. L'armée de l'air américaine dispose désormais de soixante jours avant de rendre une décision sur ce sujet.
"Malgré notre déception, il est important de reconnaître que l'annonce du GAO est une évaluation du processus de sélection et ne porte pas sur les mérites de notre avion. Nous soutenons notre partenaire Northrop Grumman et restons persuadés que le KC45 est le meilleur appareil pour répondre aux spécifications exigeantes de mission de l'US Air Force", a commenté mercredi Louis Gallois, président exécutif d'EADS.
Une décision saluée par Boeing
Même son de cloche chez Northrop, où l'on faisait savoir que tout en respectant le travail d'analyse du processus d'acquisition par le GAO, le groupe restait convaincu d'avoir le meilleur appareil.
La décision du GAO a été immédiatement saluée par Boeing, pour qui c'est une véritable victoire, et par plusieurs élus américains. L'attribution de ce contrat à un groupe européen, qui plus est suspecté de recevoir des aides d'Etat, avait suscité une vive polémique en pleine campagne présidentielle. En dépit du fait qu'EADS s'était allié à Northrop Grumman, l'un des plus grands fournisseurs du Pentagone. "La décision de l'Air Force était fondamentalement biaisée", s'est félicité le sénateur démocrate de l'Etat de Washington qui héberge les principales usines de Boeing. De son côté, le président du comité des Services armés au Sénat, a milité pour la réouverture de la compétition. "Non seulement nous avons besoin d'une nouvelle compétition, ouverte et juste en accord avec les recommandations du GAO mais nous devons examiner les processus qui ont mené à ce résultat faussé", a déclaré le sénateur démocrate du Michigan, Carl Levin.
En début de semaine, EADS affichait encore sa confiance, considérant son offre comme techniquement supérieure et correspondant aux obligations imposées par la loi, notamment celle de se fournir chez des industriels dont 50 % de la production est basée aux Etats-Unis.
Si Boeing devait in fine l'emporter, ce serait un très gros coup dur pour EADS, qui a multiplié depuis de longues années les ouvertures pour mieux pénétrer le marché américain. Créations d'emplois sur le territoire américain, choix ciblé des appels d'offres, liens privilégiés avec les élus. Pour le contrat Tanker, par exemple, le groupe avait promis la création de près de 1.300 emplois directs et 500 millions de dollars d'investissement en Alabama et en Virginie de l'Ouest.
Mais les chances du consortium de conserver le contrat paraissent minces vu le climat actuel. Les deux patrons civils et militaires de l'US Air Force, Michael Wyne et le général Michael Moseley, ont été contraints à la démission la semaine dernière à la suite d'un scandale résultant de la livraison erronée à Taiwan de composants de missiles nucléaires en 2006. Or, ils avaient soutenu le choix du consortium américano-européen.
Par ailleurs, l'agence Reuters affirmait mercredi qu'un document de l'US Air Force révélait qu'en corrigeant cinq erreurs dans l'évaluation des coûts opérationnels des deux avions, le coût du cycle de vie du programme de Boeing était plus avantageux de 91,8 millions de dollars sur celui de son concurrent.
Virgine ROBERT. De notre partenaire Les Echos.fr (www.lepetitjournal.com) vendredi 20 juin 2008








































