CINEMA- L’homme qui voulait vivre sa vie, une fable de notre temps

Racontant l'histoire d'un homme en quête d'identité, L'homme qui voulait vivre sa vie est dans aucun doute l'un des films français de l'année. Romain Duris, en personnage principal, est excellent dans ce thriller troublant

Adaptation à l'écran du livre du même nom de l'auteur américain Douglas Kennedy, L'homme qui voulait vivre sa vie a été réalisé par le Français Eric Lartigau. Un réalisateur que l'on attendait pas vraiment dans le genre du thriller car il était jusque là plus connu pour sa maitrise de l'art de la comédie avec des films comme Un ticket pour l'espace ou Qui a tué Pamela Rose ?

Une adaptation libre mais néanmoins fidèle
Si l'enjeu de faire aussi bien que l'écrivain était grand (deux millions d'exemplaires du livre ont été vendus depuis sa sortie en 1998), le réalisateur a largement gagné son pari. Contrairement au livre qui prend place aux Etats-Unis, le film plante son décor entre Paris et le Monténégro, mais la philosophie et le résultat restent les mêmes : un thriller éprouvant sur un homme en quête d'identité. Seule surprise, la fin diffère entre les deux, Eric Lartigau laissant place à l'imagination du spectateur et finissant sur une note beaucoup plus mystérieuse.

L'histoire d'un homme à qui tout semble réussir
Paul Exben a tout pour être heureux. Avocat parisien, il est marié, a deux enfants et un compte en banque bien fourni. Pourtant, si on gratte un peu cette image idyllique de la réussite parfaite, rien ne va, toute sa vie est construite sur de faux-semblants. Car ce film traite de la question des choix qui peuvent bouleverser une vie. Pour plaire à ses parents, il a en effet renoncé plus jeune à sa passion, la photographie, devenant quelqu'un d'autre, quelqu'un qu'il ne reconnait pas lui-même. Deux évènements vont venir perturber son petit univers fragile: sa patronne (Catherine Deneuve) lui annonce qu'elle va mourir tandis que sa femme (interprétée par la compagne à la ville du réalisateur, Marina Fois) décide de le quitter pour un photographe, le comble.
Mais c'est une troisième tragédie qui va faire basculer sa vie. Alors qu'il désire s'expliquer avec l'amant de sa femme, il le tue malencontreusement. Il a alors le choix : devenir un meurtrier public ou s'enfuir et commencer une nouvelle vie. Il choisira la deuxième solution, partant pour le Monténégro afin de se consacrer à sa passion de jeunesse, avec comme seul bagage un appareil photo et une image de ses enfants. C'est là que la deuxième partie du film commence. Dans la fuite, l'anonymat, la reconnaissance, la difficulté de tirer un trait sur le passé, la quête d'une rédemption.

Une histoire qui fait écho à nos propres interrogations
Pourquoi ce film ou ce livre bouleversent-ils le spectateur ? Ils en appellent aux interrogations qui agitent notre monde contemporain. Qui ne s'est jamais demandé s'il avait fait le bon choix, pris la bonne décision dans sa vie ? Faut-il choisir entre confort et passion ? Sommes-nous à la place à laquelle nous souhaitions être ? Si une deuxième chance s'offrait à nous, changerions-nous de vie tirant ainsi un trait sur le passé ? A ce titre, Romain Duris est bouleversant. Il confirme sa place parmi les meilleurs acteurs français, capable d'interpréter avec le même talent aussi bien cet homme en quête d'identité qu'un Don Juan il y a encore quelques mois dans L'arnacoeur. A ses côtés, Catherine Deneuve, Marina Fois et Niels Arestrup sont excellents.
Magali MASSA (www.lepetitjournal.com) mardi 9 novembre 2010




L'Homme Qui Voulait Vivre Sa Vie (Bande-annonce)
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