Édition internationale

Claire Hoi, de Professeure à Entrepreneure

  

Arrivée au Cambodge il y a 5 ans, Claire Hoi ne s'était pas vraiment destinée à l'entrepreneuriat. C'est chemin faisant, en alliant son métier à sa passion, qu'elle devient co-fondatrice de l'école de musique et d'arts francophone Ocarina au côté de Rémi Pourrat, designer web de formation. Claire Hoi revient pour nous sur les enjeux de l'ouverture d'une école au Cambodge et son parcours de jeune entrepreneure.

Claire est française, née d'un père cambodgien. Elle fait des études en médiation culturelle et gestion de projets liés au droit de l'enfance. C'est en travaillant dans le secteur associatif et sur des projets d'aide à l'enfance qu'elle arrive au Cambodge il y a cinq ans. «J'ai travaillé dans une fondation ici pendant un an. Puis j'ai senti le besoin de me recentrer et de me diriger vers autre chose», nous confie Claire.

Une maison-école dédiée aux arts

Également diplômée du conservatoire en France, la jeune femme commence par donner des cours particuliers de piano à Phnom Penh. C'est ainsi que lui est venue l'idée d'un lieu où les enfants pourraient se rencontrer, échanger, faire de la musique de groupe et des ateliers. Un projet devenu réalité en 2014 avec Ocarina.

« Nous ne voulions pas d'une école classique, c'est d'ailleurs la raison pour laquelle elle se situe dans une maison en bois traditionnelle cambodgienne que nous avons rénovée. Les enfants s'y sentent bien et peuvent vraiment s'approprier l'endroit », explique la jeune femme. La surface d'environ 200m2 est aménagée en différents espaces disposés et pensés autour de la sécurité des enfants et de leur bien-être. Les matériaux naturels (bois, rotin) et la ventilation naturelle sont privilégiés.

Les locaux sont divisés en deux structures distinctes. Dans un premier temps, l'école propose des activités extra-scolaires de piano, guitare et batterie ainsi que des ateliers artistiques. Les cursus changent selon les intervenants pour assurer le renouvellement des ateliers. En ce qui concerne la musique, Ocarina suit le programme de la Fédération française d'éducation musicale.

« Le principal défi dans notre projet fut de trouver du matériel éducatif, artistique et ludique de qualité. Ne trouvant rien sur place, nous en importons une grande partie de France, comme la peinture non-toxique pour enfants, les jeux, les livres, les instruments ou encore les partitions de musique », nous confie Claire.

La seconde partie de la maison est dédiée à une micro-crèche francophone ouverte uniquement le matin et fonctionnant de manière indépendante. Des activités quotidiennes d'éveil sont proposées en art, musique, cuisine ou encore jardinage.

Pour délivrer un apprentissage de qualité, tous les intervenants et professeurs sont diplômés en France. C'est le cas particulièrement de la responsable pédagogique de la micro-crèche, certifiée du diplôme d'Etat du DEEJE*, pour répondre aux normes françaises des micro-crèches.

« Aucun d'entre nous n'avait réellement un profil de commercial »

Comme nous l'explique Claire, l'équipe se compose exclusivement de professeurs et d'intervenants, tous ayant des profils tournés vers la pédagogie. « Par contre, nous dit-elle, aucun d'entre nous n'avait réellement un profil de commercial. C'était la partie la plus difficile à mettre en place pour moi n'ayant que quelques notions de par mes études ». Les aspects administratifs, financiers et la logistique étaient pour elle relativement nouveaux.

Au fur et à mesure des années, l'école s'est développée notamment grâce à des partenariats et à l'ajout de certaines activités comme l'éveil corporel qui sera mis en place dès la rentrée prochaine. Certains enfants ne viennent que de manière ponctuelle pour assister, par exemple, aux ateliers organisés pendant les vacances. L'école compte un total de 100 élèves par année scolaire. « Certes, nous nous sommes développés mais toujours dans l'optique de rester une structure à échelle humaine », nous dit la jeune femme.

L'éducation et la formation : deenjeux majeurs

Comme nous l'explique Claire, le premier des enjeux est de proposer un mode d'apprentissage qui ne soit pas centré sur la production et la performance, mais bel et bien sur le bien-être de l'enfant, sa confiance et son expression. « Je pense que les enfants ont besoin de se sentir valorisés, encouragés dans leur apprentissage et accompagnés. Pour cela, je crois qu'un espace et des groupes à taille humaine sont essentiels », ajoute-t-elle.

Un second enjeu se rapporte directement au domaine de la petite enfance. « Il n'existe à notre connaissance aucune formation professionnalisante au Cambodge ouvrant aux métiers de la petite enfance. Les acquis se font par expérience, ce qui engendre des lacunes en matière de connaissances pédagogiques et sanitaires liées aux enfants», explique la jeune femme. Ainsi, le Jardin d'Eveil d'Ocarina a pour objectif de développer la dimension de responsabilité sociale en offrant annuellement un suivi et une formation continue couvrant les thématiques de la pédagogie, santé et sécurité en intégrant une personne à leur équipe. « Nous prévoyons par ailleurs en 2018 de mettre en place les conditions adéquates à l'accueil d'éducateurs stagiaires », conclut Claire.

*DEEJE: Diplôme d'État d'éducateur de jeunes enfants

Site web d'Ocarina

Cet article a été publié pour la première fois dans notre édition spéciale à l'occasion du 14 juillet 2017. Vous pouvez télécharger ce journal en version PDF ici.

Leïla Pelletier (www.lepetitjournal.com/cambodge) mercredi 23 août 2017

 

 

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