

Pendant des siècles la Louve Capitoline divisait le milieu artistique. Les dernières recherches menées sur la statue emblématique de la ville de Rome la rajeunissent de 17 siècles : elle daterait en fait de l'époque médiévale
La Louve perd ses rides
Les Musées du Capitole ont organisé, le 22 juin dernier, une journée consacrée à la Louve Capitoline intitulée "Lupa Capitolina : novità ? ". Lors de cet évènement, ont été présentés les derniers résultats des recherches conduites sur la statue par les scientifiques de l'Université du Salento. Cette sculpture de bronze, si célèbre, représente la louve qui aurait recueilli Romulus et Rémus ? les deux fondateurs légendaires de Rome ? en train de les allaiter.
Louve Capitoline, aux Musées du Capitole, Rome. Source: commons.wikimedia.org
D'après les chercheurs, la Louve Capitoline, daterait du Moyen-Age ; elle aurait été sculptée entre 1021 et 1153 plus exactement. Lucio Calcagnile, du Centre de Datation et Diagnostique de l'Université du Salento, affirme que ces derniers résultats sont surs à 95,4%. Les études visant à déterminer l'âge de la Louve avaient débuté en 1996 et ont abouti grâce à l'utilisation de techniques modernes.
Ainsi avec la spectrométrie de masse par accélérateur et la datation au radiocarbone, les chercheurs sont parvenus à déterminer ces dates. Ils ont extrait et analysé des échantillons organiques notamment ceux des restes végétaux qui provenaient des terres de fusions utilisées pour réaliser la statue. A l'issue de cette série d'examens, les données recueillies ont permis de déterminer l'âge approximatif de la louve.
La statue qui ne mentira plus sur son âge
La louve la plus célèbre de Rome a fait l'objet de nombreuses controverses pendant plusieurs siècles. En effet, depuis l'époque de Johan Joachim Winckelmann, au 18ème siècle, restaurateurs d'?uvres d'art et historiens n'ont cessé de se disputer la date de la statue. Jusqu'à peu, des estimations dataient l'?uvre de la période des Etrusques, c'est-à-dire du Ve siècle avant Jésus-Christ. Mais les derniers résultats semblent mettre tout le monde d'accord.
Selon Marco Martini de l'Université Milan-Bicocca, qui a mené une analyse de la luminescence de la terre de fusion du bronze utilisé pour la statue : "Il n'a pas été possible de définir une datation précise du bronze, et ceci est dû au manque d'homogénéité de la terre de fusion. Mais il a été possible de limiter la date de la fusion du bronze à un intervalle assez ample qui exclut la période étrusque".
De même, pour Edilberto Formigli, de l'Office de la Pierre Dure à Florence, la Louve remonte bien à l'époque médiévale. Cependant, il s'est appuyé sur des arguments iconographiques et stylistiques pour affirmer cela car les techniques utilisées pour sculpter la statue datent elles aussi au Moyen-Age. Selon lui, "La Louve est une copie de l'originale qui a été faite à l'époque de la Rome étrusque".
Le dernier à s'être exprimé sur le sujet est Umberto Broccoli, conservateur aux Beni Culturali di Roma Capitale. D'après lui, il s'agit d'un débat qui dure depuis des siècles mais une réponse définitive en ce qui concerne la date exacte ne sera jamais donnée. "Il y aura toujours une fourchette d'oscillation et aujourd'hui nous n'avons pas tellement éclairé le sujet".
Si la Louve Capitoline a aujourd'hui rajeuni de quelques siècle, le mystère plane encore quant à la statue originale qui n'a toujours pas été retrouvée.
Rosemine ABDALLAH. (www.lepetitjournal.com/Rome) Jeudi 12 juillet 2012