

Los Desfachatados de Bajo Belgrano, au carnaval 2004 (photo Gustavo Correa, extraite de Miralá que linda viene la murga porteña*)
Cette année, une centaine de murgas investiront 34 quartiers de Buenos Aires tous les week-ends de février pour une nouvelle édition du carnaval. Cette tradition portègne, qui a bien failli disparaître avec les interdictions de la dictature, fait chaque année de nouveaux adeptes, montrant une belle vitalité, même si elle est beaucoup mieux implantée de l'autre côté du río de la Plata, en Uruguay.
Dans les années 20, les quartiers commencent à s'organiser pour se forger une identité qui trouve son point d'orgue au moment du carnaval. A cette occasion, les voisins se réunissent pour sortir chanter dans les rues, déguisés et accompagnés d'instruments faits maison. Aujourd'hui encore, la plupart des murgas réunissent les voisins d'un même quartier : Los Viciosos de Almagro, Los Locos de Spinetto, Los Pecosos de Chacarita, etc. Elles ont adopté un instrument espagnol qui est devenu emblématique : le bombo con platillo, une grosse caisse agrémentée de cymbales. Auquel s'ajoutent d'autres percussions et parfois un accordéon ou un bandonéon.
Un véritable spectacle
Ce qui a plu à Verónica, l'un des piliers du groupe Los Quitapenas, c'est que la murga combine la chanson, la musique, la danse et le jeu théâtral pour présenter "un véritable spectacle artistique". Elle a participé à un atelier il y a onze ans et, depuis, n'a pas quitté la murga. Ces jours-ci, ils ont répété intensément leur spectacle, qui commence samedi 3 février. Chaque murga défilera deux ou trois fois par jour, le samedi et le dimanche, dans des quartiers différents. Los Quitapenas ont choisi cette année d'écrire une chanson se moquant de la télévision argentine. Pas de thème commun ni de thème imposé pour le carnaval : chacun choisit son pamphlet ou bien de rendre un hommage, comme le veut la tradition. Avec un trait commun : l'humour.
Le carnaval reste un moment de défoulement collectif et parodique. Si chaque murga a ses couleurs, tous les membres portent le même type de costume : queue de pie, n?ud papillon, haut de forme, gants, chaussures blanches? La danse, née de plusieurs rythmes de l'héritage noir (candombe, rumba, milonga, etc.), représente une belle performance physique et demande beaucoup de dextérité. Elle a intégré récemment des éléments de la break danse, du hip hop, de la capoeira, etc. Tels des pantins désarticulés, 15.000 murgueros défileront pour le public et le jury de la Comisión de Carnaval, qui désigne les groupes dignes de participer à la prochaine édition. Une manifestation joyeuse encore empreinte d'une grande spontanéité et qui garde ses caractéristiques populaires.
Laurence RIZET. (www.lepetitjournal.com - Buenos Aires) vendredi 16 février 2007 (article publié pour la première fois le vendredi 2 février 2007)
* Le beau livre Miralá que linda viene la murga porteña est publié aux éditions Papel Picado, Buenos Aires, 2005.
Le calendrier des défilés est publié sur le site de la ville. Le carnaval a lieu les samedis de 19h à 2h, les dimanches de 18h à minuit, plus le lundi 19 et le mardi 20 (fériés) de 19h à minuit.


































